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Burning Land I (again)
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 Bizzardbizzare



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MessagePosté le: 31/10/08 20:16    Sujet du message: Burning Land I (again) Citer

Voila ce que j'espère être la version définitive de Burning Land. J'ai consacré un an a revoir en détail l'histoire et a améliorer un peu mon style de rédaction. Voila déja le premier chapitre, vu que j'ai largement plus de temps cette année pour réfléchir tranquillement, les autres devraient venir bien plus vite. Pour rappel, c'est ce qui m'a servi de background pour ma série de map BL.
Evidemment, critiques ou encouragements, tout est bon a prendre Razz


8/2/2009 : http://files.filefront.com/Burning+Land+Irec8pdf/;13246226;/fileinfo.html

Pour le format pdf

BURNING LAND I

Chapitre I

Dans une caverne teintée d’une lueur rougeâtre, un homme faisait léviter au dessus de sa main un cercle pourpre dans lequel on pouvait observer l’entrée d’une vaste excavation souterraine en pleine forêt.

La vision s’engouffra à l’intérieur de la mine. Il y apparut d’innombrables poutres de soutènements dans un grand tunnel qui s’étendait sur des centaines de mètres. Ça et là des galeries secondaires avaient été creusées, descendant toujours plus bas dans la croûte rocheuse.

Plus la vision avançait, plus elle accélérait. Des distances toujours plus grandes défilaient à toute allure dans la sphère cramoisie, montrant des boyaux titanesques où se déplaçaient des groupes entiers d’hommes, avec des soldats, des mineurs, des tentes, des convois de ravitaillement… Une population colossale vivait là, tel un avant-poste humain vers d’indicibles profondeurs, entrant et ressortant tel un flot continu d’individu. Finalement, la vision ralentit pour arriver à hauteur de celui qui faisait léviter l’orbe pourpre.

« Le monde extérieur me semble bien plus loin maintenant, Adun ».

La voix provenait d’un autre homme, à la longue barbe blanche, assis à côté du premier et d’allure vieillissante.

Adun se leva, le visage légèrement crispé.

« Il l’est trop. Et depuis longtemps »

Il serrait les dents. Il portait aussi la barbe, de couleur brune, qui, de pair avec sa physionomie, le faisait sembler plus jeune. A l’inverse, de sa posture et de son regard émanaient une sagesse plus ancienne.

Il balaya les lieux du regard et fixa son attention sur la galerie qui semblait remonter vers l’extérieur. Une lueur de détermination passa dans ses yeux, mais il ne s’exprima que d’une voix plus basse, empreinte de mélancolie :

« Mon nom commence déjà à se faire oublier. Cela fait trop longtemps que j’ai quitté Taer. Auparavant, à la cour, parler du grand Adun avait une signification. J’étais connu de tous. De la population, des nobles, du Roi. J’ai mis en œuvre des efforts pendant deux siècles pour servir cette lignée. J’ai mis en place des trahisons dans les nations voisines, j’ai organisé des guerres pour le royaume, j’ai participé à la création de l’Académie des mages, j’ai permis de conserver des régions séparatrices, j’ai été nommé Seigneur-mage du royaume, j’ai découvert les propriétés de la roche de feu… Et voilà où ça m’a mené… »

Il se rassit après un soupir.

« Je me souviendrai encore longtemps du visage de Taerenas m’annonçant que « En remerciement de vos recherches poussées sur la roche de feu, je vous confie, Adun Zerendis, la charge de la grande mine de Cavefeu. » ».

Il cracha.

« C’est ainsi que j’ai été remercié par cet hypocrite… Une mine maudite aux ressources inépuisables. Soixante ans d’excavation sous ma direction, s’ajoutant à un bon siècle de grands travaux depuis sa découverte… Un filon qui n’en finit pas. Des moyens colossaux mis en œuvre ; oui, pour la plus grande gloire de la nation… Mais pour moi… Je suis coincé ici. »

Son compagnon le regarda, s’apprêtant à prendre la parole, mais Adun le devança, d’un ton confiant :

« Inutile de me réconforter Taenil. Je ne perds pas espoir. Je ne perds JAMAIS espoir. Je sais que quelque chose va se passer. Quelque chose qui me fera redevenir le seul vrai dirigeant de Taer, au-delà de ce roi fantoche, au-delà de cette organisation d’espions arrogante, de ces conseillers ingrats… Ma vie entière a été au service des ces ordures et je prendrais ma revanche. D’une façon ou d’une autre. »

Jetant un coup d’œil aux alentours, Taenil vérifia que personne ne les entendait. Non, les mineurs étaient suffisamment loin et trop abrutis par leur tâche pour tenter d’écouter quoique ce soit de la conversation.

« Adun… Cela fait bien longtemps que nous nous connaissons et je sais que finir ici après avoir tant travaillé t’a énervé au plus haut point, mais même si le roi s’est révélé un imbécile de t’envoyer là, n’oublie pas ce que tu as obtenu pendant le reste de ton service auprès de Taer. Tu es devenu le Seigneur-mage du royaume, l’homme le plus influent après le Roi lui-même ! Tu avais une aura inégalée dans les cours des autres pays, auprès des peuples de n’importe quelle nation ! »

« Et tout cela je l’ai perdu ! » répliqua-t-il sèchement.

Taenil leva les yeux au ciel avant de reprendre.

« Oui. Mais ton heure viendra. Taerenas n’a pas de descendant. Il finira bien par mourir et à ce moment-là, tu seras libéré de tes obligations. »

« J’ai encore de sérieux opposants à la cour, mon vieil ami, tu le sais autant que moi. Même parmi ceux que j’ai moi-même placé aux postes qu’ils occupent… Là bas, je ne peux plus compter que sur ma petite Enshina. Toi… tu es ici, condamné avec moi. Le temps que je puisse revenir là haut, suite à la mort de ce vieil imbécile de Taerenas, ils lui auront trouvé deux douzaines de descendants ou de parents proches. »

« Ah ah, oui, je m’en souviens. L’actuel régent de la capitale entre autre. Nous avions magistralement trompé la Ligue des Espions pour le placer là ! »

Adun afficha un léger sourire.

« C’est vrai. Je me suis particulièrement délecté de cet instant où le roi a nommé Malthern comme régent à la place de leur protégé. Et tout ça avec juste quelques échanges de documents ! »

Il attendit quelques instants à rassembler ses souvenirs avant d’être ramené à la réalité, ce qui lui fit retrouver sa mauvaise humeur et son ton sec :

« Mais c’est fini maintenant. Il n’a pas fallu longtemps avant que Malthern comprenne que je ne l’avais placé là que par intérêt. »

« Peu importe, de toute façon tu n’as plus besoin de lui. »

L’ancien second du royaume fit une moue dubitative.

« Il y’a quelques mois encore, j’aurais pu me débarrasser de Taerenas, lorsqu’il se trouvait à l’Académie. Enshina n’aurait eu aucun mal à cela mais…. Non, les risques étaient trop grands pour elle. Et maintenant, protégé comme il l’est dans le château royal, c’est impossible. Donc je suis piégé ici en attendant qu’un miracle se produise. Mais je sais qu’il va se passer quelque chose. J’en suis convaincu. »

Il plongea son regard dans la caverne, observant les supports de la cavité, les mineurs qui défilaient avec leurs chariots, les torches installées partout, les quelques soldats plus loin qui discutaient, surveillant eux-mêmes l’extraction de la roche.

Il allait reprendre, mais le regard des deux hommes fut attiré par une scène en contrebas de leur position : un mineur refusait catégoriquement de poursuivre l’extraction et s’adressait avec inquiétude au contremaître.

« Je vous assure ! Regardez le rocher devant moi ! Il est fissuré, il a du mal à rester debout ! Si on frappe encore dessus il va y’avoir un effondrement ! »

Le surveillant considéra à peine l’ouvrier avant de lui lancer :

« Je t’ai dit de creuser, alors tu vas creuser ! »

Résigné, le mineur reprit sa pioche, regardant avec inquiétude le bloc de pierre fissuré de part en part. Il s’exécuta et donna un coup dans la roche.
Le rocher ne supporta pas le coup. Il finit complètement de se craqueler puis commença à s’effondrer en plusieurs morceaux, laissant un bloc principal encore solide qui se pencha vers eux. Mais, soudainement, il bascula en arrière, soulevant un très large nuage de poussière, libérant un conduit.

La poussière mit quelques instants à se dissiper. On pouvait apercevoir une ouverture, une salle, peut-être plus, derrière l’endroit où avait disparu le bloc de pierre, qu’on entendait rouler encore et encore. Le contremaître fit quelques pas en avant, alors que la visibilité était presque entière… Mais Adun l’empoigna au col et le rejeta en arrière brusquement, entrant le premier dans l’espace vide.

Il resta immobile quelques secondes avant de tourner la tête dans chaque direction. Les autres hommes et Taenil le rejoignirent, suivis par un flot de curieux. Ils restèrent à leur tour figés.

Sous leurs yeux s’étendaient une immense cavité, éclairée par une roche légèrement lumineuse, aux reflets rougeâtres ainsi que par d’innombrables es écoulements de lave. Il ne s’agissait pas d’une simple cave : tout autour du promontoire où ils se trouvaient, s’étendait un véritable monde souterrain dont les limites semblaient indicibles. Mieux encore, des formes de vie semblaient exister là : des créatures volantes survolaient des forêts de champignons géants, des choses émergeaient tout à coup des lacs ardents, et çà et là semblaient se dresser au loin d’importantes bâtisses.

Tous les hommes étaient choqués par cette découverte, ils restaient là à contempler tout ce qu’ils pouvaient voir. Tous, sauf Adun. Il observa l’environnement d’un air grave, puis cria :

« AJAR BARENHOLD ! »

Les hommes sortirent de leur torpeur, et le susnommé sortit des rangs rapidement pour rejoindre le sorcier.

« Oui, Seigneur-Mage ? »

«Capitaine, vous allez immédiatement remonter à la surface, et expliquer à Taerenas que nous avons fait une découverte majeure. Je demande le triple des ressources déjà affectées à l’exploitation. Je veux des matériaux de construction en nombre. Qu’il fasse venir les familles des mineurs et quelques corps de militaires pour encadrer tout cela. S’il demande une justification, demandez-lui d’attendre une semaine environ, il me faudra du temps pour pouvoir établir une liaison magique entre ici et Taer, et je ne pourrais remonter à Verenath. »

« Oui… Oui Seigneur-mage. »

Ajar s’exécuta sur le champ, pendant qu’Adun réclamait déjà un autre officier. Il continuait à hurler des ordres, demandant les déplacements de tant d’hommes, de matériaux depuis telle partie de l’excavation…
Pendant qu’il remontait vers le premier établissement humain doté d’écuries dans Cavefeu, Ajar pensait à la chaleur qui montait. Oui, cette « nouvelle » terre était brûlante.

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Il ne fallut pas longtemps avant qu’une véritable organisation humaine soit mise en place. Sous la tutelle féroce d’Adun, les mineurs avaient été répartis à diverses tâches et toutes les ressources affectées à la mine furent consacrées à la construction de ce qui était d’ores et déjà appelé Cavenfer.

Le nom du campement fut inspiré aux mineurs dès le début de leur installation : il régnait une chaleur atroce qui empêchait tout travail durant plus de quelques minutes. De même, les soldats se résignèrent rapidement à ne plus porter leurs armures. Couronnant ce tableau peu favorable pour les pionniers, l’inexistence de cycle jour/nuit provoquait une fatigue chronique.

Mais au milieu de cette inhospitalité se dressait un Adun à la fois tonitruant et rayonnant. Assisté de Taenil, le Seigneur-Mage insufflait une fougue chez les colons et en tant que successeur désigné du Roi, il ne recula devant aucun des ordres qu’il eut à lancer. En premier lieu, il chercha à établir un pouvoir incontestable, basé sur l’omniprésence des sorciers, plus proches du Seigneur-Mage qu’aucune autre classe du royaume.

Aidé de son compagnon, Adun surveillait la trentaine de travailleurs autour d’eux, réfléchissant aux moyens de contrecarrer les caprices de la nouvelle terre. Déjà le problème de la chaleur avait été réglé grâce aux enchantements d’hydratation que les mages apposaient sur les mineurs. De même, ils géraient l’intendance et supervisaient les travaux, aidant de leurs sortilèges pour accélérer les constructions.

Les premières ébauches du campement furent posées en quelques dizaines d’heures. Au départ, il ne s’agissait que de tentes grossières qui ne changeaient pas grand-chose à l’état de vie des pionniers : La toile légère laissait passer la rougeur permanente des terres ardentes.
Le campement était en effervescence permanente : Depuis le promontoire d’où les humains étaient arrivés on faisait descendre les minerais extraits, ou les matériaux comme le bois qui devaient originellement servir aux supports des tunnels de la mine. Parfois, pour pallier au manque criant de ces matériaux, on laissait s’effondrer une galerie de moindre importance.

Bien que curieux, les pionniers ne dépassaient pas le périmètre établi, c'est-à-dire tout ce qui était visible depuis le bas du promontoire. Cela constituait un champ de vision somme toute assez restreint, étant donné la constitution du terrain, qui possédait de nombreuses collines abruptes, ou de bosquets de plantes étranges.

Le sol était rêche, et peu agréable à fouler. L’air, bien évidemment, était sec. Malgré l’excitation de la découverte, le travail incessant et l’ambiance dégagée par ce nouveau monde provoquait une certaine inquiétude chez les hommes. Cependant, ils se réjouissaient d’ores et déjà d’échapper à leur ancienne condition de mineur, et de pouvoir retrouver une véritable vie comme auparavant. Aussi, même si il était forcé et difficile, le travail était accompli avec bonne volonté. Certains s’imaginaient parmi les futurs Puissants de cette nouvelle terre ; arrivés avant tous les autres et comptant profiter de cet avantage, d’autres pensaient simplement exercer un métier plus calme ; comme artisan ; mais pour tous, l’heure était à la fondation de ce monde.

Quelques bêtes sauvages s’approchaient curieuses du campement de temps à autre, principalement des insectes géants ressemblants à de vagues scorpions, qui furent baptisés Scolopendres par un des mineurs. En dépit de leur apparence, ces créatures n’étaient pas agressives et retournaient à leurs occupations habituelles, disparaissant dans les landes après avoir observé les humains un court laps de temps.

Le responsable de l’aménagement des lieux était un vieil homme chauve et courbé nommé Hollman. Grinçant des dents et renâclant à chaque fois qu’on menaçait de prélever des matériaux supplémentaires dans les galeries dont il avait lui-même géré l’échafaudage, il semblait avoir un malin plaisir à étaler partout ses plans d’architectures qu’il utilisait depuis son affectation à la mine.

Il patientait au beau milieu des quelques tentes et des premières pierres éparses qui constituaient les fondations des bâtiments de la future colonie, aux cotés du Seigneur-Mage et de son compagnon.

Adun scruta les plans, et marmonna :

« Le sanctuaire des mages… Ce serait le même qu’à Verenath. »

Une fois chevrotante mais pleine de détermination lui répondit :

« Pour sûr monseigneur. Depuis quarante ans que je fais des plans, moi, et que c’est jamais que ceux là qui furent le mieux. Mais je vous le dis, on aura jamais assez de matériaux pour construire quelque chose d’autre ici. »

Le sorcier réfléchit quelques instants.

« Le roi me fera confiance. Il enverra ce dont nous avons besoin. »
Hollman se gratta la tête en tentant de se remémorer le caractère du souverain.

« Ah, ça oui, il est assez bougrement généreux. Mais allez pas dire que c’est toujours moi qui suis ici à construire tout ce bazar. Les Maçons de Taer m’aiment guère, ils seraient capables de bloquer tout le trafic de chaux juste pour embêter le Lauréat du Roi. »

Le vieil homme ricana, imité peu après par Adun. L’architecte aimait souvent rappeler qu’il était presque en guerre ouverte avec la grande confrérie des architectes du royaume pour, du temps de sa jeunesse, avoir gagné le concours organisé par le souverain, en dépit des moyens colossaux qu’avaient utilisés ses rivaux, et particulièrement Les Maçons. En vérité, il tenait plus sa victoire à ses défauts d’aujourd’hui qu’à autre chose, proposant des plans classiques, conservateurs, la ou les autres s’étaient évertués à tenter d’innover – et Taerenas n’appréciait guère toutes les idées novatrices qu’on lui proposait. Il rabâchait amèrement que son prédécesseur, Taeren, avait voulu faire progresser la nation, mais n’avait obtenu que le règne le plus désastreux de la dynastie. Quitte à puiser dans des idées et techniques datant de près d’un siècle, celui de Taerevath, son grand père et le plus légendaire de tous les dirigeants du royaume, Taerenas avait accueilli avec grand-joie la proposition de ce débutant d’alors, le rendant par là même l’ennemi de tous les grands noms de l’architecture de Taer. C’était également pour ça qu’Adun, trente ans plus tard, avait réclamé son affectation à Cavefeu : l’indépendance vis-à-vis de toute structure ou organisation plaisait éminemment au Seigneur-Mage.

Celui-ci estimait qu’il faudrait encore une bonne semaine à Ajar Barenhold avant de parvenir à la capitale de Taer. Pendant ce temps, malgré les limitations matérielles, il fit envoyer quelques expéditions de reconnaissance, au-delà du maigre territoire facilement visible depuis le promontoire dont ils étaient sortis.

Les éclaireurs revinrent avec des informations nombreuses sur les alentours : La vie y était bien présente et organisée selon les règles des lieux. Si la majorité des créatures craignaient la lave, elles étaient adaptées à une intense chaleur. Les terres étaient d’une géographie variée, des lacs de feu aux montagnes déchiquetées, ou des forêts de champignons géants ou s’entrecroisaient des lianes fongiques. Ces derniers possédaient un organisme assez différent des champignons des terres extérieures : Leur « tige » était réellement solide, équivalente au bois des forêts de Taer, et résistante aux flammes. Leur sommet, par contre, était bien plus mou et renfermait nombre de spores, à première vue nocives pour la santé humaine, mais les créatures autochtones y semblaient insensibles.

Les premières installations furent mises en place en prenant les ressources anciennement affectées à l’excavation, et à tout les stocks restants, découlant des travaux des années passées.

Le problème de la nourriture se posa après une soixantaine d’heures. Il y’avait de quoi nourrir les hommes pendant une semaine, mais si l’on voulait établir une société durable, il fallait puiser dans les stocks disposés dans toute l’excavation, ce qui incluait de la vider de tout ses mineurs, contremaîtres, mages et militaires en faction. Mais, en considérant la taille de la mine, et le fait que les stocks finiraient par diminuer, quelques téméraires décidèrent de partir à la chasse dans les forêts de champignons.

C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent à gravir le versant d’une colline couverte de pousses fongiques, à six, tous vêtus de tuniques légères et seulement armés d’arcs. Dépassant le sommet, quelques grands spécimens de la végétation locale semblaient observer la troupe. Champignons colossaux, ronces rougeâtres et bosquets aux branches tentaculaires s’entrecroisaient pour former une flore des plus exotiques. (développer)
Il y’avait la une vaste diversité des formes de vie du règne animal, alors que les plantes, hormis ces trois types dominants, semblaient peu différer. La réaction des bêtes variait : non habituées à la présence des humains, les plus grosses se laissaient approcher sans remarquer ces nouveaux arrivants tant qu’ils ne les dérangeaient pas ; quand aux plus petites, lorsqu’elles parvenaient à les repérer, elles prenaient la fuite. Les chasseurs découvraient cette myriade de créatures avec étonnement. Si les plus petites étaient peu aptes à se défendre, les plus grandes, qui broutaient le tapissage de petits champignons lorsque herbivores, chargeaient les humains avec détermination au moindre geste menaçant, mais succombaient face aux flèches enchantées que possédaient les chasseurs. La plus grande partie des espèces volantes appréciait les spores laissés par les champignons géants, et s’en nourrissaient allègrement. La taille des espèces vivantes connues par les humains dans les Terres extérieures semblait inversée ici : Les papillons des spores par exemple étaient de grandes bêtes dépassant le mètre de longueur, mais dont les ailes étaient plus fermes, et portaient des pointes aux extrémités. Il ne s’agissait à priori pas d’insectes comme leur nom pouvait le laisser supposer, mais leur apparence était semblable. D’autres bêtes étaient complètement inconnues, comme des sortes de salamandres, de taille largement plus considérable que leurs pendant des terres extérieures, dépassant la taille d’un homme, mais qui possédaient également des caractéristiques s’accordant à l’ambiance générale : Elles étaient rouges, cornues, à la peau écailleuse. Le point commun le plus répandu entre toutes ces créatures étant évidemment la pigmentation rouge de leur peau, mais à vrai dire pas grand-chose ne dénotait de cette couleur dans les terres ardentes, hormis les humains et la lueur des flammes.

Le premier du groupe, un quarantenaire svelte dont les cheveux humides de sueur collaient à la tête, désigna une espèce de quadrupède malingre au long museau fin, qui ne semblait pas porter le moindre intérêt à l’équipe, se contentant de creuser la terre.

En quelques secondes, les flèches prirent leur essor, laissant la créature gisant au sol dans une flaque de liquide vermeil.

Le chef s’approcha du cadavre et lorgna le fluide, avant de déclarer :

« Du sang. »

« Qu’est ce que t’en sais ? »

La contestation venait du plus petit des chasseurs, un courtaud d’allure bonhomme, qui se dirigea à son tour vers la chose morte.

« J’en sais que j’l’ai déduis Jurgot. »

« T’en as déduis, t’en as déduis, si ça c’est du poison, t’auras pas l’occasion de déduire encore. »

L’autre fronça les sourcils.

« On le ramène. Doit pas y’avoir grand-chose dessus, mais ca sera toujours mieux que rien. »

Jurgot intervint à nouveau :

« J’préfère pas le porter… Y’a trois fois trop de liquide la. Puis il est pas rouge, plutôt violet. Et y’a plein d’espèces de spores qui coulent dedans. Ca s’attaquerait à la peau que ça m’étonnerait pas. »

Cette remarque ne fit qu’agacer le chef :

« Dangereux, dangereux, on est venu pour chasser et ramener des bestiaux. Tu crois pas qu’on va le laisser pourrir là, tiens ? »

De carrure plus imposante et d’un visage plus creusé que Jurgot, un autre membre de l’équipe parla à son tour :

« Hagg, Jurgot à raison : On connaît rien de l’endroit, on sait pas ce qui nous attend et toi tu fonces sans réfléchir. »

Hagg lui cracha presque à la figure :

« Oh, ça va les Mendren, vous allez pas commencer à tout contester. C’est moi le chef ici, c’est moi qui commande. »

L’homme se pencha pour porter le cadavre inanimé de la créature, pendant que le grand Mendren répondait :

« Tu nous excuseras d’avoir perdu une sœur encore jeune parce qu’elle était curieuse de voir le goût qu’avaient les champignons dans le jardin du voisin. »

Ayant empoignée la chose et la portant devant lui, percée de ses plaies toujours suintantes de ce fluide pourpre, Hagg la brandit et, sans faire plus attention aux paroles des deux frères, plongea sa main libre dans une des blessures et la retira couverte du liquide vermeil, uniquement pour la sucer goulument, pour finir par se répandre en invectives :

« Voila ! C’est moi qui commande ! Et pourquoi ? Parce que j’ai ce qu’il faut, moi ! Du cran ! C’est ce qu’il vous manque vous deux, et c’est pour ça que c’est moi qui ait été nommé le gus en chef de l’équipe, parce que c’est moi qui ait eu le cran d’aller ici ! Et c’est pour ça que quand on rentrera je serais nommé grand gus en chef, et que vous vous… »
Il tenta de continuer à parler, mais ne parvint plus qu’à émettre un souffle presque inaudible, avant de se saisir la gorge à deux mains et de s’effondrer à terre.

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Malgré l’incident, beaucoup de créatures furent abattues pour servir de repas, dans l’espoir d’en trouver quelques unes de comestibles. Au départ, on voulut faire cuire leur viande mais celle-ci supportait la chaleur des flammes et on du faire appel aux mages, qui, comme les savants, réclamaient certains cadavres pour les étudier et établir la liste de chaque espèce existante dans ces lieux.

Comme en écho au sinistre exemple que semblait être la mort de Hagg, la consommation de ces bêtes ne fut pas toujours sans effet. Malgré les avertissements de quelques colons inquiets, des hommes furent pris de soudaines inflammations de la peau, de faiblesse chronique, ou périrent empoisonnés. On attribua pour la moitié d’entre eux une réaction aux spores des champignons, qu’ils avaient ingérés, puisque ces spores faisaient partie de la nourriture, directement ou non, de la plupart des bêtes traquées.

En dépit de cela, un duo résolu poursuivit la traque. Ils décidèrent de chasser plus loin, hors des forêts de champignon, trouvant là du gibier comestible, principalement constitué d’espèce de quadrupèdes cyclopéens écailleux, qui rappelaient vaguement des chiens. Tout comme la couleur rouge, les écailles étaient une caractéristique très répandue chez les formes de vie autochtones.

Ce duo était constitué de deux frères âgés d’environ une quarantaine d’années. Anciens militaires, réincorporés dans le personnel de la mine comme ravitailleurs par la suite, les « Frères Mendren » comme on les appelait furent montrés comme exemple pour inciter la population à continuer la chasse.

Rapidement, les humains rencontrèrent une race d’humanoïdes primitifs, légèrement voutés, le visage long, gris et dont la forme les faisait paraitre sempiternellement tristes, leurs lèvres et leurs regards semblant peiné. Leurs mains ne comportaient que deux doigts mineurs et un considérablement plus grand que les autres, de même pour leurs pieds. Leur corps, encore une fois, était écailleux et strié de veines rouges. Il s’agissait d’une race en apparence intelligente, organisée en tribus de quelques dizaines d’individus, dans des huttes primitives construites à partir de bouts de champignons géants et des tiges de certaines plantes qui poussaient près des lacs de lave, qu’on pouvait vaguement apparenter aux roseaux. Ils parlaient dans une langue incompréhensible par les humains, mais que certains mages étaient persuadés pouvoir comprendre, via leurs sortilèges, il leur fallait juste un peu de temps, d’observations et d’incantations disaient ils.

Un des mineurs se rappela d’un vieux conte qui décrivait des créatures à l’aspect semblable. Il ne savait plus très bien quel était leur nom, mais il lui semblait que cela ressemblait à Ash’laru. En attendant de trouver un nom plus sûr à cette peuplade, la population s’accorda à les désigner ainsi.

Tout d’abord, ils fuyaient à l’approche des humains. Quelques jours après, ils les examinaient, à distance. Les hommes entrèrent dans leurs villages, composés de huttes primitives. Il ne s’agissait pas d’une civilisation avancée, et les rapports restaient pacifiques, pour peu que l’on puisse ainsi qualifier cette situation de cohabitation muette.

Mais au bout d’un certain temps, la suspicion, la méfiance furent de mise : Des explorateurs humains étaient rapportés manquants. On suspecta les Ash’laru, qui restaient désormais dans leurs villages, même à l’approche d’une troupe d’humain, les fixant de leur regard vide. Mais ces explorateurs n’étant, au fond, rien d’autre que de simples mineurs, Adun ne jugea pas nécessaire de lancer des recherches. Il s’agissait probablement de désertions, et l’hostilité de ces terres ne laissait que de négligeables chances de les retrouver vivants. Le Seigneur-Mage escomptait que la curiosité humaine soit naturellement supérieure aux quelques horreurs que les fuyards pourraient raconter pour justifier leur départ, et qu’elles seraient aisément contrebalancées par les récits de gloire et de richesse qui émaneraient bientôt de la nouvelle terre. Il en était persuadé. Et si il s’agissait des Ash’laru, il serait toujours temps de les exterminer plus tard. Pour l’instant, ils poussaient les pionniers à rester proche des terres connues, leur rôle était idéal.

Malgré cela, la vie continuait, et les humains commençaient à s’établir fermement dans les Terres Ardentes. En une dizaine de jours, aidés par la planification mesurée du Seigneur-mage, secondé par Taenil à l’intendance et la dizaine de sorciers disponibles, le groupe de colons, dont le nombre ne cessait d’augmenter, avaient délimités leur parcelle de territoire. Les Ash’laru migrèrent instinctivement par peur de ces étrangers, redoutant des conflits armés, renforçant en même temps la méfiance des pionniers.

Cavenfer commençait à prendre forme, l’entrepôt avait été inauguré : Il n’était constitué que de trois petites salles, élevé seulement à partir de pierre grise et de bois, mais c’était un accomplissement des colons, et ils en étaient fier. Il se trouvait non loin du bas du promontoire, presque adossé à la falaise.

A quelques pas de la s’édifiait au fur et à mesure le Sanctuaire des Mages, que les sorciers commençaient déjà à infuser de leurs enchantements. C’était un lieu très important dans le futur, car il servirait de moyen de contact avec Taer : Les mages pouvaient tisser des lignes magiques entre divers points du monde, qui permettaient de créer une représentation plus ou moins fidèle de chaque personne qui passait à proximité du point en question, et de transmettre leurs paroles. Cela pouvait aussi servir pour faciliter des invocations, ou des téléportations, mais il fallait alors utiliser un objet profondément infusé d’évocations diverses, qui prenait très longtemps à créer, en plus d’une somme d’efforts considérable. L’infusion consistait à placer une certaine énergie magique dans un objet, qui était réutilisée par la suite. Les lignes magiques drainaient une partie de cette énergie à chaque activation pour communiquer avec l’autre point, et, si le sortilège avait été correctement réalisé, le drainage était équivalent de chaque coté, et s’équilibrait, n’obligeant à entretenir les lignes que très rarement.

Malgré le travail des ouvriers autour de lui, et les divers objets volants que des mages faisaient léviter, Adun avait commencé à créer les premiers embryons du sortilège, pendant que Taenil s’était rendu au dernier point de la ligne créé dans Cavefeu. Même si il ne se trouvait qu’a quelques heures de Cavenfer, il était d’un intérêt évident de disposer de cette possibilité directement à l’intérieur de la future capitale humaine des Terres ardentes.

Enfin, bien plus éloigné du promontoire que les deux précédents bâtiments, se trouvaient les fondations du Palais. Le Seigneur-Mage prévoyait que la colonie gagnerait une importance considérable en taille et en population, aussi préférait-il installer le siège de son pouvoir le plus près possible du futur centre-ville. De toute façon, il comptait bien gérer la construction de chaque édifice de sorte qu’il en soit ainsi, et séjourner près du passage quotidien de centaines de personnes qui voyageraient entre la ville et le promontoire ne lui plaisait guère. Pour l’instant, le Palais ne se résumait qu’à quelques murs, mais une fois le Sanctuaire fonctionnel, il voulait que sa construction soit la plus rapide possible ; autant parce qu’il voulait que sa gloire commence à resplendir le plus tôt possible, que parce qu’il ne supportait pas de passer le peu de sommeil qu’il s’autorisait, dans des tentes simplistes, et à proximité du plus rustre des manants.

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Les fondations de la colonie se mirent en place ainsi pendant une dizaine de jours durant lesquels l’activité ne fit que s’accroître, de concert avec le nombre de mineurs que l’on faisait descendre de Cavefeu. Au vu du peu de difficulté à maintenir l’ordre, Taenil décida de charger certains soldats d’occupations d’importance mineures, pour parer à l’augmentation incessante du travail de gestion que lui et Adun avaient à affronter. Il chercha parmi eux les plus compétents dans ce domaine, déchargeant quelques un de leur tâche militaire pour garnir la première vague de fonctionnaires de l’administration de Cavenfer.

Il marchait à proximité des fondations du donjon, d’où les premiers murs pointaient. Autour de lui s’agitait une foule disparate qui lui prêtait peu d’attention. Taenil appréciait cela, car ; bien que vieil ami et plus fidèle conseiller du très spectaculaire et tonitruant Seigneur-Mage, il préférait lui-même rester discret dans le grouillement humain. Toutes ses implications directes dans les affaires d’Adun avant l’arrivée dans les Terres ardentes s’étaient réglés le plus subtilement possible, il ne s’était pas réclamé de grand-chose. Et finalement, son rôle d’homme de l’ombre était plaisant. Malgré sa présence à ses cotés, les ennemis traditionnels de l’ancien second homme de Taer accordaient un peu de crédit à ses paroles. Il repensa à ses anciennes relations amicales que lui avaient values son calme et sa discrétion, principalement dans l’Académie des mages. Il regrettait presque cette période ou il jouait un passionnant double-jeu entre son rôle de Grand Bibliothécaire, proche du vieillissant Recteur, dont il était un confident et ses rapports périodiques à Adun, pour que celui-ci parvienne finalement à faire main-basse sur la version originelle de l’ouvrage de Taerevath, grand-père de Taerenas, l’actuel Roi. Même aujourd’hui, le Recteur ne devait pas savoir qu’il l’avait trahi.
Il eut un petit pincement au cœur. Bien qu’il fût fortement aigri, chose qui n’avait certainement pas du s’arranger avec les années passées, le Recteur demeurait un brave homme qu’il appréciait. Mais Taenil était plus que tout dévoué à Adun.

La chute d’un objet le sortit de sa rêverie. C’était un marteau qui venait de tomber à coté de lui. Il jeta un coup d’œil en l’air, apercevant un ouvrier qui s’excusait, perché sur un échafaudage. Taenil hésita à utiliser un sort pour lui renvoyer son outil ; il n’utilisait que très rarement la magie. Malgré son passé important dans les institutions des magus de Taer, il n’avait pas pour habitude d’incanter pour un si petit problème. Avant qu’il n’ait fini de réfléchir, un soldat ramassa l’objet et le lança à l’ouvrier, qui le rattrapa et se remit à sa tâche, en s’excusant maladroitement, manquant de tomber à son tour.

Remarquant Taenil, le militaire le salua.

« Oh, bonjour Monsieur! »

« Oui, bonjour soldat. », répondit le mage, distraitement, repartant dans ses pensées, un peu fâché que finalement on le reconnaisse.

Le soldat, visiblement gêné, hésitant, lui adressa à nouveau la parole, alors que l’ancien bibliothécaire reprenait sa marche.

« Euh... monsieur ? »

Sortant encore de sa rêverie, il se concentra sur son interlocuteur.

« Oui, pardon, vous désiriez…? »

Un peu plus sûr de lui, le soldat se fit plus loquace :

« Je… j’ai vu que vous faisiez utiliser la roche de feu pour construire le Sanctuaire. Hors, j’ai pu voir les plans, et c’est une copie conforme de ce qu’on a à Verenath. Qui, elle, est en pierre. »

Taenil réfléchit un instant en passant la main dans sa barbe.

« Oui, je crois que Hollman, enfin, le responsable de la construction m’a dit ça. Ce sont bien les mêmes plans. »

« Pourtant, la roche de feu est un matériau qui adhère mal au mortier classique, enfin, celui créé avec la chaux des carrières de l’est de Taer, et, en m’occupant du transport de ces mêmes matériaux, j’ai vu que vous, pardon, le responsable, ou quiconque, avait négligé ce détail, et…»
Il s’interrompit, légèrement intimidé par le mage, puis conclut en reprenant son assurance :

« Et c’est mauvais. C’est un gâchis de ressource et au final, je ne suis pas sûr que le bâtiment supporte le tout. Et puisque c’est une reprise de celui de Verenath, j’ai constaté des défauts architecturaux à l’intérieur de l’original ; par exemple, il y’a un nombre excessifs de colonnes de support dans certaines salles qui encombrent inutilement, alors qu’on pourrait réduire la charge de… »

Taenil le stoppa, le regardant dans les yeux.

« Vous êtes architecte ? »

« Je l’ai été… Puis un de mes concurrents à organisé un procès truqué contre moi, me faisant tout perdre. Sans trop savoir quoi faire, je me suis engagé dans les troupes royales et j’ai été affecté ici. »

Le sorcier resta sceptique quelques instants. Ça ne lui plaisait guère d’entendre des histoires de procès, mais d’un autre coté, l’homme en face de lui semblait honnête, et il s’était rarement trompé dans ses jugements. Par ailleurs, il ne devait pas avoir la quarantaine, peut-être environ trente cinq ans. Au maximum. De plus, il n’appréciait guère ni Hollman, ni aucun autre des architectes de la colonie, qui n’étaient qu’un reliquat de vieux croulants parmi ceux ayants été affectés à la mine, et qui se bornaient à réutiliser les mêmes plans de construction. Il pouvait placer un homme plus jeune et sûrement plus entreprenant, qui avait tout à gagner ici, et qui lui semblait honnête. Pourquoi attendre que les terres extérieures en envoient de nouveaux alors qu’il disposait de quelqu’un qui semblait suffisamment capable ?

« Accompagnez-moi quelques instants, j’aimerais que nous discutions, monsieur… ? »

« Empforth. Harman Empforth. »

« Nous avons besoin de sang neuf ici, et je pense que le Seigneur-mage sera sûrement d’accord avec moi. Je trouve qu’il nous faudrait un superviseur pour la construction de cette colonie, et il y’a une place de Chef Architecte qui est libre… »

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C’est à la fin de cette dizaine de jours, dans la première salle achevée du Sanctuaire des Mages de Cavenfer, grâce à l’aide fournie par Empforth, qu’Adun put entrer en contact avec Taerenas, après deux éprouvantes heures passées à tisser les lignes magiques.

Les murs en marbre gris étaient ornés de signes runiques émettant une lumière bleuâtre. Une torche était disposée à chaque angle de la salle, illuminant à peine la pierre qui signalait le nœud de lien des courants magiques. La porte, malgré ses lourds battants en bois massif laissait entendre les bruits du chantier qui continuait dehors.

L’image du souverain apparu après quelques imprécations. D’abord une sorte de boule bleue, qui se transforma ensuite en une théorie de corps humain avant de représenter presque fidèlement le monarque. Le visage restait flouté, mais on le devinait frappé par l’âge. Adun s’inclina.

« Monseigneur. »

Taerenas répliqua, d’une voix douce, dont les intonations étaient néanmoins déformées par l’imprécision du sortilège :

« Adun Zerendis ! Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas entendu parler de vous à la cour. »

Guère étonnant. Nombreux doivent être ceux qui s’en réjouissent.

« J’espère ne pas trop attirer l’attention de tout ces nobliaux et intrigueurs, mon roi. Je vous ai fait mander pour confirmer les dires de mon envoyé, Ajar Barenhold. »

« Ils sont pour le moins… surprenants. Qu’avez-vous donc découvert en réalité, Seigneur-Mage ? »

« La voie pour que Taer resplendisse à nouveau, sire. Une terre vaste et à la vie sauvage diversifiée, aux ressources incalculables. Un monde souterrain, sire, dont nous sommes les seuls à avoir l’accès. »

L’image du monarque renvoya un sourire.

« Zerendis, j’ai entièrement confiance en vous. Et je sais maintenant que j’avais raison d’écouter tous ceux qui vantaient votre mérite comme gouverneur de Cavefeu. Pour peu que cette terre réponde à mes attentes, j’accèderais à chacune de vos requêtes, pour peu que vous me gardiez informé. Je veux des rapports fréquents et détaillés, Seigneur-Mage. »

« Bien sûr, votre royauté. Tout cela est indispensable pour que Taer puisse profiter pleinement des richesses que je vais lui offrir. »

Il n’a guère changé. Dussé-je lui annoncer que les déserts du sud renferment l’avenir de la nation qu’il y expédierait un régiment.

« En ce cas, soyez sûr que votre Barenhold reviendra dès que possible à la tête de tout ce dont vous pourriez avoir besoin. Pour tout cela, je m’abstiendrais de convoquer mes ministres. Ces grincheux trouveraient à y redire. »

« Je suis honoré de votre confiance, mon roi. J’ose également vous demander des hommes, civils et militaires, canailles ou bourgeois. Nous ne sommes qu’une poignée, et je crains que nous ne devions arrêter l’exploitation de Cavefeu pour construire Cavenfer. »

« Au diable la mine, Seigneur-Mage. Prélevez-y ce qui vous plaira. Les cailloux ne s’en iront pas. Vous avez mon accord. Vous êtes le second du royaume, et je suis comblé que le second revienne enfin aux cotés du premier. »

« M’affecter à cette mine aura été une idée lumineuse monseigneur, cette découverte en elle-même est gage de ma présence. »
L’image du roi sembla adopter un visage fier, bien qu’Adun hésita à qualifier ainsi l’expression qu’il apercevait, floutée par le sortilège.

« Eh bien dans ce cas, Adun Zerendis, faites de votre mieux pour que cette nouvelle terre resplendisse sous les armes de Taer. Je viendrais moi-même, dès que la région se prêtera à ma venue. Ou dès lors que je sentirais que l’heure est juste. Ou encore que les richesses dégagées auront été suffisantes. Ou lorsqu’il sera temps d’y consacrer des églises. Enfin, tout du moins, mes sujets ne m’oublieront pas. Je viendrais, tôt ou tard, et j’espère pouvoir alors vous féliciter de votre travail ! La nation est derrière vous Zerendis ! »

Imbécile.

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Pendant deux mois, les Humains s’établirent solidement dans les Terres ardentes. Cavenfer commençait à compter plusieurs bâtiments solidement édifiés. L’administration était à ses balbutiements, et le ravitaillement, en hommes et en ressources, s’accroissait. Tentant de s’écarter de la bruyante genèse de la future capitale, des campements secondaires s’établissaient un peu plus loin. La population avait rapidement grandie, de la centaine de mineurs et surveillants présents à l’ origine, un millier d’ex-mineurs composaient maintenant cette avant-garde des terres extérieure, encadrés par une centaine de soldats, dont le nombre dans les mines n’avait jamais été négligeable. A cela venait se rajouter les premiers flux, spontanés ou forcés de population extérieure. Il ne s’agissait plus maintenant de mineurs multitâches qui construisaient des ébauches et vivaient sous des tentes, mais chacun avait désormais un emploi que l’on essayait de définir au mieux. Au départ, le gouvernement de Cavenfer avait commencé par fixer un ou deux hommes à tel ou tel travail, mais dans l’état actuel, il ne s’occupait plus directement que des grandes lignes, et des nouveaux arrivants que l’on affectait aux secteurs les plus nécessiteux pour un certain délai. Ainsi, la plupart des immigrants se retrouvaient a travailler à la construction des logements, puis étaient remerciés et remplacés par d’autres, alors qu’on les lâchait dans le nouveau monde. Cette population devenait de fait disparate, hétérogène, comprenant aussi bien d’anciens mendiants que des riches marchands qui venaient pour établir un nouveau fond de commerce.

Cette diversification ne fit pas que faciliter les choses au Seigneur-mage, qui dut faire face aux premières revendications religieuses. Lui-même était devenu athée depuis longtemps, lorsqu’il avait eu à se mêler à certaines affaires de la Grande Eglise de Taer, constatant qu’il ne s’agissait finalement que d’un autre organe du pouvoir. Le peuple, lui, était croyant, plus par convention, par norme, que par réelle conviction, mais par des normes intériorisées, qui n’étaient que très rarement contestées, et ces vautours d’ecclésiastiques n’avaient aucune intention que cela change, surtout dans ces terres infernales, qui rappelaient si bien les descriptions horribles de la terre des châtiments ou reposaient les infidèles.

Heureusement pour Adun, la seule délégation religieuse qu’il recevait était celle d’un prêtre de bas étage, le seul rattaché à la mine. Le Père Algor Derenmith était un des ces croyants affirmés, qui avait foi en ce qu’il disait. Ce cinquantenaire au visage déjà ridé affichait un visage calme en permanence. Sa chevelure blanche était coupée de façon monacale, son nez long et fin, et son menton saillant lui donnaient souvent un air dur, qui ne représentait absolument pas le caractère de l’homme, de nature joyeuse. Il faisait preuve de compassion envers les dures conditions des mineurs, chaque jour ou il officiait à Verenath, seule grande installation humaine à l’intérieur même de Cavefeu. Mais comme les autres, il était descendu lors de la découverte des terres ardentes, et avait recommencé à prêcher.

Maintenant, il cherchait à retenir l’attention du Seigneur-mage, qui ne lui accordait pas grande importance. Il tenait une missive qu’il venait de recevoir de la part de ses supérieurs, et qui ordonnait la construction d’un lieu de culte de première importance. Contrairement aux habitudes d’Adun, le Père n’était pas en entretien seul à seul avec lui, mais en plein milieu de la future Bibliothèque du donjon. Tout autour s’activaient les maçons, les transporteurs, les architectes, les mages, créant un brouhaha qui rendait le faible ton de la voix du Père presque inaudible.

« Seigneur-mage, comme je vous le disais, mes supérieurs m’ont demandés de faire bâtir ici la première représentation de la Grande Eglise. Ils veulent que la foi aide à illuminer ces terres barbares. »

« C’est sans doute une bonne idée…. Eh, vous, votre pierre est taillée trop grossièrement ! Retravaillez la, je ne veux pas d’imperfections ! »
Adun s’adressait à un des tailleurs de pierre, qui avait ralenti un peu son rythme de travail. Algor soupira.

« Et donc, Seigneur-mage, nous aurions besoin que vous consentiez a quelque réorganisation parmi les travailleurs, et que vous libériez quelques un de vos architectes pour qu’ils puissent étudier les plans de cette source de Lumière dans ce monde aride. Monseigneur ? »

« C’est à débattre, et… patientez un instant voulez-vous ? »

Un serviteur attendait là pour lui parler.

« Mes respects Monseigneur. Sire Taenil vous fait savoir qu’il a besoin de vous pour signer quelques documents. »

« Je m’y rends de ce pas. »

Algor, voyant le Seigneur-mage partir se mit à le suivre en tentant de capter son intérêt.

« Et… et la chapelle ? »

Levant les yeux au ciel, Adun se contenta de répondre :

« J’y réfléchirais, j’y réfléchirais, si j’arrive à trouver un peu de temps, parce que comme vous le voyez…. »

« Seigneur-mage ! L’architecte Harman veut votre accord sur son plan de la Tour Est ! »

C’était un ouvrier, perché sur un des échafaudages au dessus d’eux qui lui parlait.

« Dites lui que j’arrive ! »

Essayant encore une fois, le Père Derenmith mit sa main sur l’épaule du gouverneur des terres ardentes pour le retenir.

« Mais c’est que mes supérieurs désirent ardemment porter le Message de Sa Sainteté ici, le Haut-Père Valandre m’a d’ailleurs dit dans cette missive qu’il escomptait envoyer une dizaine de prêtres ici dans le prochain mois, et… »

Adun s’arrêta brusquement, comme si une force impérieuse l’avait stoppé net. Il avait presque l’air tétanisé.

« Le… Haut-Père Valandre, avez-vous dit ? »

Il regardait en face de lui sans prêter d’attention visuelle à Algor, qui, heureux d’avoir enfin l’écoute du sorcier compléta d’un ton joyeux :

« Oui ! Le Haut-Père Fallas Valandre en personne ! Il milite activement auprès des Archevêques pour pouvoir lui-même venir ici ! »

D’un grand sourire et d’un ton enjôleur, Adun se tourna brièvement vers le prêtre.

« Eh bien, soyez assuré que je ferais tout ce qui est possible pour réserver un accueil chaleureux à vos confrères. Revenez me voir d’ici demain, même heure, et nous discuterons des détails ensemble. »

« Oh, merci Seigneur Adun, la Lumière et le Ciel, vous remercient. Et le peuple vous bénira pour votre compréhension. Je demanderais qu’on fasse une prière pour vous a la Célébration de tout a l’heure et… »

« Oui, oui, merci encore mon Père, retournez voir vos fidèles ! »
Juste après avoir quitté le prêtre, le visage d’Adun s’assombrit, et il se mit à maugréer, se rendant voir Taenil, bousculant les serviteurs qu’il croisait. Son peu de bonne humeur venait d’être anéanti.

« Valandre ? Non, je n’ai pas de souvenirs… »

Les deux compagnons marchaient dans la ville émergente. Il était encore impossible de trouver un endroit ou ils ne risquaient pas d’être entendus au Donjon. Trop d’ouvriers.

« C’est normal. Fallas Valandre était un des Evêques de la capitale de Taer. Il représente bien tout ce que valent les dirigeants de la Grande Eglise : Pas grand-chose. C’est un rapace avide de pouvoir, tout comme eux. »

« Un peu comme toi ? »

Adun sourit. Ils étaient maintenant hors du campement. Il parla a mi-voix.

« Oui. Sauf que nous sommes profondément ennemis. J’étais encore jeune à cette époque, lorsque je me contentais de monter en grade dans la hiérarchie. Valandre avait des appuis haut-placés chez les religieux, et même si il ne remplissait pas les conditions pour monter en grade, ses amis avaient trouvés un moyen. Il devait convaincre les Archevêques que sa Foi était assez forte pour faire changer d’avis des Infidèles. Pas simplement des blasphémateurs ou des non-croyants, mais plutôt de ceux qui désiraient la fin de l’église. Ceux qui édifiaient des cultes déviants, des sectes. A l’époque, je servais l’Abbé Vilrem, qui lui était parfaitement éligible, et qui avait les mêmes vues sur la place d’Archevêque. Il m’a donc chargé d’éviter que Valandre ne prenne ce rôle. »

« Et tu as réussi comment ? »

« Ca a été long. La persuasion devait se faire en public, et les hommes en question n’étaient pas de vrais hérétiques. Les amis de Valandre avaient échafaudés un plan sur de nombreux mois, ils avaient payés des serviteurs à établir un faux culte démoniaque, auxquels ils ne croyaient en rien, puis leur avait demandés de se laisser emprisonner, et qui devaient se remettre à croire en la « Seule et Vraie Lumière ». »

Adun ricana à l’évocation de ce moment.

« J’ai suivi leur internement. J’ai fait changer leurs noms sur les registres de la prison, et j’ai donné une fausse liste de gens à « repentir » au Juge-Archevêque comme précaution. Valandre a malheureusement remarqué
que la liste était de moi. Une simple histoire de cachet magique… »

« C'est-à-dire ? »

« Comme tout document de cette importance, il y’avait un sceau magique apposé dessus. La difficulté n’était pas tant de le briser, car ils ont un gros défaut de conception, que d’en reconstituer un. Hors c’était ma couverture a l’époque, que d’apposer des sceaux. Vu que je travaillais avec l’Abbé Vilrem, j’avais déjà croisé Fallas un certain nombre de fois, il a remarqué que c’était un des miens, mais il ne pouvait rien dire, puisqu’il n’était pas censé connaître la liste. Enfin, il n’a pas osé. Et depuis, il m’en a toujours voulu a mort. Apparemment, il a finalement réussi à monter en grade lui aussi… »

« Et il veut venir ici. Il doit penser pouvoir saborder tes projets. »

« Il n’y arrivera pas. Il va même me servir. Si je me débrouille bien, non seulement j’en serais débarrassé a jamais, mais en plus je pourrais diriger directement les ramifications futures de la Grande Eglise dans les Terres ardentes… Et la, j’aurais tout les moyens en ma possession pour contrôler le peuple. »

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En attendant la venue théorique du Haut-Père, les efforts des deux mages se concentraient sur l’édification du royaume. Dans le donjon, Adun et Taenil brassaient du papier ou des sorts, donnant ordres et consignes à nombre de reprises. Le colonel de corps Venkas Ehnnersson avait été nommé Général des Terres Ardentes, et les explorations se faisaient désormais sous sa juridiction. C’était un quarantenaire fougueux, aux cheveux rares et gris, qui avait fait ses preuves par le passé. C’était également un fervent loyaliste envers Taer, chose qui tendait à agacer le Seigneur-mage, qui n’avait aucun autre homme à la hauteur. En tant qu’officier, Venkas contredisait rarement son seigneur et ne comptait pas référer au roi de parole ou gestes quelconques, mais il se contentait de désapprouver. Et très certainement n’aurait il pas suivi le mage dans des projets plus audacieux envers la couronne. Cependant, il était très capable.

C’est sous ses ordres que les premières expéditions accélérèrent leur découverte des Terres ardentes. Les humains purent ainsi commencer à établir des cartes, plus ou moins imprécises.

En tout premier lieu, Cavenfer, au centre, qui se trouvait dans une sorte de clairière par rapport à une forêt de champignon, s’étendant considérablement vers le sud. Mais cette forêt aboutissait a une abrupte montagne, qui s’avérait posséder une coulée de lave se transformant en rivière de flammes, traversant irrégulièrement une certaine portion du territoire aux alentours de la ville, a l’ouest et au sud-ouest. Les humains, en longeant la coulée, trouvèrent un pont. Interloqués, ils constatèrent qu’il s’agissait d’un pont en pierre, solidement bâti, décoré de nombreux motifs taillés avec précisions, et placé au dessus de la coulée. En observant ses ornements, sa composition, et son allure, ils eurent peine à croire que les Ash’laru, qui ne semblaient pas de grands maçons l’aient établi. Les motifs en particulier les déroutait, représentant principalement des flammes, chose qui n’apparaissait nulle part dans les villages désormais déserts des Ash’laru. A n’en pas douter, d’autres races vivaient la. D’ailleurs, on jurait avoir détecté des dragons rouges, chose qui n’étonnât guère les spécialistes de ces bêtes, qui rappelèrent qu’il s’agissait d’une race s’étant établi partout en Taer, bien qu’a petit nombre et sous différentes couleurs.

Plus au nord de Cavenfer se dressait une vaste plaine cabossée avec de ça et de la des bosquets fongiques. On y trouvait notoirement un des nouveaux lotissements humains, une petite dizaine de personnes souhaitant échapper a la juridiction du Seigneur-mage, gagnant leur vie nouvelle en traquant des animaux la ou les battues publiques n’étaient pas courantes. En vérité, Adun se contrefichait de ces quelques aventuriers, tôt ou tard, ils rentreraient dans les rangs. De plus, il disposait d’un moyen de contrôle relativement sûr : Les frères Mendren, très appréciés par Venkas, qui disposaient d’une forte notoriété dans la population, étaient souvent convoqués au Palais pour quelques réceptions depuis qu’on les avait dressés comme des exemples. En remerciement de ce traitement de faveur, ils se faisaient les agents officieux du gouvernement auprès des trappeurs, à la fois en prenant note des postes des pionniers ou en tâchant d’apaiser les esprits contestataires.
C’est après cinq mois que le premier obstacle au Nouveau Monde d’Adun se précisa : Quelques un de ces trappeurs avaient capturés une bête apparemment intelligente, au-delà des Ash’laru. La créature était rouge sang, bipède, fortement musclée, avec deux défenses. Elle parlait dans une langue à priori construite, que les mages, la encore, étaient persuadés de pouvoir comprendre.

Ils tentèrent de dialoguer avec la bête et à chaque fois que celle-ci parlait, ils tentaient d’établir une connexion psychique, en entrant dans son esprit, pour comprendre la signification des paroles. Cela fut plus complexe que pour servir de traducteur entre nations des terres extérieures, car la ou l’esprit humain était a peu près semblable d’un être a l’autre, il y’avait ici des centaines de subtilités, connaissances et significations qu’ils n’avaient jamais entendus. Finalement, ils se décidèrent à tenter de faire parler la créature en lui désignant divers objets. Il fallut quelques heures avant qu’il se mette à répondre en donnant leur mot dans sa propre langue, permettant ainsi de débloquer le reste du sortilège.

Ainsi, il put faire comprendre qu’il avait faim, et on lui apporta a manger. Il put faire comprendre qu’il appelait les humains « peaux blanches », que c’était un chasseur égaré, et au fur et a mesure de ses paroles, les sorciers purent s’introduire dans les méandres de son esprit. D’abord, après avoir établit un lien magique, un des mages et la créature se mirent à comprendre quelques mots, et après une vingtaine d’heures au total, le sortilège de traduction était près. Il traduisait la pensée de celui qui parlait en une image, que l’esprit de l’interlocuteur assimilait en un mot. Finalement, on demanda à la bête ce qu’elle était.

C’était un Orc.
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La créature était solidement ligotée dans une des pièces du Palais de Cavenfer, empoigné par deux gardes, assistés d’une dizaine d’autre qui surveillaient la salle, et de cinq mages, qui, avec Adun et Taenil avaient participés à la traduction de la langue de l’Orc.
Celui-ci grognait :

« Vous devriez me libérer, peaux blanches ! Mon clan va s’inquiéter de mon absence ! Ils feront des battues ! Ils vous trouveront ! »

Adun, calme, répondit :

« Mais nous n’avons aucune intention de vous faire du mal. D’ailleurs, je vous prie d’excuser ces importuns qui vous ont capturés, ils ont simplement pris peur... De même, nous ne voulons aucunement agresser vos semblables… La coexistence pacifique entre les autochtones et Taer est notre premier espoir »

L’orc ricana.

« La coexistence pacifique avec les autochtones ? Pour qui vous prenez vous ! Nous sommes la depuis des millénaires ! Ces terres ne vous appartiennent pas, c’est un sursis avant que nos maitres aient choisis quoi faire de vous »

Adun se renfrogna un très court instant, mais reprit, avec un ton plutôt jovial envers le captif :

« Si vos dirigeants se décident à affronter notre royaume… Eh, eh bien, ca ne présagerait rien de bon ! Autant pour vous que pour nous. La perte d’habitants, de richesses… Nous voulons vivre ici en paix, c’est tout… »

« Alors libérez-moi ! »

« Un peu de patience je vous prie… Je veux juste avant, m’assurer que nous soyons d’accord. Voyons, que faisiez-vous-la ? Vous nous espionniez ? »

« Argh, par le sang de Magr’thar, jamais ! Les Peuples des flammes ne sont pas des fourbes ! Je n’étais même pas au courant de votre présence ! Ca ne fait que quelques jours que des rumeurs sur un nouveau peuple courent dans mon village. Je chassais des Scolopendres des spores, simplement »

« Eh bien, c’est parfait », répondit Adun d’un ton enjôleur. « Ainsi, vous allez pouvoir rentrer chez vous et garantir a tous que le Royaume de Taer désire juste se faire une petite place douillette dans ce monde. Et que j’espère des relations amicales autant qu’il se peut entre nos peuples ! »

« Par Zernok, je crois que vous serez vite déçu si vous veniez à énerver un seul de nos maitres » dit l’orc d’un rire gras. « Mais vous avez de la chance. Les Plaines des Marchecendres sont vastes, riches en ressources et peu fréquentées. Votre présence ne devrait pas trop les froisser »

« Entendu. »

Adun se retourna.

« Libérez-le »

Alors que l’orc jetait un regard méfiant a ses geôliers et contemplait ses poignets libérés, Adun l’interrogea :

« Ah oui, une dernière question… Qui sont vos maitres ? »

« Oh, vous ne devriez pas vous en faire pour ça. Vous le saurez bien assez tôt… »

L’orc afficha un air de contentement stupide, il semblait rire en son for intérieur. Après quelques secondes de réflexion, il bomba le torse fièrement et énonça :

« Ce sont les Titans Incendius, ZaK’Arian et Enlgorm. Tous, serviteurs de notre seul Dieu, Seigneur et Maître à tous. » Conclut la bête sur un ton solennel avant de quitter prestement la salle.

Adun regardait à travers la fenêtre de la pièce les bourgeonnements de Cavenfer. La colonie comptait maintenant plus de deux-mille cinq cents âmes et comptait plusieurs bâtiments en pierre. A ce titre, la roche de feu qui composait la quasi totalité de la cavité était idéal. La société s’était formée, et les explorations humaines poussaient toujours plus avant. Très certainement, ça n’était la qu’un début. La population recevait de larges stocks de nourriture de la part des campagnes de Taer, mais ils étaient assidument stockés, la consigne étant de s’auto-suffire ou de profiter des résultats des battues. Mais celles-ci s’étant intensifiées, le gibier devait se trouver plus loin. Déjà, on commençait à observer des tentatives d’agriculture des quelques plantes comestibles des terres ardentes, sans grand succès. Et déjà, les premiers camps de trappeurs prenaient une certaine importance, alors que ces mêmes trappeurs, pour subvenir à leurs besoins financiers comme de liberté, s’aventuraient à établir des campements plus loin encore. Tout cela dans ce fantastique décor rougeoyant et, sans tous les efforts déployés par les mages, inhospitaliers. Tout cela dans cette terre sinistre, cabossée de part en part.

« Alors c’est ça qu’ils appellent des plaines riches en ressource ? Ah, j’espère bien ne pas rencontrer de désert… »

« Ca n’était peut être qu’un mensonge de l’Orc pour nous décourager à poursuivre… »

« Rien ne me découragera à continuer. »
Adun claqua des doigts, faisant signe aux soldats de sortir, puis enchanta la pièce d’un geste avec un rituel de silence. Seuls ceux présents à l’intérieur pouvaient l’entendre. Il reprit :

« Quoiqu’il y’ait en face. Et même si ces Orcs sont la depuis des millénaires. Nous allons profiter de l’étendue des richesses de ces landes, et ensuite, nous envisagerons des relations diplomatiques avec ces « Titans » ».

« Tu crois ce titre artificiel ? Un simple ornement, ou… ? »

« Peu importe. Aucune créature des terres extérieures, pas même un dragon n’a pu vaincre le Grand Seigneur-Mage de Taer, Adun Zerendis. Si un de ces comiques veut me faire partir d’ici, qu’il vienne. Mais je ne prends PAS tout cela à la légère. L’armée de Cavenfer comporte à peine six cent hommes. On ne peut pas lutter contre tout un peuple. Mais ca viendra. Ca va venir. En attendant, on se contentera d’une assimilation lente des peuples autochtones, en leur démontrant la valeur de notre civilisation, et après, lorsque nous serons assez forts, nous pourrons combattre les éventuels bellicistes. Il ne faut surtout pas précipiter les choses. »

« Fais attention à jusqu’ou te porte ta mégalomanie, vieux compagnon. Ca me semble bien plus sérieux que les indigènes des terres extérieures. »

Adun éclata d’un grand rire, un vrai rire, sans ironie, chose qu’il ne s’autorisait pas souvent.

« Allons Taenil. Ne me crois pas imprudent. Je ne suis pas impatient. Je SAIS que ces terres m’appartiendront et j’attendrais le moment voulu. Tu me connais pourtant. J’ai toujours mené a bien mes projets et celui-ci n’en est qu’un de plus.

« Presque tous. »

Le Seigneur-mage fit semblant de ne pas entendre, puis se décida finalement à répondre.

« C’est parce que j’ai échoué dans ma jeunesse que je n’échouerais plus maintenant. J’ai suffisamment appris pour savoir ce que je dois faire pour contrôler la population, pour éviter les désagréments, même pour négocier avec les peuplades d’ici. »

« Certes… Mais cette fois, nous sommes coupés de Taer ou des cours ou tu avais de si nombreux contacts. Il faudra faire attention. »

Le regard d’Adun se perdit, avant qu’il ne dise, d’une voix ou l’on sentait un peu de peine.

« Je ne ferais plus d’erreur. »

Taenil acquiesça, puis l’ambitieux Seigneur-mage reprit :

« Bon, il va bientôt être temps d’aller donner nos informations au roi. Commence à préparer les lignes, je vais réfléchir à quoi lui dire à propos de l’Orc. »

Encore une fois, il fixait la ville qui prenait de l’ampleur. De nouveaux convois sortaient depuis l’ouverture de Cavefeu, qui avait été aménagée. Le royaume des terres ardentes pourrait bientôt être indépendant.

---------------------------------------------------------------------------------------------------------
Les trois mois qui suivirent le premier contact avec l’Orc furent marqués de divers évènement, grave ou bénéfique à la population. D’une part, des maladies inconnues, des disparitions, des échecs dans divers tentatives d’enchantement, d’élevage ou d’agriculture. D’autre part, les premières arrivées massives d’immigrés dans les Terres ardentes, ou des inaugurations de bâtiments. Le Palais de Cavenfer était d’ailleurs presque terminé. Adun siégeait dans la salle principale du Palais, une imposante pièce marbrée très sobre, remplie uniquement de colonnes, quelques tableaux de lui, de Taerenas, un ou deux objets mobiliers relativement anciens qu’il possédait depuis longtemps, une poignée de chaise, et finalem
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MessagePosté le: 01/11/08 23:46    Sujet du message: Citer

(fin du chapitre I)

Adun fut interrompu par l’arrivée d’un groupe de soldats portant un cadavre d’une créature rougeâtre. Mais il ne s’agissait pas d’un Orc. La chose était plus grande encore, et avait la peau lisse et non rugueuse. Son visage était déformé et comportait une série de courtes défenses sur les joues. Son crâne était chauve, sa gueule était allongée, et sur ses épaules pointaient deux cornes. Dans son dos, à la place de sa colonne vertébrale s’affichait une ligne d’un feu en train de s’éteindre. Enfin, ses multiples blessures crachaient un sang pourpre.

Non, ca n’était pas un Orc. C’était plutôt ce que les prêtres appelleraient un démon.


« Comment est-ce arrivé ? » tonna Adun.

« Monseigneur… C’est cette créature qui a tenté de nous manger, ou je ne sais quoi… Enfin… Elle arrivait vers nous avec sa lame, alors Breskun a lancé sa hache sur sa tête, puis on l’a fini… Elle était en train de ravager le comptoir Sire… »

Il n’osait pas le dire, mais il aurait mieux valu que les trappeurs se laissent mourir.

« Général Venkas. Vous allez partir sur le champ. Je ne sais pas ce qui se trame exactement la bas mais il faut que nous ayons toutes les informations disponibles. Pour ma part, je vais étudier cette bête. Messieurs, vous indiquerez au greffier l’exacte position de votre comptoir. Exécution ! »

Tous se mirent en marche immédiatement. Adun lança un sort de lévitation sur le cadavre, le faisant se déplacer jusqu’au Sanctuaire des mages. Dans le même temps, il envoyait une incantation pour obtenir une audience avec le Roi.


Il ne fallut pas très longtemps aux cavaliers de Venkas pour arriver dans la zone prévue. Le coin méritait effectivement son appellation : Il s’agissait d’un terrain presque plat parsemé de failles profondes d’où sortaient des éruptions de lave. La troupe du Général étudiait les routes possibles, mais la région semblait déserte. Cependant, l’endroit donnait l’impression d’être soi même dans un canyon, tant les collines abruptes étaient proches…

Plus les hommes avançaient, et plus la lave bouillonnait. A leur surprise, alors que les remous s’intensifiaient, ils arrivèrent sur la place centrale de ce chaos : Dans le contrebas en face d’eux se trouvait une ouverture volcanique très active dégorgeant sans cesse de la lave ardente.

Mais ils ne purent admirer longtemps ce spectacle, avant d’entendre un cri :

« ZEG’GUROSH ! »

Paniqués, ils relevèrent leur tête, avant de s’apercevoir qu’au dessus d’eux se tenait un campement d’Orcs. Une dizaine, une vingtaine peut être les observait, armés. Mais ils ne possédaient que des épées grossières ou des haches, aucune arme à distance capable de blesser les cavaliers. Les deux groupes se regardaient en chiens de faïence.

« Écoutez-moi ! », cria la présence de Taenil, sous la forme d’un halo bleu ressemblant vaguement au sorcier.

Les Orcs s’intéressèrent au sort. Un étranger parlant leur langue les étonnait.

« Je veux parler à votre chef ! Nous ne sommes pas là en ennemi ! »

Un Orc vêtu de manière un peu plus impressionnante que ses comparses s’approcha de la falaise et fit signe a l’image de monter.

Le halo bleu s’envola vers la position du chef, qui demanda, interloqué :

« Qui être peaux blanches ? »

A une grande distance de la, le vrai Taenil soupira. Soit la traduction fonctionnait mal, soit il était tombé sur la brute du coin. Ou alors, l’Orc trouvé par les trappeurs était exceptionnellement intelligent.
« Nous sommes des Humains. Nous recherchons d’autres hommes qui pourraient s’être égarés dans la région… »

L’orc se gratta la tête quelques secondes avant que son regard ne s’illumine. Il lança a la volée en rigolant :

« que’tkar ! Negzel’nurosh ktheran vagosh il’r ! »

Les hommes en bas commençaient à se sentir mal à l’aise. Taenil était convaincu qu’il avait affaire à une autre tribu d’orcs, ou a un jargon. En tout cas, il ne pouvait pas assimiler le langage de la créature ici. Mais le rire des autres Orcs le rendit à nouveau douteux. Il n’osait pas penser à ce que cela signifiait…

« Vous ne savez pas ou sont nos compagnons ? »

L’Orc hésita, jeta un coup d’œil aux troupes en contrebas, puis fit signe de dénégation. Taenil remarqua le regard rapide d’un des Orcs vers une pile d’arme d’où ressortait une lame en fer forgée, qu’aucune des bêtes ici présente ne semblait être capable de créer. Plus de doute, les créatures les avaient tués.

« Ou… ou peut on trouver votre chef le plus proche ? Avec une grande influence je veux dire. »

L’Orc ricana une seconde fois.

« Vous voulez parler a Tek’thar ? Ou Enlgorm ? »

« Je ne sais pas. Disons le premier. »

« Le trouverez a Zen’garok. Suivez le chemin. Traverser canyons puis grande plaine. Arriver a forteresse. Demandez Tek’thar, lui toujours apprécier nouvelles formes de vie. »

L’image de Taenil s’inclina.

« Merci bien pour ces renseignements. Que la paix soit sur vous. »

« Zekeranosk ! »

Retournant auprès des soldats de la même manière qu’elle les avait quittée, l’image s’approcha du Général.

« Il n’y a pas de doute, ce sont eux qui ont tués vos hommes. »

« Par l’enfer ! Nous devrions massacrer ces sales bêtes sur le champ, alors qu'elles se moquent de nous du haut de leur surplomb...»

« Ca serait une grave erreur pour la sécurité du royaume, même si dans l’immédiat, ca serait préférable si on veut survivre… Mais… l’Orc m’a indiqué un lieu où trouver un de ses chefs… Je ne sais pas si c’est un piège... »

« Je préfère ne rien tenter sans l’aval du Seigneur-mage. La situation est trop complexe et commence déjà à nous échapper. Rentrons, soldats ! »
L’Orc regardait les humains repartir. Il était plutôt fier de lui, persuadé de les avoir bernés. Il lança à ses troupes de défaire le campement.



Au même moment, Adun était en conversation avec le roi, tentant d’expliquer avec gêne comment il se retrouvait avec un cadavre d’une créature inconnue sur les bras. Il regrettait presque d’avoir décrit l’Orc comme un être amical et indiqua que la situation devenait risquée, invoquant le fait que le meurtre d’un être de ce genre, qui avait sûrement une conscience, ne laisserait pas ses congénères de marbre. Le Seigneur-Mage demanda le renfort immédiat de l’intégralité du premier et du troisième corps d’armée humaine.

En réponse, Taerenas paru inquiet de la tournure des choses : Jusqu’ici, il n’avait eu vent ni des disparitions ni des avertissements de l’orc. De plus, le Nouveau Royaume était une source de revenus de très haute importance, et il se refusait à perdre un tel filon de gloire. Il demanda la sécurisation la plus stricte possible.

A partir de ce moment, les frontières furent constamment surveillées. Des patrouilles humaines faisaient leur trajet en permanence. Les trappeurs grognaient bien, mais quand on compta 10 nouveaux manquants, leurs récriminations s’éteignirent. Bien sûr, les nouvelles qu’Adun laissait filtrer à son seigneur à ce sujet étaient minimes. Venkas était une épine dans son pied, et il ne pouvait trop omettre ou raconter de mensonges au cas ou le Général discuterait avec le Roi. Il se contentait de parler d’un malade la ou il y’en avait cinq, d’un homme manquant la ou il y’en avait dix, et d’un manque de personnel dans l’excavation de roche de feu la ou il y’avait eu un éboulement.

Il se déroula encore deux mois avant que la situation changeât fortement. A ce moment, les deux corps d’armée étaient bien arrivés, la population de Cavenfer avait grandi jusqu'à sept-mille cinq cent habitants, et on comptait plus de 4 colonies dont le nombre d’âmes dépassait le millier. Les comptoirs étaient fortifiés, et commençaient à se propager dans les terres des autochtones, alors que les villages de taille modeste commençaient à pulluler.

Mais les Orcs et les Ash’laru commencèrent à s’en prendre de manière organisée aux comptoirs du nord. Des groupes d’une vingtaine d’individus, menés par des démons, s’enhardissaient, et pillaient les installations humaines. Parfois, certaines des créatures étaient capturés et ramenées à Cavenfer, mais jamais Adun n’autorisa de riposte de la part des hommes. Au sud-est, le royaume s’étendait plus considérablement, sans rencontrer autre chose que des Ash’laru errants qui ne leur prêtaient pas attention. On contourna la montagne volcanique.

A l’ouest et à l’est, on s’en tint à des limites conventionnelles, avant certaines régions que l’on savait peuplées de créature des flammes.
Non, seul le nord posait problème, permettant à Adun de réclamer l’arrivée dans les Terres Ardentes du corps d’élite de la Légion de Taer.

C’est alors qu’au bout d’un mois de plus, alors que les Orcs ricanaient encore du dernier pillage d’il y’a quelques heures dans un de leur village du nord qu’un grand bruit se fit entendre, suivi de cris désorganisés et de sons d’effondrement.

Curieux, quelques uns s’aventurèrent hors de la poussière barrant leur champ de vision.

La seule chose qu’ils eurent le temps de constater, c’était la présence triomphante d’Adun au devant d’un millier d’hommes armés de pieds en cape, suivis de machines de guerre.

Les premiers massacres d’Orcs commencèrent à ce moment la, attisés par la rage accumulée depuis des semaines par les humains. Une dizaine de village tombèrent en quelques heures, sans opposer de résistance. Il en fut de même pour les premiers campements Orcs a l’ouest, qui ne firent s’arrêter l’armée humaine que devant une vraie forteresse ou vivait bien plus que des Orcs. Mais malgré tout, les forces de Taer n’avaient subis quasiment aucune perte, et il fallu encore un bon mois pour que les nouvelles d’attaque des étranger sur les terres des Forces du Magma parvinrent aux oreilles de leurs terribles seigneurs.

Et les créatures des terres ardentes savaient bien que tout ce qui osait contester la suprématie des Titans des flammes à régner sur leur domaine en avait toujours payé le prix.
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MessagePosté le: 02/11/08 12:40    Sujet du message: Citer

Merci de vos encouragements. Razz
Voila le début du chapitre 2, c'est a partir du prochain post que ca va vraiment devenir intéréssant. ';_;'


Chapitre II

La guerre dans les Terres ardentes faisait rage. Les Orcs et les démons, désorganisés, qui s’étaient contentés de voir en les humains des colons inoffensifs furent massacrés pendant des semaines, en tentant de fuir face a l’impitoyable organisation de mort organisée par le Général Venkas.

Adun, laissant à Taenil la gestion des terres colonisées était en permanence sur le front. Sa présence galvanisait les hommes, et faisait fuir les créatures des flammes. Sa puissance magique suffisait à mettre à terre n’importe laquelle des faibles créatures qu’il avait à affronter. Il jubilait à l’évocation de son nom par chaque ennemi qui fuyait en le voyant.

L’avancée spectaculaire des humains s’arrêta devant la forteresse de Vahalk’raz. Il s’agissait la d’un bastion renforcé, aux murs armés et garnis d’épieux. Une imposante tour se dressait en son centre, ou des archers et sorciers Orcs attendaient, surplombant une garnison d’une bonne centaine de soldats, encadrés par des démons. Et, bien pire pour les forces de Taer, une grande créature attendait a l’intérieur de la forteresse : Un dragon rouge.

Contrairement aux dragons des Terres extérieures, les dragons des Terres ardentes ne restaient pas à l’ écart. Ils faisaient ici partie intégrante de l’armée des flammes. Le spécimen en question n’atteignait pas la taille de ses plus notables cousins de l’extérieur, mais était en capacité de mettre en déroute un groupe entier de l’armée.

Adun ne s’en inquiétait pas.

« Barenhold ! »

« Oui Monseigneur ? »

« Vous allez lancer l’assaut sur la porte principale avec la moitié des forces. Vous ferez installer trois des catapultes sur les hauteurs, sans que l’ennemi le remarque, pour pouvoir bombarder ses murs au moment ou vous ordonnerez la charge. L’autre moitié des troupes devra entrer par un moyen plus discret. »

« C'est-à-dire ? »

« Très peu de mages participeront directement à la bataille. Ils devront transporter les hommes à l’intérieur du bastion, dans la zone arrière. Il n’y a aucune défense magique, cinq d’entre eux seront largement suffisants pour ouvrir un portail, vous devriez pouvoir faire passer vos forces très vite. »

«Et… le dragon ? »

« Je m’en occupe. »

Le capitaine parut un peu décontenancé par l’assurance du Seigneur-mage. Mais après tout, celui-ci savait toujours ce qu’il faisait ; aussi commença-t-il à distribuer les ordres.

A l’intérieur de la forteresse, dans la salle du dirigeant du bastion, le Démon parlait avec une colonne de flammes qui s’étendait d’un réceptacle fixé au sol à un autre attaché au plafond.

« Les humains sont en position de siège Maître. Ils vont sûrement lancer l’assaut. Ils ont l’air déterminé, et il y’a cet Adun a leur tête ! »

La colonne s’accéléra puis se mit à émettre quelques sons de remous, mais aucune parole compréhensible.

« L’issue de la bataille est incertaine Seigneur ! »

Cette fois, la colonne répondit, d’une voix caverneuse.

« Combattez. Combattez jusqu'à la mort. Nous ne cèderons pas un territoire de plus a ces cloportes. »

Le Démon s’apprêtait à protester, mais la colonne rougit, se transformant en un pilier de lave ardente.

« Et peu importe de cet Adun. J’enverrais Incendius exterminer cet importun. Vous avez un dragon. Repoussez-les. »

La lave s’estompa, disparaissant, pour finalement laisser place a de l’air. Un démon dont les tentacules affluaient sur l’ensemble du corps mit fin a la conversation.

« Telle est la volonté d’Enlgorm. »

Cette fois ; l’autre démon trouva la force de s’opposer.

« Par l’enfer divin, reprenez vos esprits, Cultiste des flammes ! Nous ne sommes qu’une centaine de combattants. Nos ennemis sont au moins trois fois plus ! »

« Enlgorm a parlé. Si nous ne mourrons pas sur le champ de bataille, nous mourrons de sa colère. »

Le commandant allait une fois de plus réagir, mais il fut stoppé par le bruit d’un cor de bataille. Les humains chargeaient.

-------------------------------------------------------------------------------------

Le premier groupe de fantassins se dirigeaient vers la porte principale en protégeant leurs têtes des flèches via leur bouclier. Quelques mages tentaient d’intercepter les sorts des Sorciers Orcs via des blocs de glace, mais ceux-ci tenaient difficilement et une bonne trentaine d’hommes avaient déjà succombés.

Derrière la porte, une vingtaine d’Orcs et de Démons bloquaient le passage en poussant fermement, afin que les sorts ne parviennent pas à l’ouvrir. Ce fut une vingtaine de perte supplémentaire lorsque les catapultes, aux tirs bien ajustés depuis les hauteurs tirèrent sur la porte, mettant tout les soldats des flammes à terre.

La mêlée commença a l’entrée de la forteresse, les Orcs et les Humains s’étripant dans un furieux corps a corps. Adun, au centre du régiment, frappait de ses incantations les Sorciers au sommet de la tour. Leurs boucliers improvisés n’étaient pas de taille.

Surgissant de derrière un bâtiment, le Dragon rouge hurla et se précipita sur les fantassins humains, en en dévorant plusieurs d’un coup de gueule.
Le Seigneur-mage réagit immédiatement, et incanta instantanément une décharge de foudre sur le visage de la bête.

Le dragon hurla, avant de s’envoler. Il était blessé, mais totalement apte a combattre. Adun comprit que leur front devait être plus protégé que prévu. En réaction, il descendit de son cheval, totalement affolé et se protégea d’un bouclier solide, pour parer aux crachats de flammes que lui répondait la bête.

Pendant qu’il canalisait sa protection, il recherchait quelle solution adopter. Le dragon était concentré sur lui, et l’inondait de flammes à quelques mètres au dessus du sol, pendant qu’il canalisait son bouclier. Oui, il savait quoi faire. A l’ instant où la bête reprenait son souffle, le mage condensa une partie de l’énergie de son bouclier dans une autre décharge qu’il fit mine d’envoyer au dragon.

La bête l’esquiva facilement, pensant que le but de son adversaire était de le blesser une fois de plus. En réalité, la décharge se concentra sur un des piliers de la tour de défense, infusant les épieux d’une forte énergie magique. Ensuite, rééquilibrant ses énergies défensives, pendant que le dragon se reposait à terre pour mieux attaquer le sorcier, il appela l’énergie apposée sur la tour, provoquant l’arrachage du pilier, qui se dirigea vers le dragon, lui traversant les ailes.

Le cri de la bête rassura Adun. A moitié fou de douleur, le dragon ne cessait de cracher des flammes dans toutes les directions. Saisissant le moment où il s’apprêtait à souffler vers lui, le Seigneur-mage expédia une Onde de glace dans sa gueule. La chose écailleuse se rengorgea, comprenant difficilement ce qui lui arrivait pendant quelques secondes, avant de sentir une souffrance atroce exploser en elle. Sa peau était transpercée de pics de glace provenant de l’intérieur. Le dragon était mort.

Enfin.

Pendant ce temps, l’autre partie des forces humaines déferlait de l’autre coté de la forteresse, peu gardée. Le bâtiment principal demanda la reddition, à l’exception du Cultiste des flammes, qui immola quelques hommes avant de tomber, transpercé de sorts et d’épée.
Vahalk’raz appartenait a Taer.

-------------------------------------------------------------------------------------

La victoire sur la forteresse donnait aux humains plus de confiance qu’ils n’en avaient eu auparavant. La gloire d’Adun, le Seigneur-mage ayant vaincu un dragon, que l’on dépeignait comme de plus en plus féroce, comme le veulent les légendes, resplendissait dans le territoire.
Désireux de faire partie de cette nouvelle terre, des nouveaux arrivants affluaient en masse, parfois mêmes d’autres contrées, pour faire partie d’un Nouveau Monde. Les nations des Terres extérieures commençaient à réclamer à Taerenas de pouvoir envoyer leurs propres expéditions. Les gardes postés a l’entrée de Cavefeu virent leur nombre augmenter, et reçurent l’ordre de vérifier que chaque arrivant pouvait bien se réclamer de Taer, avant qu’on ne décide simplement de créer une administration dans les terres extérieures chargée de délivrer des permissions de passage. Chaque voyageur devait ensuite séjourner dans Verenath, le seul établissement humain consistant dans Cavefeu, situé environ a la moitié de la mine, pendant une journée environ, pour que l’on procède a une fouille approfondie de ses biens, et que les mages procèdent a quelques vérifications. Malgré tout, il devenait évident que les autres royaumes parviendraient, si ils ne l’avaient déjà fait, a introduire leurs agents.

Adun, de retour à Cavenfer, voyait grandir sans cesse son œuvre. Partout, l’armée avançait, laissant place à des colonies supplémentaires. On comptait douze milles âmes dans la capitale, qui s’étendait grandement, se dotant de ses premières institutions – hôpitaux, casernes, chapelle..., ainsi que des murs fortifiés dont les fondations étaient posés. Ca et là avaient été mis en place avec succès des débuts de garnisons fortifiés autour de certaines colonies assez aventureuses, jugés trop proches des territoires inconquis.

C’est alors que les Seigneurs des flammes décidèrent qu’il fallait briser une fois pour toute l’élan euphorique de ces envahisseurs. Le temps passé a perdre des territoires n’était qu’une mise en confiance des humains. Les maîtres des Terres ardentes avaient mobilisés leurs soldats depuis les terres proches, et avaient envoyés partout dans la cavité leurs recruteurs. Une source illimitée de soldats potentiels attendait la. Après la perte d’une seconde forteresse, ils préparèrent leur première frappe. L’objectif était simple : Infliger une première défaite au bourgeonnement d’empire humain, et les priver de leur chef.

Adun devait mourir.

Les Titans mirent aussi en place un plus sinistre et plus complexe complot, destiné à détruire les fondations mêmes du royaume de leur ennemi. Et même si ils devaient attendre, ils n’en avaient que faire. Ces êtres millénaires jugeaient leurs actes sur une échelle temporelle bien plus grande que la plupart des dirigeants humains.

La mort se mit en marche.

-------------------------------------------------------------------------------------


Adun enchainait les visites dans les fortifications humaines. Depuis quelques jours, les forces des flammes devenaient de plus en plus agressives et organisées. Comme leur équivalents Orcs d’il y’a quelques temps, les bandes de pilleurs humains trop sûr d’eux étaient mis en pièce par les défenseurs revanchards.

Il convenait de redresser les choses. D’abord par un encadrement plus strict des opérations militaires, et ensuite par une meilleure connaissance des évènements. La capture de soldats des flammes avait permis de s’approprier un grand nombre de renseignements sur les forces ennemies :

Il y’avait une complexe hiérarchie militaire bien établie. D’abord, des légions de démons mineurs aux ordres d’Incendius, qui contrôlait un clan d’Orc mineur. Ensuite, des tribus d’Orcs plus consistantes obéissants à ZaK’Arian. Enlgorm possédait la direction de créatures de cauchemar et de la Légion des Cendres, armée démoniaque d’élite, a laquelle s’ajoutaient les Cultistes des flammes, autres démons sorciers, et le clan Orc Firemaw, fanatiques absolus du Titan. Tout au dessus se dressait la présence du grand « Seigneur et Maître à Tous », qui, bien qu’ « absent », selon les dires des prisonniers, était la personnification des flammes elle-même. Si il ne dirigeait pas vraiment l’armée sur le terrain, ce Dieu se réservait la gestion du reste du bestiaire – clans Orcs bénis par lui-même, élémentaires de feu et dragon.

Chacun des Titans avait son propre bastion, installé en retrait dans les terres, en triangle autour du lieu sacré ou le Grand Dieu avait décidé de disparaitre pour quelques temps. Et plus les énumérations progressaient, plus les prisonniers avaient peur de livrer leur informations. Beaucoup préféraient mourir torturés par les hommes que reconnus comme traîtres par leurs seigneurs, mais ils résistaient difficilement aux sortilèges des mages.

Cependant, ils pouvaient difficilement répondre aux questions sur les mouvements actuels. En tant que soldats de base, ils n’avaient pas connaissance des plans de leurs commandements. Quand aux quelques Cultistes des flammes capturés, ils mettaient instantanément feu a leur corps et aux hommes environnants dès qu’ils détectaient une faille dans les liens qui les retenaient, tant et si bien qu’on décida de les abattre directement.

Adun se ressassait tout ceci alors qu’il parcourait les murailles de Val-de-braise, une garnison de l’ouest, aux murailles solides, dans la première ligne de front. La garnison, environ cent cinquante hommes se sentait en sécurité grâce à la présence du Seigneur-mage. Celui-ci jaugeait les mesures insuffisantes pour l’instant, et s’apprêtait à donner quelques consignes au Commandant de corps au moment ou la muraille fut violemment secouée.

Rapidement, les cris des soldats informèrent le sorcier de la situation, avant qu’il ait eu besoin d’observer d’où ils provenaient : La garnison était attaquée.

Un groupe d’Orcs important siégeait devant la forteresse, utilisant des catapultes pour affaiblir les remparts. A leur tête était un démon, bien plus grand que la moyenne. Il était équipé d’un harnais enflammé, et d’épaulettes sanglantes, auxquelles étaient attachés des crânes dont jaillissaient des pulsations ardentes. Deux ailes ornaient son dos, et son visage était celui d’une espèce de dragon strié de lave. Il portait une ceinture rougeâtre et un sabre qui conservait la même aura que le reste de la créature. Incendius attendait.

Puis il fit envoyer une autre salve de rochers.

------------------------------------------------------------------------------------

Les officiers tentaient de faire rétablir un peu d’ordre dans le bastion affolé, le Commandant demandant l’ouverture des portes et la mise en rang des troupes. Adun se contenta d’envoyer une forte décharge sur la porte, expédiant les deux battants sur les envahisseurs, ce qui permit aux humains de sortir du fort et de repousser en partie les Orcs, avant qu’Incendius vienne se mêler lui-même au combat.

Alors que les épées et les haches s’entrechoquaient, le Titan surgit en ricanant et faucha un premier rang d’hommes de sa lame.
Désespérément, les autres chargèrent dans sa direction, ce qui ne fit qu’ajouter au rire du démon, qui se contenta d’envoyer une salve de flammes dans leur direction, massacrant les infortunés sur son chemin.
Les humains dispersés tentèrent de se replier, pendant que la créature les saisissait un a un, les faisant littéralement fondre dans sa main, jusqu'à ce qu’un bruit se fit entendre derrière elle.

C’était Adun, qui une fois de plus, se dressait devant apparemment plus fort que lui. A son grand étonnement, la créature lui adressa la parole, d’une voix rauque.

« Adun… »

« C’est bien sale bête, tu connais mon nom. »

Incendius serra les dents et empoigna son arme.

« Vous les Humains avez pêché par orgueil. Vous vous mettez en travers de forces qui vous dépassent. Il n’y a d’autre choix que l’extermination. »

« J’ai déjà entendu ça une demi douzaine de fois, démon. Si tu crois que tes flammes de pacotilles m’impressionnent, tu peux venir. »

La créature souffla et d’un bond se précipita sur le sorcier.

D’un sourire narquois, celui-ci barra la route de la bête d’un champ de protection, occasionnant un choc du Titan face à un apparent vide. Le démon frappa plusieurs fois avec sa lame la barrière magique, puis essaya à nouveau de charger, mais sans succès.

Canalisant une importante somme de sorcellerie, Adun s’entoura d’une vague d’énergie, se retrouvant entouré d’éclairs, puis incanta puissamment le tout vers la créature qui ne se préparait pas a un tel choc.
Grièvement blessé au torse, et agaçé par la résistance d’un simple mortel, Incendius envoya plusieurs vagues de flammes a la suite sur le Seigneur-mage, qui, habilement, les redirigea un a un, avant d’expédier une seconde décharge sur le démon.

A moitié désarmé devant une telle force magique et des blessures qui l’empêchaient de se tenir debout correctement, le Titan prépara une invocation infernale qu’il espérait assez forte pour briser l’humain. Partout autour de lui et de sa cible se formèrent d’immense murs de feu s’approchants du sorcier, qui comprit vite qu’il ne pourrait pas résister a cette magie la. Sûr de sa victoire, Incendius se rapprocha du bouclier qui devenait rougeâtre, ricanant à nouveau. Adun profita de cette baisse de concentration pour prendre le contrôle du sort. Les flammes qui transperçaient le bouclier se mirent à tourner autour, en une gigantesque volute s’élevant loin dans les hauteurs de la cavité, avant de se rediriger sur Incendius, tel un cyclone, accompagné d’une considérable charge de foudre magique.

Le sort repoussa le démon sur une dizaine de mètres, le mettant presque hors-combat. Incendius contempla son corps, transpercé de blessures, les ailes à moitié déchiquetées, brûlé par ses propres flammes. Paniqué, il se mit à fuir, criant la retraite à ses troupes.

Les quelques lignes d’Orcs encore indécis protégeant les catapultes ne comprenaient pas ce qu’il venait de se passer. Apercevant Adun, ils le chargèrent rageusement, avant d’être mis en pièce par quelques sortilèges vengeurs.

Glorieux, intact, entouré de ses halos resplendissants des résidus de ses incantations, le Seigneur-mage encourageait ses troupes à la poursuite des fuyards. Il venait de vaincre le grand démon soi-disant responsable de sa mort au nom de qui les Orcs juraient. Plus rien ne pouvait l’arrêter.
Et son visage triomphant, dans ce halo lumineux resterait pour sûr dans les mémoires de chaque citoyen de son Nouveau Monde.
Même si, dans l’état actuel il flottait également dans un sort de vision similaire a celui qu’il avait employé juste avant la découverte des Terres ardentes, et que l’observateur n’avait a priori rien d’humain.

Le globe magique lévitait au dessus d’une main que l’on aurait pu croire humaine, mais qui était considérablement plus crochue et plus malingre. On aurait juré qu’il s’agissait simplement d’os, tellement la peau paraissait absente. Le bras de l’observateur, noir cendres au même titre que la main continuait sur une grande distance au dessus d’un sombre trône difficilement éclairé par la lumière d’une coulée de lave souterraine. Au coude, une longue épine, de la même teneur noire et squelettique se prolongeait, et ainsi en était il également des épaules. Entre ces deux bras, un sommet de corps vaguement humanoïde était la, mais encore une fois, la seule impression qui s’en dégageait était celle de la mort, car le visage était tout aussi cadavérique, et aucune semblance de vie ne s’en dégageait. Le corps lui, semblait normal a première vue, si l’on se contenait de regarder jusqu'à l’équivalent humain des poumons, a partir desquels il se rétrécissait considérablement, avant de finir en quelques fils déchiquetés au niveau du tronc.

L’ensemble était parfaitement immobile sur un trône gigantesque, siégeant au dessus d’un volcan enfoui et contemplant d’un regard sans expression le visage du magicien s’animer. Seules, deux petites flammes jaunes brûlaient lentement dans ses orbites vides. Lentement, le corps noir se mit en mouvement. D’un claquement de doigts, l’image disparu. Quelques secondes, l’être marqua un mouvement de repli en posant ses deux mains sur le bout du trône, puis se mit à s’envoler rapidement en direction du sommet de l’endroit dont il se trouvait – une faille profonde, inaccessible à d’autres êtres qu’a Enlgorm le Porte-mort, Premier parmi les Titans des flammes.

Incendius avait échoué, mais ca n’était la que la première amorce des plans des seigneurs des terres infernales.
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MessagePosté le: 04/11/08 11:54    Sujet du message: Citer

« ZaK’Arian ! »

« ZaK’Arian ! »

Enlgorm hurlait à travers les arcades du bâtiment ou il se trouvait. Il s’agissait du grand Bastion de ZaK’Arian, second Titan des flammes, qui dominait une grande plaine de terre et de coulées de lave.

Remarquant son confrère, le susnommé s’approcha vers lui.

ZaK’Arian était bien moins impressionnant que le Porte-mort. Il dépassait difficilement la taille d’un Orc et aucun morceau de chair ne venait s’ajouter aux os qui constituaient son seul corps, avec, en son centre, un cœur magique émettant une lumière rougeâtre, faisant tenir debout la créature. Tout comme Enlgorm cependant, mais au niveau de la ceinture cette fois, le corps diminuait drastiquement, et lévitait en permanence. La tête était apparemment le crâne d’un Orc, mais doté d’un air plus humain. En somme, a première vue, ZaK’Arian n’était rien de plus qu’un orc mort-vivant dépossédé de ses organes, mais il était erroné de le considérer ainsi.

« Comment est-ce possible ? COMMENT Incendius a-t-il pu se faire vaincre par ce mortel ? »

Enlgorm frappa du poing sur le sol, faisant trembler la salle.

« Allons. J’ai sous-estimé l’humain, voila tout », répondit la voix d’outre-tombe de ZaK’Arian. « Après tout, le fait qu’Incendius soit considéré comme un Titan n’est qu’un don de Ragnar, rien de plus. L’humain n’a eu qu’à affronter un Démon de premier plan, ce qui aurait pu être accompli par un grand dragon. »

« Peu importe. Il doit mourir. Cet… Adun. Il me semble trop sûr de lui, trop ambitieux. Comme si il avait les moyens de s’opposer à nous… »

« Ca ne peut être l’enveloppe du Vainqueur. Même dans les limbes, son énergie refuserait de subsister chez un être ambitieux. Alors chez cet humain la… »

« Non… Je sens autre chose… Mais laissons cela. Tu avais bien raison, nous n’avons pas visé assez haut. Incendius n’est qu’un démon prétentieux, et tant que nous sommes occupés à préparer le retour de notre Seigneur et Maître à tous, autant confier cette tâche a un vrai guerrier, n’est-ce pas ? »

Il marqua un temps d’arrêt, un sourire glacial barrant son visage.

« VAR’ZOK ! »

Le hurlement n’eu pas fini de résonner dans la forteresse, qu’un Orc ouvrait une des portes de la salle pour répondre a l’appel du Titan, avant de s’agenouiller devant le colosse. Il ne s’agissait cependant pas d’un simple Orc. Celui-ci dépassait ZaK’Arian en taille, et disposait d’une musculature hors norme. Ses veines étaient considérablement gonflées et le sang à l’intérieur était visible, laissant entrevoir une véritable fournaise en fonctionnement dans le corps de la créature. Son visage s’approchait de ceux des troupiers démons, garni de plusieurs pointes d’os, et ses quelques cheveux noirs sur chaque coté du crâne, collants a ses oreilles, mettant en exergue son regard de braise lui donnait un air effrayant, rappelant un étrange mélange entre un Orc sanguinaire et un Démon exceptionnel.

« Oui, Porte-mort ? »

Enlgorm sourit, faisant signe a l’orc de se relever et faisant apparaitre une image volatile du visage d’Adun au niveau de celui de son serviteur.

« Var’zok… Mon champion. Incendius a échoué à sa tâche. Son rôle était de détruire cet homme. Je veux que tu le fasses. Prend avec toi tout ce dont tu jugeras avoir besoin et abat le. Kresh’kar te fournira les renseignements nécessaires sur lui. Ca sera ta dernière tâche avant de pouvoir te considérer comme le nouveau Champion des Terres ardentes. »

Le regard de l’Orc perdit soudainement sa cruauté précédente pour paraitre heureusement surpris. Cela ne dura qu’une poignée de secondes, mais suffit a Enlgorm pour comprendre qu’il tâcherait de ne pas le décevoir.

« Que votre nom soit prié mille fois Porte-mort. » fit l’Orc en s’inclinant une dernière fois. « Sa tête ornera le Hall des Firemaw d’ici peu, soyez en assurés. »

Enlgorm désigna le pendentif que portait l’orc brièvement, qui représentait le visage du Titan, le faisant luire d’une énergie ardente, puis claqua des doigts, pour ordonner à son champion de se mettre en route.
En s’écartant de son maître, Var’zok n’avait pas la moindre pensée de haine ou de pitié pour sa cible. Il le considérait simplement comme une autre formalité.

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Adun faisait face à un dilemme : Il se trouvait dans les rues de Cavenfer, sur son cheval, avec la volonté impérieuse de parler a Taenil des derniers évènements, et en même temps, il était entouré d’une plèbe grouillante qui s’extasiait sur son passage. Il n’avait pas d’autre pensée pour eux que du mépris à les voir se déplacer là, dans des apparences de pauvreté, sans la moindre ambition et aurait bien aimé faire dégager ces manants d’un sort, mais il ne pouvait pas se le permettre. Non, il fallait être aimable avec eux, se montrer comme un brave dirigeant a l’écoute de la populace. Si l’hypocrisie faisait partie intégrante de ses activités quotidiennes, le sorcier n’avait pas de temps à perdre. Se décidant à abandonner son cheval dans la rue, il sauta terre parmi les badauds, fit signe à son escorte d’en prendre soin, et s’envola brusquement en direction du toit le plus proche, provoquant les admirations répétées de la population. Quels idiots. Ils n’avaient jamais vu de mage utiliser ça ?
Abordant un grand sourire a ce qui ressemblait d’en haut a un tas d’insecte, le Seigneur-mage atténua un peu la puissance du sort et partit en direction du donjon, en survolant la moitié de la ville.

A quelques mètres de l’endroit où il s’était envolé, un groupe de soldats fraîchement arrivés discutaient.

« Ah ah, lui au moins il sait y faire avec les rues trop remplies ! »

« Pour sûr ! Le régent de la capitale serait passé de force avec ses gardes pour se frayer un chemin dans le peuple, mais lui, il fait ça avec classe et bonne humeur ! »

« Oh les gars, vous croyez quand même pas que quand il vous regarde avec son grand sourire la, il le pense vraiment ? »

Les hommes tournèrent leur tête vers celui qui contestait leur modèle.
« Arrête Valmoore. Adun n’est pas comme les autres ! Il se met en première ligne, il soutient les hommes, il pense vraiment à eux ! »

Contestation d’un des troupiers, légèrement bossu et aux traits déjà gris malgré son âge relativement peu avancé.

« Khenan… T’es toujours à penser que les politicards s’intéressent vraiment au peuple ? Il fait comme les autres, c’est juste qu’il le fait mieux. Mais il le fait bien, je suis d’accord. »

Khenan, homme blond dont les traits laissaient deviner qu’il s’approchait de la trentaine se défendit :

« Non, Thaddius, non, je suis persuadé que c’est quelqu’un d’intègre. C’est pas de la propagande ! T’as pas écouté les histoires des hommes du 3ème corps à l’hôpital de Verenath ? Ils le disaient eux même ! Ce type a abattu un dragon et toute une armée d’orcs furieux ! »

Les trois quart de la brigade s’attardèrent en « Ouais ! » ; « Bien dit ! » ; « C’est un héros ! », sauf les deux précédents, et un troisième, aux longs cheveux blancs qui descendaient sur ses épaules :

« Oui…C’est un héros… Dans un sens. Il est parvenu à faire croire a toute une population qu’il y’avait un jour meilleur ici alors qu’on ne sait pas dans quoi on va. J’ai du respect pour cet homme, mais il n’est pas question que je défende ces principes. »

Encore une fois, la majeure partie de l’escouade partit dans le sens du Seigneur-mage, persuadée qu’il s’agissait la du dirigeant le plus humain qu’ils pourraient trouver.

« Hey, Valmoore, Thaddius et Nazremous, ca vous dirais pas d’aller vous chercher une bière histoire de vous détendre un peu ? Vous avez l’air complètement stressé la ! », intervint le capitaine du groupe. Les trois secouèrent la tête négativement.

« Bon, bah cette discussion est close alors. En avant les gars ! », reprit l’officier. « Normalement, vous avez eu vos directives concernant vos logements. Je vous veux demain à neuf heures à la caserne ! »

« Heu, chef… C’est quand demain ? Nan, parce que y’a pas de soleil ici. »
Le capitaine fut gêné un instant.

« Euh… Je… Rah, d’ici 12 heures je vous veux tous à la caserne, point barre ! »

La troupe se dispersa, chacun partant rejoindre les logements attribués, ou qu’ils avaient indiqués auparavant, au cas ou ils connaitraient des gens dans la ville. C’était le cas de Khenan et de Valmoore, la famille de ce dernier résidant déjà dans Cavenfer.

Cavenfer, qui grandissait exponentiellement. Les premières murailles étaient déjà dépassées par les flots d’habitants, qui s’installaient sous des tentes grossières en attendant qu’on daigne s’intéresser à eux. Des flots d’immigrants venaient, attirés par les échos de victoire et de gloire.

Taenil gérait l’organisation démentielle comme il le pouvait, la masse humaine devenant bien trop importante pour être gérée par l’administration embryonnaire. Déjà, on était obligé de filtrer l’entrée dans la mine, pour s’assurer que les migrants maîtrisaient la langue de Taer, car pour une administration rustique, rien de pire que des citoyens incapable d’en comprendre les règles.

Adun lui confia la tâche de rénover le système. Par lui-même, il ne pouvait pas s’en assurer pour les quelques jours à venir, il comptait superviser les opérations militaires et reconsidérer les défenses des garnisons de frontière suite a l’assaut mené par Incendius. Il se refusait à prendre le moindre risque, se répétant en permanence que s’il n’avait pas été là, la place-forte aurait été ravagée par la créature seule.

Par ailleurs, il indiqua avec insistance au Général Venkas combien les mages étaient précieux et imposa de doubler la puissance des enchantements, ou le nombre de mage par zone. Déjà, on comptait quelques gens morts étouffés chez eux ou dans la rue par la chaleur, parce que les sorciers n’avaient pu traverser à temps les rues bondées de monde, sans parler des quelques maladies qui étaient apparues – rapidement jugulées, mais que le Seigneur-mage voyait comme un danger potentiel si les habitants des terres ardentes venaient à les utiliser comme arme.

Avant de conclure sa visite, il ne put réprimer l’envie de descendre dans les cachots du donjon assister à l’effacement méthodique d’un prisonnier qui avait contesté son droit à édicter des lois sans l’accord du roi, pendant qu’au dehors, une foule enthousiaste scandait son nom. Et il se délectait de voir le contestataire s’affoler au fur et à mesure que les greffiers feuilletaient consciencieusement les registres, faisant disparaitre toute trace de l’existence d’une opposition au régime.

Mais tout de même, il se décida à partir avant la fin de la longue procédure. Il fallait garder une certaine mesure dans ses émotions. Pas trop de joie. Pas trop de temps perdu. Pas trop de ce type de mesure. Après tout, il fallait laisser l’illusion à la population et se débarrasser de la vermine autochtone qui occupait encore ses terres. Il n’était pas un dieu. Pas encore tout du moins.

Et avant même de faire disparaitre cette vermine, il lui restait quelques obstacles. Ses anciens ennemis faisaient surement leur possible dans les terres extérieures pour lui nuire, et l’un d’entre eux était même venu ici. C’était le Haut-Père Igor Berthen qui l’en avait informé.

Fallas Valandre était la.

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Une fois de plus, le Seigneur-mage traversait les ruelles de la cité humaine, accompagné de Berthen et Taenil, dans le quartier Clérical. Adun détestait cette partie de la ville, remplie de ce qu’il ne considérait que comme des illuminés, qui lui servaient principalement a mieux contrôler le peuple, via la Sainte Parole d’Igor Berthen.

Le contrôle caché du sorcier s’était cependant peu a peu relâché ces derniers temps, suite a ces inspections du front et l’arrivée progressive de prêtres moins fanatiques. Il avait d’ailleurs été de prime abord surpris par le fait que le premier envoi de Valandre se laisse tromper si facilement. Les suivants, moins embrigadés furent également moins enclins a écouter le faux Haut-Père, qui remplissait son rôle plus que convenablement.

La faiblesse de la griffe du Seigneur-mage n’avait cependant que peu affecté le message que les religieux transmettaient au peuple, qui prêchaient un avenir meilleur et la foi en la victoire des humains sur les monstres des terres ardentes. Ce qui changeait, c’était la description héroïque et quasi-divine que les prêtres faisaient d’Adun, mais depuis sa victoire sur Incendius, il ne s’inquiétait plus de son image auprès du peuple.

Au milieu des maisons à colombage apparaissait la Chapelle de Cavenfer. Malgré son titre, elle avait été maintes fois agrandie et égalisait la superficie de certains des plus grands bâtiments. L’endroit grouillait littéralement de prêcheurs et d’aspirants. Adun ne pu retenir une grimace.
Berthen désigna deux hommes à quelques mètres du groupe, avant de partir à leur rencontre.

Le premier d’entre eux, qui tenait en main quelques papiers, était relativement jeune, d’un point de vue de sorcier, et n’avait pas la quarantaine. Il était brun, laissait pousser sa moustache, et avait l’air très sûr de lui. Son accompagnateur laissa Adun surpris pendant quelques instants, avant qu’il ne réalise qui il avait réellement en face de lui.
La dernière fois que Fallas Valandre avait croisé la route de celui qui dirigeait désormais les terres ardentes, il approchait des cinquante ans. Comme lui, la magie l’avait préservé de la mort, en ralentissant sa vieillesse. Mais la ou le Seigneur-Mage paraissait encore jeune, le Haut-père était une épave.

Il tenait difficilement debout, appuyé sur sa canne, et tout son visage était ridé, creusé par la vieillesse. Ses yeux s’ouvraient difficilement, et sa bouche, qui s’ouvrait légèrement régulièrement à cause d’un tic nerveux n’affichait que quelques dents. Courbé et tremblotant, il était cité comme modèle de vertu et d’acharnement pour la Foi par nombre de prêtres. Il portait une simple toge blanche, impeccable de propreté, dont les seuls plis étaient ceux imposés par sa posture.

Au premier abord, le Haut-Père Valandre n’était plus qu’un vieux fou hagard. Mais en croisant son regard, Adun perçu une étincelle de malignité, profondément enfouie dans le regard ahuri du vieil homme. Il tenta de raisonner rapidement, pour déterminer si il était réellement la pour répandre la parole divine, ou si il aspirait encore a la vengeance. Après tout, cela faisait près de quatre-vingt ans qu’ils ne s’étaient rencontrés. L’homme qui l’accompagnait l’intriguait, mais il n’y prêta pas attention longtemps.

Rendu devant le Haut-Père, il prit son air le plus jovial possible, feignant de ne pas se souvenir de lui et lui tendant vigoureusement sa main.
Souriant sinistrement et tremblotant de tout son être, Valandre accepta la poignée, et articula péniblement, d’une voix chevrotante :

« Seigneur-mage… Cela… faisait longtemps. »

Un peu déconcerté, son ancien adversaire serra la main du vieillard, et répondit :

« Ah, oui, je me souviens de vos début dans la capitale, à Taer ! Et félicitation pour votre accession au rang de Haut-Père, c’est… »

« Plus… justifiée… »

La voix faiblarde du prêtre avait interrompu la phrase du sorcier, et il peinait a terminer.

« Que celle de ce… Berthen… »

Lâchant la main d’Adun pour se réappuyer sur sa cane, Valandre leva la tête vers celle d’Adun, qui le dominait de quelques dizaines de centimètres, lui décochant un regard féroce depuis un seul œil, sans arriver à maintenir les deux ouverts.

« Vous… n’êtes pas un religieux fervent, Adun… Il a été… incapable d’assurer les offices… les plus élémentaires qu’un prêtre de ce rang devrait connaitre. »

Berthen leva les épaules vers le Seigneur-mage pour signifier qu’il ne voyait pas de quoi il parlait. Ricanant, le tremblotant Haut-Père continua :

« C’est… mon conseiller qui les lui a posé… Discrètement… mais vous n’êtes pas digne de cette tâche, monsieur Berthen. Nous ne vivons que par Sa Grâce… et si nous le fâchons… Son courroux ne nous épargnera pas…»

Les prêtres qui assistaient à la discussion murmurèrent, alors qu’Igor se récriait. Le conseiller, l’air légèrement agaçé, montra les papiers qu’il tenait en main depuis le début, et commença, de sa voix grave :

« Il a été constaté en effet que durant chaque instant de sa présence dans l’Eglise, le désormais simple officiant Igor Berthen a prouvé son incapacité à valoir son titre de Haut-Père. Effectivement, il à reconnu ne pas faire pratiquer la prière journalière au lever du soleil ; symbolisant la bénédiction du Grand pour les êtres vivant, et il n’a pas non plus fait consumer chaque jour le poids règlementaire d’épice des Herbes Saintes. »

Affolé par ce procès improvisé, la marionnette d’Adun répliqua comme elle pu :

« Mais… Il n’y a pas de jours et de nuits ici ! Comment vouliez vous que nous célébrions le lever du soleil, et pour les herbes nous n’en avons pas, et… »

« L’astre… divin ! »

Valandre pointait un de ses doigts desséchés vers Berthen, et faisait bouger sa canne dans l’air de l’autre main, comme pris d’une quelconque crise.

« C’est… ainsi qu’il faut le désigner… le soleil… à votre rang…. »

Le groupe qui assistait à la scène murmurait, jurant que le Haut-père était pris d’une inspiration divine. Contre toute attente, en dépit de sa faiblesse apparente, celui-ci cria à haute voix :

« Imposteur ! »

Reculant, apeuré et surpris par la soudaine vigueur du vieillard, Berthen fut saisi par deux aspirants prêtres qui l’entouraient. La situation échappait au contrôle du Seigneur-mage. Il fallait reprendre tout ça en main.

« Assez ! » dit-il d’un ton impérieux. « Berthen, rendez vous immédiatement au donjon et attendez moi la bas, je m’occuperais de votre châtiment. »

Pendant que celui-ci, espérant que le sorcier se montrerait miséricordieux, quittait la foule, Adun reprit.

« Je suis désolé, Haut-Père. Nous n’avions… personne. Et il était le seul à connaitre quelques un des rites, son passé était exemplaire… »

Voyant que Valandre allait continuer son travail de sape, il continua, a très haute voix :

« Et je demande au peuple de Cavenfer si il a été fait preuve d’un seul péché de la part d’Igor Berthen ! Non ? Pas de réponse ? Vous vous souvenez surement de son dévouement et de sa ferveur, mais il n’était la qu’en remplacement, pour combler l’attente d’un digne représentant, comme sire Fallas ! »

Il termina sur une révérence devant le grimaçant Haut-Père, satisfait de l’effet produit parmi les religieux autour. Une fois encore, ils discutaient. Il ne se souvenait pas avoir eu autant de mépris pour les masses depuis longtemps, ces idiots en étaient presque à suivre les demandes du dernier à parler. Mais soit, il était simplement la avec un groupe de religieux, fanatiques pour la plupart sans doute, galvanisés par la présence de deux des grandes figures du royaume.

Retournant à son air sénile du départ, Valandre pointa Adun.

« Un… véritable croyant… n’aurais pas nommé de dirigeant ainsi. »

Puis il se mit à partir en direction de la chapelle, faisant signe aux prêtres de se disperser. Taenil murmura à l’oreille de son compagnon :

« Le vent tourne… »

« J’ai vaincu cet avorton plusieurs fois. La, il tente juste de me faire peur. Il n’y arrivera pas. »

« Par contre, son conseiller… »

Adun hocha de la tête avant de repartir vers le donjon, laissant Taenil seul. Cherchant l’accompagnateur de Valandre, le compagnon du Seigneur-mage il se dirigea vers lui discrètement, comme a son habitude, pour finalement mettre sa main sur son épaule, comme a un vieil ami à qui on voudrait faire des confidences.

« Je dois dire que j’ai été assez impressionné par la vigueur et la force du Haut-Père… Dites moi, comment vous appelez vous ? »

« Errick. Errick Vahalaar. »

« Vous semblez avoir quelque relation avec lui… »

« Je l’accompagne dans ses voyages à travers les terres ardentes, simplement. »

« Parce que vous savez, je désapprouve fortement la politique du Seigneur-mage… »

-------------------------------------------------------------------------------------

Khenan et Valmoore étaient attablés dans une pièce faiblement illuminée, avec Jurgot Mendren, le cadet des deux chasseurs, pendant que la maitresse de maison apportait le repas.

Khenan observait la maison, construite uniquement en bois. C’était là la première habitation solide des frères Mendren lorsque Cavenfer avait commencé à se développer. Elle était petite, ne comprenait qu’un étage avec quatre pièces de faible dimension, mais elle était située près de la caserne de la ville, et ca suffisait aux deux soldats, à qui Jurgot laissait le bâtiment. Il s’était considérablement enrichi ces derniers mois, et disposait désormais, outre une grande maison en pierre, de plusieurs bâtiments dans les anciens comptoirs ; devenus villes, et d’un accès spécial aux chambres du donjon, offert par le Général Venkas.

Cette richesse avait fait perdre une grande partie de son aura d’homme libre à Jurgot, qui servait maintenant le gouvernement par un contrôle tout aussi invisible pour la majorité de la population, qui se basait sur ses possessions. En tant qu’employeur, financier et propriétaire de logements, qui manquaient toujours, l’homme d’affaires était un soutien puissant au régime.

Son frère, quand a lui, préférait poursuivre la chasse et la découverte, aussi bien par gout que par volonté de soutenir les dirigeants. Il n’aimait guère l’urbanisation affolante de la capitale des terres ardentes et pensait que, le moment venu, avoir gardé une image d’homme libre et neutre serait largement plus profitable que celle de bourgeois ayant renié les origines de son succès.

Malgré tout, les deux gardaient bonne entente, pour la plus grande joie du Général, dont les soldats énervaient les trappeurs, et d’Adun, qui appréciait chaque once du peuple sous son contrôle.

Les premiers plats arrivèrent sur la table.

« C’est du rôti de salamandre. » commenta Jurgot. « J’affectionne ce plat vous savez. C’est moi qui ai trouvé les spécimens comestibles. »

Valmoore et Khenan hochèrent la tête, laissant l’homme d’affaire continuer :

« Les salamandres des flammes sont des bêtes féroces voyez-vous ? La première que j’ai tuée faisait quatre fois ma taille, et elle fonçait sur moi en rugissant, renversant les champignons sur son passage ! J’ai cherché mes flèches dans mon carquois, mais je n’en avais plus aucune de magique ! J’ai dû en décocher une normale, en plein milieu des yeux de la bête alors que je pouvais sentir son souffle chaud juste devant mon visage ! »

Khenan écoutait le récit alors que Valmoore se contentait de manger indifféremment son plat. Attendant visiblement une réponse plus exaltée de la part de ses interlocuteurs, Jurgot reprit, avec encore plus de verve :

« Et c’est comme ça que j’ai acquis mon premier surnom. J’étais Jurgot le grand chasseur, et plus seulement Jurgot ou Mendren, et… »

« Comment t’as fais pour passer la peau écailleuse avec une flèche classique, d’un coup ? Les bêtes ont un renforcement de leurs écailles à cet endroit. »

L’ancien chasseur reposa brusquement son morceau de viande, surpris par l’intervention de Valmoore

« J’ai… J’ai du bien viser c’est tout. Allons Valmoore, tu ne remettrais pas en cause les paroles de ton oncle hein ? N’est-ce-pas Eva que c’est ce qu’ils disaient, les autres chasseurs ? »

« Je te crois, c’est bon. », répondit calmement son neveu d’un ton calme, mordant a pleine dents dans son filet de salamandre.

L’homme d’affaire termina son plat, puis se leva lentement, montrant son embonpoint naissant. Il prit une grande inspiration, puis, d’un air grave asséna :

« Bon, j’ai des affaires qui m’attendent au donjon, je vais vous laisser la maison pour quelques mois, j’aurais besoin de la louer tôt ou tard. Eva me rejoindra à mon Manoir à la place centrale. Bonne continuation !»
Khenan resta assis le temps que Jurgot et sa femme quittent l’habitation, le laissant seul avec Valmoore.

« Il a l’air doué ton oncle. »

« C’est un vantard. » maugréa son compagnon.

« Je veux dire, pas seulement a cause des ses récits de chasse, mais ce qu’il a fait a partir de rien, il est devenu riche et respecté. »

« Il est comme les autres. Il est lié au pouvoir d’ici. C’est un pion de plus pour nous faire idéaliser le gouvernement et garder le calme. »

Le jeune soldat observa le plafond, qui suintait légèrement.

« Il ne vaut pas mieux que Zerendis. »

Khenan, presque outré, bégaya un début de phrase :

« Tu es trop paranoïaque, je suis sûr que ce sont des hommes bons, et… »
Valmoore, qui débarrassait la table le coupa d’un geste, soupira et répliqua sèchement :

« Tu es trop naïf. Je sais ce qu’il se passe réellement ici, et je sais qu’en tant que soldat, on se contentera de mourir comme de la chair à canon. »

-------------------------------------------------------------------------------------

Une dizaine d’hommes étaient réunis dans une petite salle de pierre, illuminée d’une seule fenêtre ; qui donnait sur une grande forêt de conifères des terres extérieures. Quelques torches ajoutaient un peu de lumière à celle du lever du soleil qui peinait à rendre visible la scène.
Ils étaient tous âgés, à l’exception de l’un d’entre eux et affichaient un même air grave.

Arborant une courte barbe noire, l’un d’entre eux prit la parole :

« Finalement, c’est lui qui nous a bien eu. »

Serrant les dents, un vieillard à qui il ne restait que quelques cheveux gris laissa échapper une courte réponse :

« Ca ne m’étonne même pas. »

Un autre répliqua :

« Il devait le savoir. »

« Il n’avait aucune manière d’imaginer ça. Personne ne le savait. »

« Ca n’empêche que la situation est la même qu’avant, sauf qu’il est hors d’atteinte cette fois. »

« Il y’a toujours le Roi. »

« Nous ne sommes plus qu’une quinzaine à en vouloir a Adun, les autres sont morts de vieillesse depuis. »

« Valandre doit être arrivé depuis longtemps. Je suis sûr qu’il ne faudra pas longtemps pour que… »

« Valandre n’est qu’un croulant parmi d’autre, que voulez vous qu’il fasse seul contre quelqu’un qui l’a manœuvré pendant des dizaines d’années, et sur son propre terrain en plus ? »

La discussion était animée, et presque tout le groupe parlait. Seul le plus jeune restait a l’écarte, et regardait par la fenêtre, l’air absent.

« Il s’est assez moqué de nous, il doit mourir ! »

« Et qui dirigerait les nouvelles terres pendant ce temps ? »

« N’importe lequel d’entre nous ! Le principal est de se débarrasser pour toujours de ce vieux fou ! »

« Non, pas n’importe lequel ! Je vois ou vous voulez en venir Commandant ! Vous espérez que ce soit votre Venkas qui dirige en votre nom, mais vous ne me duperez pas ! »

« Mais comment voulez vous l’atteindre physiquement ? Nous avons à peine une poignée d’informateurs la bas, et il n’est entouré que d’homme qui le suivent depuis des mois ! »

« Valandre sera assez malin pour renvoyer cette ordure dans l’oubli ! »

« Je vous dis qu’il faut mettre fin à sa vie, maintenant ! »

L’un des conjurés se leva pour prendre au col le dernier qui avait parlé. La discussion avait dégénérée et était quasiment incompréhensible, et elle menaçait de se transformer en pugilat.

« Vous ne nous manipulerez pas ! »

« ASSEZ ! »

C’était le plus jeune des participants qui venait de prendre la parole et qui faisait face au groupe. La colère empourprait son visage, mais tous s’étaient tus après sa prise de parole.

« Vous ne réalisez pas que vous faites son jeu ? IMBECILES ! »

Le reste des hommes baissa le regard, redevenant graves et silencieux.

« Je commence à comprendre comment il a pu tous vous humilier pendant des années ! Je dois vous rappeler tout ce qu’il vous ravi, alors qu’il était seul contre tous ? »

Il marcha dans la salle, agitant la main.

« Vous parlez de le tuer, mais vous avez perdu l’esprit ? Vous voyez autre chose que votre intérêt personnel ? Rasseyez-vous ! »

Il attendit que chacun reprenne sa place avant de repartir, à peine plus calme.

« Il y’a une guerre en bas. Sous nos pieds, en ce moment ! Vous vous rendez compte que nous n’avons personne pour diriger cette parcelle de terre ? Aucune cohésion, aucune chaine d’informations. Le Roi même se satisfait du minimum d’informations et se contente d’envoyer des troupes. »

Le vieillard qui fut le premier à prendre la parole commenta à voix basse :

« Cette lignée ne vaut plus rien depuis Taerevath de toute façon. »

« Peu importe ! » répliqua sèchement celui qui faisait visiblement autorité dans le groupe. « La Ligue des Espions ne s’intéresse pas simplement à votre pays ! »

Il peinait à rester calme.

« Si la Ligue a jugé nécessaire de détacher deux de ses éléments, ca n’est pas pour faire plaisir à un groupe de pauvres nobles séniles ! Notre seul but est l’intérêt global, et pour vous de refaire disparaitre le Seigneur-mage… Cela viendra à temps ! »

Les conjurés grognèrent.

« Et si la Coalition a été formée avec la participation de la Ligue, c’est parce que le Seigneur-Mage était dispensable. Vous croyez que nous pouvons nous permettre d’ouvrir le chemin à des hordes de créature qu’aucun d’entre vous n’a rencontré ? »

Il fit demi-tour vers la fenêtre, se tenant la tête d’une main.

« La seule raison pour laquelle Zerendis nous est problématique, c’est qu’il est actuellement seul et incontesté dans les terres ardentes, et que sa mort entrainerait la perte de tout contrôle des colonies. »

Arrivé à la fenêtre, il fit volte-face.

« Surtout à cause de nobliaux sans importance comme vous ! »

Il fit une courte pause, le visage fixé par les airs énervés du reste de la salle.

« Ne discutez-pas ! Vous êtes tous remplaçables ! Vous êtes la parce que nous voulons tous qu’Adun ne redevienne qu’un souvenir, mais tant qu’il est a la tête de cette province, il ne faut prendre aucun risque avant que nous n’ayons assez infiltré ses rangs pour le faire disparaitre. En attendant, je me demande même pourquoi je vous ai laissé envoyer Valandre là bas, il serait capable d’attenter au Seigneur-Mage, et la Ligue n’aimerait pas. Oh, je vous vois bien ricaner, mais n’oubliez pas : Tant que nous n’avons pas le contrôle, vous êtes un confort pour nous. Rien de plus. Nos accords viendront ensuite. »

Un des conjurés se leva.

« Dans ce cas, réglez le cas de Zerendis vous-mêmes ! A l’époque, Taerenas avait trop de foi en son conseiller pour que nous puissions le discréditer. Son exil nous a suffit. Mais maintenant, nous réclamons sa mort ! »

« Alors c’est vous qui devrez agir sans nous ! La Ligue n’apprécierait pas le chaos que cela engendrerait, et n’oubliez pas ce que vous subiriez par la suite ! »

« Pardonnez-moi… »

C’était un homme qui venait d’ouvrir la porte qui avait pris la parole. Il portait une tenue rouge, et des cheveux de la même couleur. Une légère moustache pointait, et il était indiscutablement plus jeune que n’importe lequel de ceux qui étaient présents dans la pièce. Immédiatement, chacun des conjurés dégaina sa lame ou fit crépiter quelques étincelles magique autour de lui, mais le nouveau venu se contenta de rire doucement.

« … mais j’ai une petite idée sur la manière de régler définitivement le problème que pose cet Adun…. »

-------------------------------------------------------------------------------------

« Seigneur-mage ! Je… Je ne vous attendais pas de sitôt ! »

« C’est normal commandant, cette visite n’était pas prévue. »

L’interlocuteur d’Adun était un homme âgé de taille moyenne, arborant quelques médailles. Il s’agissait du commandant de la garnison de Taerenath, une petite installation humaine au sud des Canyons de flamme, que le sorcier inspectait.

Les deux se trouvaient dans la cour de l’avant-poste, qui ne contenait que quatre grands murs disposés rectangulairement, et un gros bâtiment principal accolé au mur sud.

« Vos hommes ne sont pas très en forme on dirait. »

« Non Monseigneur… Nous n’avons pas beaucoup de troupes, et les relais de tour de garde ne sont pas évidents a gérer, et… »

« Suffit. Montrez-moi le donjon maintenant, je n’ai pas beaucoup de temps devant moi. »

« Bien Sire ! »

Pendant que les humains entraient dans le bâtiment, Var’zok contemplait du haut d’un des sommets du canyon les murailles humaines.

« Ca sera facile. »

Il se tourna vers ses troupes. Rien que quelques dizaines d’Orcs menés par quelques démons, le tout monté sur des Greïsts, des grands quadrupèdes faméliques au corps rouge et au visage de lézards. Il contempla un instant le pendentif puis sortit son sabre, ordonnant l’assaut
.
Les quelques sentinelles postées sur les remparts observaient la masse guerrière avancer vers eux, mais ils ne voyaient aucune trace de magiciens ou d’arme de siège qui pourrait enfoncer la porte parmi eux. Quelques cris d’alertes fusaient, mais le bastion restait calme.

Arrivé a une trentaine de mètres de la porte, Var’zok remarqua les premiers tirs d’archers. Cela le mit en confiance, il ne devait pas y’avoir beaucoup de sorciers chez les humains. Saisissant le pendentif a la main, il le dressa vers la porte, provoquant un énorme rayon magique qui expulsa la herse dans la cour. Ensuite, il leva le médaillon, provoquant une protection autour de ses troupes, permettant a son armée d’entrer dans la forteresse, fauchant les soldats qui sortaient péniblement de leur engourdissement. Les premiers rangs furent décimés, mais d’autres renforts arrivaient déjà.

Narguant les défenseurs, Var’zok réutilisa le pendentif pour massacrer quelques lignes de troupe, puis détruire les tours.

Adun, quand a lui se précipitait dans les couloirs du donjon, peu rassuré par les échos de la bataille. Arrivé dans le hall, il eut à peine le temps de voir le rayon frapper le toit, provoquant l’effondrement brutal de la salle, lui bloquant le passage.

Il se tourna immédiatement vers le commandant.

« Cette sortie est bloquée. Par ou peut on sortir ? »

« Par les remparts ! Il y’a un accès aux murailles intérieures depuis les extrémités du bâtiment. »

« Alors, qu’est ce que vous attendez ? Emmenez moi la bas, immédiatement ! Soldats, suivez moi ! »

S’engageant dans l’intérieur des murailles, à la tête d’une dizaine d’hommes, le Seigneur-mage entendait les bruits de bataille à l’extérieur. Finalement, le couloir s’arrêtait à un escalier sous une des tours de défense. Incapable d’attendre plus, il monta rapidement les marches, tombant nez à nez avec un Orc qui venait de tourner le dos. Il saisit la bête, et l’expédia dans la cour, entourée d’éclairs, avant de sentir la menace de plusieurs épées dans son dos.

-------------------------------------------------------------------------------------

Le groupe d’Adun était la, capturé dans la tour, forcé à déposer les armes, sous le regard de ses geôliers. Réalisant qu’ils ne pouvaient pas les comprendre, le sorcier murmura une instruction de signal, avant qu’un orc plus grand que les autres ne fasse irruption dans la pièce.

« Ah… Le grand Adun qui cause des soucis a notre maître. »

« Tiens donc, les Orcs apprennent à parler l’humain maintenant ? », lui répondit le mage.

« Arh arh. Vous vous imaginez que vous êtes les seuls à savoir utiliser la magie ? Mes maîtres peuvent tout ! »

Voyant que l’humain restait silencieux, Var’zok se retourna, demandant a un démon d’apporter la Hache rituelle.

« Vous voyez, sorcier. Vous avez eu tort de rester dans ces terres. Vous allez me servir à accéder à la gloire éternelle. »

Pas de réponse.

Var’zok haussa les épaules, avant qu’un autre orc n’entre dans la salle, distrayant brièvement les gardes.

« MAINTENANT ! »

Le Seigneur-mage envoyât une impulsion d’éclairs qui fit voler jusqu’aux murs tout les orcs dans la pièce. Les soldats se jetèrent sur leurs armes tombées, entrant dans un farouche corps a corps avec les créatures qui appelaient à l’aide.

Var’zok se releva, fixant son adversaire, empoignant le pendentif qu’il fit briller.

Concentrant son attention sur lui, Adun attira toutes les énergies magiques en suspension dans l’air pour les canaliser, émettant d’un bras dressé un puissant flot de sorcellerie brillant vers l’Orc qui, grâce au pendentif, résista. La lueur orange autour de lui le protégeait de la magie du sorcier, et la bête parvint à faire quelques pas en avant, dégainant son arme de l’autre main.

Réalisant que ca n’était pas assez, le Seigneur-mage invoqua une seconde vague de sortilèges. Des flots d’énergie jaillissaient de ses yeux, sa barbe était parsemée de fragments magiques lumineux, et son rayon se renforça.

Cette fois, l’Orc ne pouvait pas lutter et fut obliger de céder du terrain.
Mais Adun était déterminé. Se laissant envahir par une vague de magie pure, resplendissant d’une surcharge lumineuse, il expédia à son adversaire une formidable dose de sorcellerie qui brisa le mur derrière lui et l’expédia dans la cour, le tuant net.

Contemplant ses bras, dont les veines mêmes faisaient couler des résidus d’incantation, Adun se retourna vers les remparts, ou une rangée d’Orcs se dirigeait vers eux, menés par un démon. Le sorcier se contenta de se tenir seul à l’entrée des remparts, le reste de la troupe derrière lui.

Arrivé devant lui, le démon hurla, dégainant une hache et se préparant à frapper.

Adun se contenta d’un

« Ha ! »

Avant de dresser les deux bras devant lui, consumant instantanément le groupe ennemi dans une vague magique bleutée. Envahi littéralement par la sorcellerie, le Seigneur-mage fit quelques pas sur les remparts, contemplant la cour ou les Orcs surveillaient les prisonniers. Levant les deux bras, il expédia une vague d’éclairs sur toutes les créatures des flammes qui tentaient de fuir, les brûlants tous sur le coup.

Enfin, enfin, la magie disparu. Il ne restait plus que des humains et le corps déchiqueté de Var’zok au milieu de la garnison.

Des acclamations euphoriques se firent spontanément pour le Seigneur-mage, de la part de tous les survivants, scandant son nom le plus fort qu’ils pouvaient pour leur héros.

Adun ne se sentait plus de raison de craindre quoi que ce soit.
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MessagePosté le: 03/12/08 11:55    Sujet du message: Citer

Mais cette joie du Seigneur-mage ne dura qu’un temps. Il revint rapidement à son comportement habituel lorsqu’il commença à étudier le pendentif de l’orc. Il était infusé d’une profonde magie qu’il ne connaissait pas, et qu’il ne parvenait pas à détacher de l’objet. De sorte à l’agacer encore un peu, le médaillon émettait un signal de lien qui donnait à celui qui le recevait sa location.

A n’en pas douter, le créateur de cet objet était un des Titans, mais lequel ? Il ne se souvenait pas avoir vu en Incendius la puissance et la patience nécessaire pour élaborer un sortilège semblable.

Mais il devait rentrer à Cavenfer. Sans même prendre en compte la présence d’un de ses anciens ennemis, l’orc avait réussi à savoir où il se trouvait, tout comme le Titan. Adun détestait les traîtres par-dessus tout.

-------------------------------------------------------------------------------------

« Taenil ! »

Le Seigneur-mage venait d’entrer précipitamment dans la pièce ou il régissait habituellement son territoire. Taenil, comme d’habitude, se trouvait assis au bureau, affairé aux nombreux soucis de gestion des terres humaines, auxquels s’ajoutaient les différents problèmes qu’ajoutait avec plaisir le Haut-Père Valandre.

« Oui ? »

« Quelque chose ne va pas ici ! C’est la deuxième fois que j’échappe à une attaque menée directement contre moi ! »

« Tu penses qu’il y’a un espion ? »

« Sans doute. Je veux que tu examines tout les services du palais, des généraux aux cuisiniers. Ensuite, demande aux mages d’inspecter tout les flux magiques qui émanent d’ici. »

« Si il y’a un traitre parmi eux, je doute que ca soit très utile. »

« Ce que je veux, c’est qu’ils quittent leurs appartement pendant que j’irais les visiter moi-même. A mon avis, quelqu’un se sert des lignes magiques que j’ai fait tissé entre ici et chaque avant poste. »

« Oui… Mais si il y’a un traître, c’est qu’il y’a une motivation. L’envie de pouvoir, la peur, la folie peut être ? Tu penses qu’il pourrait s’agir d’un suivant de Valandre qui pactiserait avec l’ennemi ? »

« Seul Fallas lui-même pourrait faire ça, il n’a plus rien à perdre en dehors de sa vengeance. Ses suivants sont tous des fanatiques qui le tueraient net si jamais il osait plaisanter sur le sujet ou bien de simples prêtres qui ne pourraient supporter de voir une seule de ces bêtes en face. Et il n’y en à pas un seul qui soit admis au donjon, et qui ait pu connaître mes destinations. Le traître est autre. Je vais demander à Venkas d’étudier chaque membre du personnel. »

Il passa la main dans sa barbe.

« Je dois encore surveiller une poignée de forteresse. Qu’a fait ce cher Haut-Père en mon absence ? »

D’un ton narquois, Taenil se mit à lire une feuille remplie de notes :

« Comme tu l’avais prévu : Il à tenté de te faire décréter comme non-croyant, comme traître à la nation, il a pris sous son aile le clergé local, et dans chacune de ses prières publiques il te fustige. Par contre, il a aussi annoncé qu’il avait un moyen approuvé par les Archevêques de la Grande Eglise de purifier les hérétiques. »

Adun réfléchit un moment.

« Un moyen approuvé ? Qu’est que c’est ? »

« Aucune idée. Tout ce que j’ai réussi à savoir, c’était que c’était un objet, en chemin, qui doit être dans les alentours de Verenath actuellement. D’ailleurs, il va remonter le chercher lui-même.»

Le Seigneur-mage se mordit les lèvres.

« Ca me laisse environ une semaine. C’est presque parfait. Occupe-toi de tirer le maximum d’information à propos de cette chose. Valandre n’est qu’un avorton revanchard, les Orcs seront bien plus problématique si je les laisse faire. Dans trois jours j’aurais achevé mes visites dans les bastions frontaliers, et quand ce vieillard reviendra, je serais prêt à l’accueillir. »

-------------------------------------------------------------------------------------

Enlgorm attendait au sommet du bastion de ZaK’Arian, contemplant les plaines ardentes. Il était installé tout en haut de la tour principale, et dominait la région de son regard. Nul ici ne venait le déranger, quelques dragons volaient plus bas, mais rien ne s’aventurait au sommet. Adossé au toit et ses immenses bras noirs croisés, le Titan réfléchissait.

Lentement, marchant sur la corniche, un homme se rapprochait de lui. Habillé de noir, couvert d’une capuche qui ne laissait distinguer que son menton, parsemé de quelques poils de barbe grisâtres ; et sa bouche, dont les dents, tout aussi grises, étaient usées. Il portait une longue cape, noire, comme le reste, qui trainait au sol, élimée en de nombreux endroits. Sa tunique était renforcée de lanières, comme ses bottes et ses jambières, et, a son centre, un vague anneau, dans le thème de l’individu.

Pour compléter ce tableau quasi monochromatique, les bras et les mains de l’homme étaient maigres et du même ton de couleur, avec quelques bleus de par et d’autre, du peu que l’on voyait de son corps. Ses doigts squelettiques, dont les os semblaient se situer juste sous la peau complétaient ce tableau macabre, terminés par des ongles long d’une noirceur égale au reste.

Enfin, il tenait dans sa main gauche un bâton noueux, sur lequel il ne s’appuyait pas pour marcher, mais qu’il gardait avec ferveur. Un sourire semblait égayer en permanence cette semblance d’être humain, qui s’accordait bien avec l’obscurité environnante. Rien en lui ne respirait la vie.

Mais pour autant qu’il ait une apparence humaine, le Titan ne semblait pas s’en préoccuper. Arrivé à la hauteur de sa tête, l’homme lança d’un air narquois :

« Je vous l’avais dit. »

La voix était loin d’être rauque, a l’inverse même.

Visiblement agaçé par cette remarque, Enlgorm lui prêta attention.

« Oui, vous aviez raison. Ils sont venus. »

« J’ai toujours raison. Et à propos, j’avais encore raison quand je vous disais que vous sous-estimiez cet… Adun. »

Le Titan grogna.

« Bah. Var’zok aura sa peau. »

« Il ne donne plus signe de vie, pas vrai ? »

L’homme annonçait cela en ricanant, et plein d’aplomb. Surprit par le fait qu’il soit au courant, Enlgorm le regarda, avant de répondre.

« Ca ne signifie rien. Il a peut être juste perdu le médaillon ou simplement blessé. Var’zok ne peut PAS échouer. Var’zok est mon champion ! »

L’homme restait muet.

« J’ai fait suivre son entrainement depuis des années ! C’est une machine à tuer et un grand stratège… »

« Pour un orc », glissa pour lui-même l’homme d’une voix douce et teintée de mépris.

Enlgorm ne releva pas.

« Un grand stratège, qui abattra ce mage sans coup férir. Il réussira. »

« Si vous le dites. »

Les deux restèrent silencieux pendant quelques instants. Enervé par l’assurance de son interlocuteur, le Titan repris la parole :

« Ces humains ne sont rien pour nous. Ce sont juste quelques insectes, le jour ou ils nous poseront des soucis, j’enverrai la Garde des Cendres et nous en serons débarrassés. »

L’homme en noir secoua la tête.

« Mais vous ne le faites pas. »

« Var’zok suffira. »

« Comme Incendius ? »

L’homme ricana.

« Allons Enlgorm, vous savez très bien que vous avez besoin qu’ils restent a votre temple. « Il » pourrait revenir. »

« Nous avons tué Volarth il y’a des millénaires. Il n’a aucun moyen de ressusciter, et il n’y a pas d’assez grande réserve de magie pour ramener un être d’une telle puissance. »

« Tout a fait. D’ailleurs, les humains ne viendront pas, et Incendius règlera le cas d’Adun tout seul, c’est bien ça ? »

Enlgorm frappa du poing sur le toit du bâtiment.

« Il faudrait la force de plusieurs Dieux pour accomplir ça. »

« Et c’est précisément ce contre quoi je vous met en garde, Enlgorm ! Vous sous-estimez les dangers en face de vous. Vous, ZaK’Arian, et même Ragnar, êtes mortels tout comme eux. »

C’était au tour de l’homme en noir d’être énervé

« Mais vous comprendrez par vous-mêmes. Trop tard. Ils n’écoutent jamais. »

Voulant mettre fin a la discussion, le Titan se tourna vers la position de l’homme, sans le trouver. Il le chercha pendant quelques instants au sommet de la tour, puis s’envola. Peut être avait il raison finalement. Var’zok trainait trop. Il allait détruire cet Adun une bonne fois pour toute. Ensuite… il serait temps de faire marche vers les terres extérieures.
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MessagePosté le: 15/12/08 13:26    Sujet du message: Citer

Adun s’était enfermé dans ses quartiers à Cavenfer depuis plusieurs jours. Il ne débattait plus qu’avec Taenil, Venkas, et une poignée d’hommes de confiance. Cependant, s’il parlait de tous ses plans a Taenil, il se retenait d’en informer le Général et les autres à chaque fois.

Ainsi avait commencée la création d’une police secrète et des Effaceurs. Même si Venkas était fidèle à Taer, c’était avant tout un homme d’honneur dévoué corps et âme au roi, et il n’aurait pas approuvé toutes les idées du Seigneur-mage.

La gestion des terres devenait de plus en plus difficile, au fur et a mesure de l’augmentation de la population. Le nombre d’immigré continuait à augmenter mais la population elle-même commençait à croître naturellement. Les premières naissances dans les terres ardentes furent malheureusement des enterrements immédiats, les nouveau-nés ne supportant pas l’intense chaleur des lieux, mourant presque instantanément. Mais ces deuils prématurés furent évités autant que possible, via l’ajout de mages supplémentaires. Adun était fier de cette dépendance permanente du peuple à ses mages. Il contrôlait tout, ou presque.

Des groupes de protestations contre la guerre ou contre les sois-disantes méthodes cachées du régime se formaient encore. Bien qu’ils soient, à chaque fois, dispersés et éliminés, le Seigneur-mage fit établir un nouveau moyen de contrôle, en créant des groupes organisés et en réalité très peu vindicatifs, contrôlés en sous-main par l’administration.
Les vingt mille habitants de Cavenfer constituaient un implacable casse-tête administratif, qui ne faisait qu’augmenter la satisfaction du sorcier. Il se sentait enfin récompensé de ses dures décennies de labeur, vis-à-vis de Taer. Ces terres lui semblaient être son avenir, sa destinée. Il ne voyait dans les troubles intérieurs et extérieurs que de simple obstacles vers sa gloire et sa suprématie éternelle, qu’il allait renverser. Même Valandre n’était qu’un contretemps.

Mais les contrariétés s’accumulaient : La progression dans les terres ardentes se ralentissait au fur et a mesure. Des régiments d’Orcs nouveaux arrivaient, de plus en plus nombreux, et, parallèlement, Taerenas rechignait à envoyer plus d’hommes. Adun arrivait a chaque fois a lui arracher des ressources supplémentaires, mais il devenait évident qu’il fallait s’assurer que les royaumes des terres extérieures n’entrent pas en guerre entre eux. Usant de tous ses anciens contacts dans les Cours, le Seigneur-mage arrachait péniblement des garanties de paix contre l’envoi de matériaux, mais cela ne suffisait pas à son gout. Il fit réquisitionner toute l’agriculture embryonnaire, y plaçant une vingtaine de mages au développement de la production, en particulier d’une certaine espèce de petits champignons, baptisée Vivespore, qui, en plus de pousser relativement rapidement, possédait des effets curatifs nouveaux. En sus, les spores pouvaient servir de catalyseur de remplacement à certains sorts de feu, chose qu’aucune nation ne négligerait.

Enfin, Adun fit mettre en place une série de mesures draconiennes visant à empêcher la contrebande. Rien ne devait lui échapper. Sa mainmise était quasi-totale, et il n’escomptait aucun adversaire à l’intérieur de ses terres, une fois qu’il se serait débarrassé du Haut-Père. A partir de maintenant, tous ses efforts devaient être portés sur les autochtones des terres ardentes, qui, malgré tout, faisaient preuve d’une opposition de plus en plus vive. Et également, des possibles traîtres dans ses rangs.

Alors que tout le personnel du donjon était convoqué dans le Hall principal, il entra, déterminé, dans le quartier des mages. Il fouilla chaque recoin, étudia chaque ligne magique, chaque trace résiduelle d’un sort quelconque. Evidemment, aucun des mages ici ne savait faire disparaitre ces résidus, qui subsistaient subtilement après chaque incantation. Adun avait fait disparaitre ce sort des livres et des enseignements de Taer, gardant ainsi le contrôle sur presque toutes les communications. A l’inverse, lui savait parfaitement procéder pour détruire et lire ces résidus, il fallait juste agir vite, avant qu’ils ne se dissolvent d’eux-mêmes.

Malheureusement, ou heureusement, rien ne semblait étrange, hormis quelques bribes de conversation psychiques le critiquant quelque peu. Mais peu importait, l’absence même de signe l’inquiétait bien plus. Il se décida à faire étudier au cas par cas chaque mage qui pourrait avoir utilisé un sortilège inconnu. Il subsistait deux autres possibilités. Il jugea la première la plus probable, à savoir que l’éventuel traitre n’était pas un sorcier mais plus simplement un garde, un officier ou même un serviteur, mais son esprit suspicieux ne lui fit pas oublier la deuxième : L’homme pouvait être un adepte de la magie runique, ou sauvage.

-------------------------------------------------------------------------------------

Venkas cligna des yeux.

« La magie sauvage ? Ca ne me dit rien. Vous savez, Seigneur Adun, je n’ai pas le quart des connaissances magiques du moindre sorcier ici. »

Une fois de plus, Adun, Taenil et le Général se réunissaient dans le bureau principal. Ce lieu, au moins, était tellement verrouillé magiquement que même l’élite des mages de Taer aurait eu du mal à pouvoir entendre quelque chose.

« C’est assez compliqué Général », répondit le Seigneur-mage. « La magie, telle que nous l’utilisons actuellement, est une magie très évoluée, très modifiée. C’est un aboutissement après des milliers d’années de changement, par rapport aux forces originelles. On l’appelle la magie Tissée, parce qu’elle créé un enchevêtrement de sorts complexes, pour maintenir, justement, des sorts plus brutaux. C’est ça qui permet a la majorité des sorciers actuels de lancer un éclair de feu, qui sinon, exploserait quelques secondes après avoir été incanté. »

Taenil poursuivit.

« Et malgré tout, ce fonctionnement n’est pas optimal : Le fameux résidu magique provient de failles dans l’enchevêtrement, qui laisse s’échapper quelques fragments minimes du sort. Ca n’est pas grand-chose cela dit, et quasiment sans danger. »

« Quand a la magie sauvage, c’est la première magie utilisée dans notre monde, les bases de toute la sorcellerie. Ce sont des sorts sans aucune complexité, un sort carapace qui entoure le premier. Le souci, c’est que lancer les deux réclame une grande dépense d’énergie de la part de l’incantateur, pour un résultat bien en deçà de ce que l’on est arrivé à faire ces dernières décennies. Par contre, la puissance de cette magie est exponentielle : Si un apprenti tente de lancer un sort de congélation avec, il se tuera de froid instantanément… »

Le regard d’Adun sembla se perdre quelque part, avant qu’il ne reprenne :

« Personnellement, en tant que plus grand mage humain jamais connu, j’obtiens des résultats a peu près égaux à celui avec la magie tissée, a savoir que ma cible est incapacité. Un être deux fois plus puissant serait capable, pour une dépense d’énergie à peine supérieure, de tuer une dizaine de personne d’un coup… Mais une telle chose n’existe pas. »

A nouveau, il semblait plonger dans ses pensées.

« Mais… »

Il se dirigea vers son bureau, continuant à parler.

« Voyez vous, il existe un dernier type de magie connue : La magie runique. Elle consiste à apposer une force d’attirance sur un objet ou un être vivant, et de l’utiliser comme « guidage » pour le sort. Si c’est utilisé couramment rien qu’a Cavenfer, par exemple pour les sortilèges d’hydratation, c’est exécrable en combat, car il faut une certaine concentration pour apposer la rune sur l’ennemi, et ensuite lancer son sort, pour peu que la cible ne soit pas protégée, ou ne la contrecarre pas. »

Il ouvrit le tiroir central de sa table, et en sortit le pendentif de Var’zok.

« Et en voici un bel exemple. C’est l’objet le plus infusé que j’ai jamais vu, et il est impossible d’en dénouer les liens. Une utilisation de cette ampleur est très rare, et il y’a un très subtil lien de magie sauvage avec son contrôleur. »

Il regarda Taenil et Venkas successivement.

« Je pense que nos adversaires les Titans sont ceux qui ont développés la magie chez les orcs. Mais ils ne sont pas allé si loin que ça apparemment. Je pense que même si ils ont un certain… pouvoir, ils peuvent être facilement vaincus en profitant de cet avantage. Et pour ramener cette leçon a notre souci, il me parait logique, vu l’absence de résidus, que d’éventuels traîtres seraient formés a cet exercice. »

« Donc qu’il sera facile de les repérer. »

« Exactement Général. Par ailleurs, je pense qu’il serait utile d’envisager une stratégie plus… agressive, a l’encontre de nos ennemis. Je vais bricoler un petit sort à partir de ce médaillon, et s’il fonctionne, alors il sera temps de mettre un coup final à cette guerre. Alors au travail ! »

Alors que Venkas et Taenil retournaient à leur poste, le Seigneur-mage commença à désenchanter les protections principales du médaillon. Juste sous la première barrière magique, il ressentit des émanations récentes. Des messages de son maître à l’Orc, qui commencèrent à s’échapper et se disperser dans l’air. Malgré sa réactivité, il ne put saisir que le dernier.
« Il va tout perdre. »

---------------------------------------------------------------------------------------

Ajar Barenhold s’inquiétait. Il avait été promu, au fil des mois, grâce aux quelques élans de générosité d’Adun, qui s’était montré très reconnaissants de sa diplomatie auprès du Roi. D’ailleurs, le désormais Commandant de garnison craignait à chaque fois qu’il ne s’agisse la que de manœuvres du Seigneur-mage pour l’écarter, mais en réalité, il s’agissait de vrais remerciement de sa part, ce qui était considérablement rare.

Mais finalement, il s’était plut a cette tâche, et vivait plutôt confortablement a Val-de-Gloire, un des bastions frontaliers au sud ouest de Cavenfer, construit sur un champ de bataille ou les humains, victorieux, donnèrent ce nom a la région. Les remparts étaient solides, la garnison, dotée de plusieurs centaines de soldats, et tout le personnel compétent, ce qui n’apaisait pas les craintes de Barenhold, dont la nature inquiète avait été exacerbée depuis la découverte, deux jours auparavant, d’un groupe de démons qui observaient la forteresse. Les mages partageaient aussi ses appréhensions : Ils parlaient d’un renforcement inhabituel des lignes, d’un assèchement des courants magiques, mais Ajar faisait partit de ces hommes qui n’y comprenait rien. Il savait juste que ca n’était pas bon.

Il marchait sur les remparts, suivant un sorcier à moitié affolé qui lui demandait de le suivre pour lui montrer les fameux problèmes. Le reste de la population était sur le pied de guerre, comme d’habitude, mais pas plus ou moins vigilante que d’habitude. C’était apparemment un jour normal, et le Commandant était fatigué du jargon du mage.

« C’est un détournement brutal de la source principale ! La ligne arcanique du sol est drainée par une anomalie de type inconnue, Commandant ! Les flux ne réagissent plus en parallèle lors des invocations de tissage majeures ! »

« Si vous le dites. »

Ils arrivèrent au dessus de la porte ouest du bastion. Aussi loin que son regard pouvait porter, Ajar ne constatait que des champignons, des failles de lave, des volcans, bref, le décor habituel. Pourtant, le magicien pointait, les yeux exorbités, des espaces dans l’air, continuant à parler.

« Commandant ! Il faut faire vite ou évacuer la forteresse. Il se passe quelque chose de néfaste, et nous n’avons pas réussi à interférer dans ces changements ! »

« Mais je ne vois rie…. Oh, et puis va, si vous le dites… SERGENT ! »

L’officier à proximité réagit, et se tourna vers son supérieur.

« Oui, commandant ? »

« Mettez moi tous les hommes en arme, et que ca saute ! »

Agaçé par tous ces prétendus signe qu’il ne voyait pas, Ajar repris la discussion avec le mage.

« Rassurez vous mon brave, je connais bien le Seigneur-Mage Adun, et son conseiller Taenil, et je suis sûr qu’ils auront une réponse a nous apporter. »

Le mage ne le regardait plus, il avait les yeux exorbités fixés sur l’extérieur, et tremblait, pointant du doigt les terres vides devant lui.

« LA ! Un vortex de niveau cinq ! REGARDEZ ! »

Une fois de plus, Ajar regarda la plaine presque vide.

« Non, la, je pense que vous êtes complètement fou, il n’y a RIEN dans cette zone, alors vous allez arrêter de… »

Il s’arrêta brusquement, sentant la terre trembler. Quelque chose dans l’air de la plaine se mettait en mouvement, le ciel, déjà rouge, semblait s’embraser. Des formes lumineuses apparurent en cercle autour d’une sorte de boule ardente, lévitant quelques mètres au dessus du sol, loin d’à peine quelques centaines de mètres de la forteresse. De chaque forme s’échappa un rayon se transmettant de l’une a l’autre, créant un rideau de flammes circulaire, pendant quelques dizaines de secondes.
Une chose commença à émerger du cercle de feu. Tout était en os. La créature ressemblait a un orc mais en bien plus grand, privée de jambes, et lévitant. Ajar se souvint des descriptions des prisonniers orcs ou démon à propos de cette chose… Ils l’appelaient le Fauchespoir.

ZaK’Arian. C’était un des Titans.

Brusquement, le commandant partit vers les marches des remparts, tentant de mettre un peu d’ordre dans le chaos des soldats dans la cour, qui s’éparpillaient partout.

« Sortez vos armes ! Vite ! Nous sommes attaqués ! »

Recueillant chaque once de sentiment de panique qui lui parvenait, ZaK’Arian ricana. D’un geste, il canalisa un flux magique vers le cercle, ouvrant le portail pour une première vague d’une dizaine d’orcs enragés. Puis une autre, et encore une, et des vagues successives qui se mirent à charger vers le bastion.

Réfléchissant rapidement, Ajar cherchait désespérément une solution. Les orcs seraient la dans quelques dizaines de seconde.

La première ligne de soldat des terres ardentes n’était plus qu’a quelques dizaine de mètres du donjon. La porte principale était presque refermée, mais ils ne s’en inquiétaient pas. Le chef de l’escouade tenait un médaillon dans sa main, en forme de crâne, dont les yeux luisaient. Il regarda au dessus de lui : Personne sur les remparts, juste un ou deux archers hésitants qui se repliaient.

Une violente explosion de fumée autour de la porte fit stopper les troupes. Le chef leva immédiatement son médaillon, mais rien ne se produisit. La porte était juste fermée. Il entendait le brouhaha des soldats humains à l’intérieur, et celui de ses frères derrières lui. Il continuait à courir, légèrement en tête des autres orcs, maintenant juste devant les remparts. Pour se protéger, il leva le médaillon au dessus de sa tête, et commença à le serrer fortement. En réponse, il fut immédiatement décapité par une épée qui venait d’apparaitre.

La première ligne d’orcs reflua brusquement, créant un groupe combat de combattants étonnés. Le chef de la seconde ligne bouscula les deux orcs devant lui, et tendit le médaillon en avant, juste avant de recevoir une épée en plein cœur.

Suffisamment énervés par la situation, les soldats orcs rugirent et se remirent en charge brusquement, pour se faire renverser par une charge de cavaliers menée par Ajar sortis de l’espace vide entre eux et les remparts de la forteresse. En quelques secondes, toute l’imagerie magique laissée la pour tromper les créatures disparue, laissant apparaitre la garnison, qui s’était positionné la. Maintenant, elle dispersait les rangs ennemis.

Barenhold était rassuré. Ca et la, il frappait d’un coup vif, tuant ou blessant gravement un orc, mais de toute façon, ils refluaient. Autour d’eux, une plaine, avec quelques collines, aucun risque de piège. Le portail terminait de se disperser dans l’air, rien n’en sortait. Plus aucun risque. Il était maculé de sang. Il faisait chaud. Trop chaud…

Derrière lui, quelque chose explosa, consumant un groupe de cavaliers et leur monture. Au dessus d’eux, flottant dans les airs, se dressait le Titan qui hurla, d’une résonnante voix d’outre-tombe : « Imbéciles ! Reprenez vos positions ! ».

Voyant que les orcs peinaient à reprendre le combat, en dépit de leur écrasante supériorité numérique, ZaK’Arian incanta quelques instants, faisant apparaitre un mur de flammes autour du champ de bataille, avant de s’y jeter lui-même.

Ajar para un subit coup de hache, puis ordonna à sa monture, affolée par les flammes, de faire demi-tour. Il valait mieux se replier. Désespéré, il regarda la zone : Il était trop tard, leur percée dans les rangs ennemis n’avait fait que les laisser s’encercler eux-mêmes. Ils étaient perdus.
Un Orc se jeta sur lui, le faisant tomber de son cheval. Il le frappa à la tête, mais la créature, résistante, n’en fut pas sonnée pour autant, et contre-attaqua avec sa hache.

Ajar avait de plus en plus chaud, non seulement parce qu’il combattait depuis longtemps, mais aussi parce que quelque chose n’allait pas. A son tour, il frappa l’Orc, le blessant à l’épaule. La créature fut déstabilisée, mais, enragée, sauta sur lui. Paniqué, le Commandant de la forteresse jeta son épée sur la bête, le touchant par miracle, le réduisant en une masse presque inerte lorsqu’il l’atteignit. Il se dégagea du corps encore agonisant, et regarda derrière lui. Le Titan était en plein combat. D’un geste, il consumait chaque soldat à proximité, et faisait se lever des vagues de lave depuis le sol. A lui seul, il aurait pu vaincre la garnison.

Barenhold se retourna brusquement, juste à temps pour éviter la charge d’un lancier Orc, qui avait eu la mauvaise idée d’hurler. Récupérant son épée sur le cadavre du précédent, il parvint à mettre à terre son second adversaire. Dans la poussière et le sang environnant, il ne distinguait plus qu’une chose, ZaK’Arian, a quelques mètres de lui, qui continuait de ravager le bataillon. Lui-même allait sûrement bientôt y passer, les quelques hommes autour de lui allaient sous peu tomber sous les coups des Orcs. Déterminé, il prit la lance de la bête qu’il venait de tuer puis chargea a son tour vers le Titan, qui ne le remarqua même pas.

Ajar n’était plus qu’a quelques pas de lui, dans son dos. Il frappa, mais peut être pas assez rapidement, car ZaK’Arian lui fit soudainement face. La lance vint se ficher dans ce qu’il analysa comme son « cœur », une espèce de globe rougeoyant, entre les os de sa poitrine. Mais, contre toute attente, le Titan ne ressentit rien. Ricanant, il saisit Ajar au cou, et le souleva de terre d’une main, sans que celui-ci puisse se débattre. Puis, il dégagea la lance sans aucune souffrance et la planta dans le corps du commandant ; avant de relâcher son étreinte.

Barenhold tomba a terre, haletant ses derniers souffles, son sang se répandant sur le sol déjà rouge. Il pensa à sa famille, il pensa aux forêts des terres extérieures. Sa vision se troubla. Il pu simplement voir le Titan faire apparaitre une sorte de fiole, avant de fermer ses yeux.
De son sourire macabre, ZaK’Arian ouvrit la fiole au dessus du corps du commandant. Elle ne contenait que des vapeurs grisâtres qui se propagèrent autour du mort, puis s’infiltrèrent dedans. Le Titan canalisa un sort, créant un cercle de magie noire entourant le cadavre, puis se dissipant. Enfin, il retira la lance.

Les yeux d’Ajar se rouvrirent. Sa peau n’avait plus la chaleur de la vie, mais son corps était actif. Le Titan était satisfait, et ordonna :

« Incline-toi, serviteur. »

Le réanimé se mit a genou. Son regard était vide.

« Sache, avant tout, que tu n’es que le premier d’une longue liste. »

------------------------------------------------------------------------------------------

Venkas marchait avec Taenil et quelques hommes dans le donjon de Cavenfer. Il observait l’extérieur, pensif.

« Vous savez, Taenil, je commence à avoir des doutes sur la réussite de notre campagne. »

« Adun est aux commande, tant que nous sommes dans les bonnes grâces du roi et que les terres extérieures restent en paix, nous pouvons vaincre. »

« Si vous me permettez, je pense que Sa Majesté va finir par ne plus être convaincue. Certes, ces terres sont riches de découvertes et de richesses, mais les pertes sont trop importantes. »

« Nous avons des centaines de nouveaux arrivants chaque jour que nous n’avons pas eu à demander au roi, je ne pense pas que… »

Venkas s’arrêta de marcher, et regarda Taenil dans les yeux.

« Je connais Taerenas personnellement, et je suis sûr qu’il n’aime pas la manière dont se déroule cette guerre, loin de ses yeux, avec peu d’informations. Il doit juste savoir que des hommes meurent, et que le Seigneur-mage se bat contre des monstres. En dehors de ça… »

Il se remit à marcher dans les escaliers, suivi par le reste du groupe, puis reprit.

« J’aimerais faire quelque chose pour arranger ça. Accompagnez moi dans mon bureau, et vous aussi Malthern », dit il en regardant le soldat derrière lui.

Arrivés dans le bureau du Général, celui-ci se dirigea vers un de ses meubles, sortit une clé de sa poche, et ouvrit un tiroir d’où il sortit une lettre scellée.

« Malthern, je veux que vous retourniez dans les terres extérieures, et que vous apportiez ceci au Roi Taerenas, avec la plus grande célérité que vous pourrez. Dites au Roi que son ancien et toujours fidèle colonel Ehnnersson a lui aussi besoin de son aide. »

Le courrier prit la lettre et s’exécuta, pendant que Taenil regardait la scène, en n’osant réfléchir à ce qu’il venait de se passer.

« Attendez Général, qui y’a-t-il dans cette lettre ? »

Posant les deux mains sur une table, et après quelques secondes de silence, Venkas commença a s’expliquer.

« Si le Roi ne peut pas intervenir directement dans ce conflit, il va nous couper les vivres, j’en suis certain, et… »

Il n’eu pas le temps de poursuivre plus longtemps qu’un soldat arriva en courant dans la pièce.

« Général Venkas Ehnnersson ! Le Seigneur Adun vous fait mander immédiatement à Val-de-braise. Il a besoin de votre aide. »

« Val-de-braise ? Mais qu’est ce qu’il fait là bas ? Par Taer, c’est a des heures de route en cheval ! »

« Je… je ne sais rien de plus mon Général, et je… »

« Silence ! » répliqua vivement Venkas. « Taenil, établissez immédiatement un contact avec lui, je prends une dizaine d’homme avec moi et je cours le rejoindre. »

Taenil passa la main sur sa barbe.

« Je n’arrive pas à le localiser. Il m’avait dit qu’il se rendait à Caveflammes pour quelques expérimentations magiques… Peut être y’a-t-il eu un problème… »

« Informez-moi de tout dès que vous aurez réussi quelque chose. »

Alors que le Général partait, Taenil l’arrêta.

« Venkas… Vous êtes un des rares a avoir une forte estime de la part du Seigneur-Mage. Je ne sais pas ce qu’il y’avait dans cette lettre, mais ne le décevez pas. »

Quelques instants plus tard, le Général, un mage et le reste de sa troupe quittait Cavenfer, pour partir a travers les terres ardentes.

Venkas n’aimait pas traverser ce désert aride. Le sol rouge, les flammes, et les volcans en éruption au loin ne lui plaisaient pas. Il rêvait que les expérimentations des mages puissent changer ça. Déjà, ils parvenaient à vivre dans cet enfer. Plus tard, cette terre ferait partie intégrante du Royaume de Taer.

Il chevauchait maintenant dans une zone de canyons. En bas, des coulées de lave étaient plus actives que jamais. Mauvaise journée. Il fallait longer le canyon par les hauteurs.

Un rire sombre lui fit arrêter son cheval, ainsi qu’au reste de sa troupe. Ils regardaient tous aux alentours, sans rien apercevoir, puis le rire résonna une deuxième fois. Un des soldats leva le doigt au ciel :

« Là haut ! »

La créature volante se laissa tomber au milieu du groupe, c’était un grand démon ailé, harnaché par les flammes. Il correspondait à la description qu’Adun avait faite d’Incendius.

Le Général et son escorte sortirent leurs armes mais le Titan ne s’en préoccupa pas. Soudain, il repartit dans les airs, bondissant vers le mage, qu’il saisit entre ses griffes, avant d’envoyer un sort instantanément vers le groupe, sans grand effet apparent autre que de la poussière. Une dernière fois, il ricana, avant de s’envoler, en jetant le corps enflammé du sorcier entre les humains.

Venkas ne comprenait pas vraiment ce qu’il venait de se passer, mais ca n’était pas bon signe.

« On repart à Cavenfer ! Pas de temps à perdre ! »

Le groupe reprit sa chevauchée, mais cela ne dura pas longtemps. Quelques minutes plus tard, le Général suait. La chaleur était écrasante. Il en était de même pour toute son escorte, et tous les chevaux, qui refusaient de bouger. C’est alors qu’il comprit.

« Il a dissipé le sort d’hydratation ! Soldats, descendez tous de monture et virez moi vos armure ! »

Le groupe s’exécuta et commença une marche sous la chaleur, toujours plus insistante des terres ardentes. Un a un, les hommes s’arrêtaient de marcher, retiraient tout ce qu’ils pouvaient, ne gardaient que leurs habits les plus léger, et repartaient, pour quelques instants, ne pouvant plus que ramper, a bout de force.

Les flammes sortant des cratères autour d’eux ajoutaient à l’enfer qu’ils vivaient. Le sol âpre et chaud leur brûlait les mains. Ils pouvaient à peine relever la tête.

Un premier s’effondra.

« Laissez le ! » dit Venkas a bout de souffle. « Nous n’avons pas le choix. »

Un deuxième, puis un troisième garde se mirent à ne plus bouger. Toute l’escorte tombait, livrée à elle-même dans cette terre qui les repoussait.
La vision du Général se brouillait. Il était désormais le seul en vie. Il pouvait à peine se déplacer. Chaque centimètre était une torture, son corps était strié des marques laissées par le sol. Lamentablement, il tentait de se trainer vers un petit renfoncement à proximité. Mais il ne pouvait plus rien faire. Il était totalement écrasé par la température. Avant de mourir, il entendit une dernière fois le rire sadique d’Incendius qui venait de se poser a proximité de lui.


Fin du chapitre II
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Dernière édition par Bizzardbizzare le 02/01/09 08:11; édité 1 fois
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MessagePosté le: 02/01/09 08:15    Sujet du message: Citer

J'ai édité le chapitre 2

Chapitre III

Adun n’appréciait pas cette journée. Il était renté a Cavenfer depuis quelques heures seulement, et les mauvaises nouvelles affluaient : Val-de-gloire était tombé, Venkas avait disparu, et quelqu’un était parvenu à faire croire a un faux message d’alerte. S’ajoutait a cela des rapports sur une grande mise en marche des troupes des Forces du Magma, et enfin, le courrier de la lettre du général qui n’avait pas été retrouvé, le Seigneur-mage s’inquiétant fortement de son contenu. Le fait que la situation lui échappe l’insupportait au plus haut-point.

Adun n’osait pas réclamer plus de moyens. Le peuple affluait de lui-même, mais l’armée ne venait plus qu’au compte gouttes. Il allait falloir lever une milice parmi la population. Déjà, il songeait à une manière d’exacerber la haine envers les orcs et la fierté du peuple pour obtenir des volontaires. Mais avant cela, il fallait finaliser le contrôle. Et Valandre serait de retour dans quelques jours.

Parmi tous les problèmes, il choisit de dérouler une carte des terres ardentes connues et de dresser un bilan rapide des combats. La situation apparaissait assez mauvaise, avec la perte de plusieurs bastions en de nombreux endroits. Cependant, l’est était vierge de tout affrontement, excepté avec des tribus d’Ash’laru qui ne posaient pas problème aux groupes de pionniers. Mais petit à petit, les terres humaines étaient enfermées, les forces des orcs et de leurs alliés se multipliant au nord et au sud.

Il restait environ quatre mille soldats disponibles et à peu près cinq cents mage dans les Terres ardentes. Le reste était uniquement constitué de troupes statiques, ou, pour les mages, d’attachés aux villes, garnisons ou corps d’armée. Au total, il devait y’avoir sept mille combattants humains, sans compter un millier d’autres promis par Taerenas dans la semaine, et encore un autre millier censé arriver dans un mois.

En face se dressaient des offensives multiples et coordonnées. D’abord, un corps principal, de quelques milliers de soldats, contenant aussi bien Orcs, que Démons ou Cultistes, ainsi qu’un éventail de bêtes de guerre, qui pénétrait dans les terres humaines par l’ouest. A cela s’ajoutait des troupes de choc de démons et orcs d’élite, organisés en cohortes, dont les effectifs se comptaient en dizaines, qui frappaient les points de ravitaillement, les postes de trappeurs, les relais, et les villages peu défendus. Enfin, le dispositif de guerre était doté d’une seconde troupe parallèle d’environ mille cinq cents autochtones, qui se chargeait de diviser les troupes défensives.

Jusqu’ici, les troupes humaines s’étaient toujours réparties de manière a tenter de se prémunir de chacun des assauts, mais ils finissaient par tomber a cause des cohortes de pillage et l’extrême difficulté à maintenir deux fronts cohérents.

Et, hormis sur certains points ou les assauts étaient plus rares, ou les ennemis plus mous, faibles ou moins nombreux, la défaite était la solution la plus courante.

Aussi, Adun décida de changer les tactiques défensives : Il ne s’agirait plus de lutter sur deux fronts, mais d’attaquer le dernier groupe avec la grande majorité des troupes humaines, de sorte a forcer le premier à venir a son secours. L’arrière-garde serait alors prise d’assaut par le reste des troupes, qui se replieraient rapidement. En désorganisant l’armée adverse, la victoire était ensuite assurée.

Cela lui semblait correct. Il attendrait le retour de Venkas pour organiser ça à l’échelle de chaque bataille. Il devait se concentrer sur les Titans.

D’après les récits des quelques survivants de Val-de-gloire, la bataille avait été en faveur des humains jusqu'à l’intervention de ZaK’Arian, que personne n’avait pu stopper. Apparemment, Ajar aussi y avait laissé sa peau.

Le Seigneur-mage dressa la liste des forces ennemies :

Les orcs de base n’étaient que des guerriers humains plus rustres, plus fort peut être, mais de simple brutes. Les sorciers orcs maniaient des magies anciennes, donc plus instables et moins dangereuses, juste plus brutales. Facilement contrecarrables. La majorité des démons n’était également pas si redoutable. Non, tout cela ne représentait que des troupes de pied humaines améliorées.

Restaient les Cultistes des Flammes, ces démons-mage fanatiques, et de très forte puissance. Ils posaient un véritable problème pour les combattants, et très peu de mages humains parvenaient à les surpasser. Mais au fond, ils pouvaient être considérés simplement comme des troupes d’élites. Au dessus d’eux, Adun notait les dragons rouges. On en voyait peu, on avait de la peine à trouver leurs nids, mais ces créatures étaient un atout plus que considérable pour les forces du magma.

Et, enfin, les trois Titans. Selon le peu d’information dont il disposait, Adun déduisait que ZaK’Arian devait être très nettement supérieur a Incendius, qui ne semblait pas grand-chose d’autre qu’un démon très puissant. Capable de détruire des dizaines de guerriers aguerris, mais un démon quand même. Le dernier des trois était Enlgorm, dont il ne connaissait rien, sinon qu’il était idolâtré par le Culte des flammes, et qu’il était cité avec grand effroi par les prisonniers. Les deux plus puissants possédaient leur propre vaste forteresse qui avait été facilement localisé, mais qui n’avaient pu être infiltrés. Les rapports faisaient état d’une garnison très importante dans le cas de ZaK’Arian et de démons gigantesques pour protéger le Temple des Flammes d’Enlgorm. Rien n’avait filtré sur le repaire d’Incendius qui demeurait introuvable, et qui était probablement installé plus loin dans les terres ardentes.
Il étudia quelques minutes la situation. Il lui fallait plus d’informations sur les défenseurs du Temple des flammes. Une fois que Venkas serait revenu, il planifierait une contre-attaque générale ayant pour but un des bastions.

Il fit quelques pas dans la pièce après avoir réfléchi aux mouvements des troupes puis replia la carte. Il était temps de s’occuper de Valandre.
En ce moment même, Taenil devait s’occuper de se renseigner sur les plans du Haut-Père via son conseiller, qui restait profondément renfermé et secret. En attendant, Adun restait dubitatif sur les évènements. Son adversaire pouvait tenter autant qu’il le voulait de le discréditer, ses victoires consécutives lui donnaient une aura au dessus de tout, et au final, il était probable que le prêtre finirait par se mettre la population à dos. Même si il restait une épine dans son pied, via son contrôle des religieux, celui du Seigneur-Mage était en apparence plus fort que jamais.

Ce qu’il craignait réellement c’était que les quelques hommes à voir clair dans la situation bénéficient d’un soutien financier et matériel de la Grande Eglise. Ces activistes étaient les véritables obstacles au règne qu’Adun désirait. Ils étaient extrêmement discrets, et seul une poignée d’entre eux avaient été arrêtés. Pour l’instant, ils n’avaient pas la sympathie de la population ; car ils ne réclamaient que de cesser la guerre, organisant principalement des détournements de ravitaillement et de la propagande critiquant, encore une fois le pouvoir. L’image du sorcier restait intacte, mais ça n’était pas dans son habitude de prendre des risques.

Tant que les prêtres étaient sous la tutelle de Berthen, il était assuré qu’aucun ne se risquerait à soutenir une quelconque forme de contre-pouvoir. Mais désormais, aucune information relative aux religieux ne lui parvenait, et il savait que son vieil ennemi ne se privait pas de favoriser toute opposition.

Qu’est ce que c’était donc que ce moyen miraculeux que le Haut-Père annonçait depuis des jours ? Sûrement une relique gardée depuis longtemps par la Grande Eglise dans les terres extérieures, ou alors une fausse, crée pour l’occasion. Les Archevêques restaient des sorciers, malgré les pratiques officielles, anciennes et peu efficaces, ils n’auraient eu aucun scrupule à exercer quelques sortilèges pour infuser un objet, mais encore fallait il qu’ils aient quelque chose à l’encontre du Seigneur-Mage. Derenmith avait bien dit que l’envoi de Valandre avait été difficile. Peut être avait il un appui ? Beaucoup des ennemis du mage étaient encore en vie, divers nobliaux dépossédés, des états affaiblis, la Ligue des espions, la Coalition… Il lui fallait plus d’informations.

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Taenil marchait prudemment dans les ruelles étroites de la bordure de Cavenfer, tâchant de rester discret vis-à-vis de l’homme qu’il suivait. Plus il avançait, plus il devenait difficile de ne pas se faire remarquer, la foule se faisant de plus en plus diffuse.

Vahalaar semblait de nature méfiante, et il se retournait souvent, feignant un quelconque intérêt pour une boutique ou un objet, balayant de son regard les individus proche.

Le compagnon du Seigneur-Mage restait confiant, il pensait que sa filature n’avait pas encore été découverte. Maintenant, il venait de sortir de la seconde enceinte de la ville, et il ne restait plus que quelques bâtiments éparpillés, mal ordonnés, créant des rues tordues. Le tout était en briques grises, il ne s’agissait que d’habitations récentes construites via les ressources importées des terres extérieures. La population alentour était faible, il n’y avait que quelques hommes errant ça et là, l’immense majorité de l’activité se réalisant entre les murs. Taenil ne put s’empêcher de penser qu’il s’agissait d’un drôle d’endroit pour un religieux, alors qu’ils disposaient de leur propre quartier.

Il se tenait loin derrière le conseiller, marchant presque sans bruit. Celui-ci s’arrêta devant une maison, saisissant la poignée de la porte. Le mage se cacha instinctivement derrière un mur, alors que celui qu’il traquait regardait derrière lui. Taenil attendit quelques instants, puis constata que celui-ci était entré.

Il fit le tour du bâtiment, évitant soigneusement les fenêtres. Il lui fallait savoir ce qu’il faisait à l’intérieur. Un simple sortilège d’écoute devrait suffire.

Le sorcier se mis à genoux, posant une main sur un des murs, l’autre à terre, empoignant un joyau qui allait lui servir de catalyseur pour son enchantement. Il ferma les yeux, et commença à analyser la situation : Apparemment, il n’y avait aucune protection.

Tranquille, il murmura quelques incantations et concentra son esprit sur le bâtiment. Il y’avait des lignes magiques tissées récemment qu’il pouvait utiliser.

L’esprit du sorcier quitta son corps un instant. Aucun risque pour lui, si quelqu’un venait à le toucher, l’esprit réintégrerait son enveloppe de chair immédiatement. Sa représentation spirituelle était vaporeuse, et s’effritait lentement avec le temps, mais elle n’était pas prévue pour durer, elle devait simplement se fixer sur les lignes pendant quelques instants, pour que le magicien puisse en avoir le contrôle.

L’esprit pénétra dans le bâtiment, il n’en percevait que les murs et les volutes bleues luisantes qui représentaient les énergies magiques. Au centre se dressait une colonne, invisible par des yeux normaux, qui tournait, et se ramifiait tel les racines d’un arbre, au sol et au plafond.
Taenil scruta la zone pour éviter un éventuel piège, mais il n’y avait rien. Seul son bras droit s’était évaporé, rien ne pressait.

De sa main gauche, il toucha la colonne, déviant quelques volutes pour reconstituer sa représentation fantomatiques. Concentré, il commença à canaliser quelques instants son sortilège, agrippant l’objet des deux mains, jusqu'à ce qu’un tentacule violet tire son bras gauche en arrière, arrachant le mage de sa cible, faisant tomber le corps fantomatique sur le sol.

Regardant derrière lui avec effroi, le mage aperçu l’origine de la chose. Une dizaine de tentacules s’étiraient depuis une sorte de portail également violet, qui semblait collé au mur. C’était un cercle tourbillonnant, qui continuait à produire d’autres appendices, qui se dirigeaient vers lui. Saisi au cou par l’une d’entre elles, il tenta de se débattre, alors qu’il était lentement tiré vers le vortex, voyant son esprit se dissoudre. Il lui fallait sortir de la. Tentant de sortir de sa panique, il chercha dans sa mémoire ce qu’il savait sur ce genre de bêtes.

Un tentacule arracha ses jambes fantomatiques. Il n’était plus qu’a quelques mètres du vortex, qui tourbillonnait encore. A l’intérieur il n’y avait rien d’autres que d’autres tentacules naissants. Comprenant à quoi il avait à faire, Taenil s’empara fermement de deux des filaments de la chose et commença à les drainer. C’était une créature magique parmi d’autres, elle n’était qu’énergie. Vaillamment, presque désespéré, il serrait de plus en plus fort les bouts de l’être qui se réduisaient en taille, recevant sa propre énergie. Plus il absorbait l’essence de la bête, plus il se reconstituait. Dans un dernier mouvement, le sorcier tira les deux tentacules vers lui, achevant son adversaire, et lui donnant assez d’énergie pour se reformer. Il se releva, contemplant fièrement son corps à nouveau complet, et le vortex qui se refermait.

Le mage tenta de détecter les défenses magiques en place qui avaient fait intervenir la créature, mais il n’y avait aucun autre enchantement que les lignes elles-mêmes. Taenil n’aimait pas ça, il pouvait toujours y’avoir d’autres pièges cachés qu’il aurait été incapable de détecter.
Déterminé à en finir, il recommença à canaliser son sortilège, réalignant les lignes de sorte à pouvoir en prendre le contrôle. Il sentit un remous dans l’enchantement, tourna sa tête pour regarder autour de lui, et dégagea une de ses mains pour se préparer à un nouvel assaut. Mais ce fut en vain, car cette fois, le vortex surgit directement de la colonne, projetant des tentacules qui s’agrippèrent à son visage et à son torse. Vivement, il saisit un des filaments pour se défendre, mais d’autres portails apparurent sur les murs de la pièce, créant un enchevêtrement de lianes magiques autour du mage. Taenil s’était trompé : Il n’y avait pas d’enchantement défensif, c’étaient les lignes magiques elles-mêmes qui étaient piégées. Sans attendre, alors que son corps se dissolvait plus vite qu’il ne le régénérait, il recommença à réaligner les lignes. Il fallait faire vite. Plus vite. Un tentacule commença à s’enrouler sur son crâne, un autre barrant sa vision. Dans un geste désespéré, le mage catalysa tout les restes de sa présence dans le pilier magique par la dernière main qui restait en contact, piégé par les filaments violets.

-------------------------------------------------------------------------------------

Pendant ce temps, Vahalaar déambulait dans le bâtiment, sans avoir aucun signe du combat invisible qui se déroulait autour de lui. Il avait l’air grave, et semblait perdu dans ses pensées. Il portait un gilet gris, entouré de sa toge monacale.

Il s’assit dans un large fauteuil en bois, passant un regard inquiet sur la pièce. Juste à coté de lui, une petite table ou se dressait une pile de feuilles. Pour tout autre meuble, il n’y avait qu’une armoire vieillotte, déjà usée par l’âge, jouxtant une porte cadenassée, surplombée par une horloge.

Le conseiller prit la liasse de papier et commença à lire, tout en se tenant le menton. Il s’agissait d’un document religieux indiquant les différents rites à accomplir, comme le stipulait la Grande Eglise. Après quelques instants passés à lire avec lassitude, il feuilleta rapidement les textes, jusqu'à arriver à une page vierge, puis écarta les papiers pour faire glisser une clef sur la table.

Il saisit la clef et la contempla quelques instants, avant de jeter un coup d’œil à l’horloge. Lentement, toujours de son air grave, il se dirigea vers la porte, et ouvrit la serrure.

La pièce dans laquelle il venait d’entrer n’avait pas de fenêtre et n’était éclairée que par la lueur bleue d’un nuage de vapeur translucide, qui flottait au dessus d’un cercle de cendres, où étaient gravées de multiples runes.

Vahalaar referma la porte et se dirigea vers le cercle, sortant une bourse de poudre d’une poche de son gilet. Il répandit au centre du cercle la poudre, puis cria : « Dictus ! ». Immédiatement, la poudre s’enflamma et les runes se mirent à briller.

Il attendait là, fixant la vapeur, immobile. Les minutes s’égrenaient lentement, et l’homme ne bougeait pas, s’étant contenté de s’adosser, indolemment, au mur, attendant quelque chose.

Au même moment, Taenil scrutait la scène. Sa dernière tentative avait eu plus d’effet qu’il ne l’imaginait, sûrement parce que il n’avait pas eu affaire à un tissage classique : Au lieu de simplement entendre, il pouvait également voir à l’intérieur du bâtiment. La sensation était bizarre, mais le sorcier avait le contrôle de tout le sortilège, qui était remarquablement inventif : Le responsable de l’enchantement avait en réalité crée quelque chose de semi-intelligent, qui vivait de tout les résidus libérés par les courants magiques. Maintenant que l’esprit du sorcier avait réintégré son corps, il se contentait de patienter à quelques mètres de la ; pas plus, pour garder le contrôle sur le sortilège ; pas moins, pour ne pas être repéré. De ce qu’il voyait, le conseiller de Valandre essayait de discuter avec quelqu’un par un système de ligne magique, mais qui semblait également loin des classiques utilisés par le royaume. De plus, l’interlocuteur supposé ne semblait pas enclin à répondre.

Voyant la force des flammes diminuer, Vahalaar ressortit sa bourse, mais avant qu’il n’ait eu à répandre à nouveau de la poudre, celles-ci s’éteignirent et la vapeur commença à se transformer en une silhouette humaine, flottant au dessus des cendres. Il faisait maintenant face à un vieil homme courbé, le crâne chauve, vêtu d’une simple robe blanche, orné uniquement d’un insigne représentant un écu noir. D’une voix forte, le conseiller prit la parole :

« En tout lieux et en tout temps, pour Son unique gloire, par la volonté de Jored, Ildur et Erana ! »

Le vieillard hocha la tête.

« Farghan n’est pas ici. »

Vahalaar eut un mouvement de surprise. Son interlocuteur semblait gêné, mais continua :

« Il a disparu depuis la dernière réunion avec les membres de la Coalition, tout comme eux d’ailleurs. »

« Disparu ? Mais disparu où ? Comment la Ligue a-t-elle pu laisser ça se faire ? Une dizaine de nobles et officiers ne peuvent pas partir comme ça. Enfin, ils n’ont pas pu être assassiné non plus !»

« Farghan m’a fait savoir qu’ils cherchaient à se séparer de la Ligue, mais je n’en sais pas plus. Vous savez sa propension au secret. »

Vahalaar eu un geste de colère avant de répliquer.

« Oui, et à présent, la Ligue ne sait rien de la situation. »

« Maître Ildur a fait savoir qu’il allait mettre une autre équipe sur ce problème. Vous-même êtes convié à ramener le sieur Valandre dans l’enceinte de notre siège des terres extérieures. »

« Nous avons la possibilité d’éliminer Adun une fois pour toute ! Lorsque le Haut-Père sera rentré ici, nous pourrons nous en débarrasser et… »

« Non ! »

C’était un « Non » ferme et calme quoiqu’un peu incertain, qu’avançait le vieillard qui se risqua à continuer, peu sûr de ce qu’il avançait :

« La seule chose que Farghan ait laissé sous-entendre, c’était que le chaos engendré par la mort d’Adun desservirait les intérêts de la Ligue. Jusqu’ici, nous n’avons presque aucun renseignement sur son service, il s’est entouré d’hommes fidèles, affiliés à lui seul. »

Vahalaar évacua sa colère :

« Allons ! La Ligue contrôle presque toutes les terres extérieures ! Elle est à ce point remplie d’incompétents qui vivent sur l’héritage passé pour ne pas pouvoir dégager un vieillard d’une colonie naissante ? Je l’ai vu, et si on ne le brise pas maintenant, alors on ne le brisera jamais ! La population le considère presque à l’égal des dieux qu’ils vénèrent ! Si en plus il contrôle toute opération, alors profitons que le système ne soit pas trop complexe ! Il FAUT s’en occuper maintenant ! »

« Non ! C’est justement parce qu’il est au sommet que nous ne devons pas le frapper ! Vous oubliez trop rapidement la guerre qui se déroule. Les nobles faisaient des pieds et des mains pour empêcher le roi d’envoyer des forces supplémentaires, mais nous ne devons pas prendre le risque de perdre ces terres ! »

« Alors je fais QUOI ? Valandre n’a plus que l’idée fixe de détruire Adun, il n’a plus rien à perdre lui. Vous voulez que j’annule tout ça et que je rentre, en laissant l’opportunité au Seigneur-Mage de devenir encore plus puissant et intouchable ? »

« Je… je ne sais pas. Je ne suis qu’un Relayeur… je… je demanderais à Maître Ildur de vous accorder une audience, mais tenez compte de tout cela. »

D’un geste, le vieillard mit fin au sortilège, laissant Vahalaar seul dans la pièce, avec le nuage de vapeur magique. Soupirant, l’espion resta un instant à réfléchir, puis sortit de la pièce. Il ne savait que faire, entre la rage du Haut-Père qu’il côtoyait chaque jour, qui lui semblait trop hâtive, et l’inquiétude de Farghan et du vieillard vis-à-vis de leurs premiers plans. Il devait donc ramener Valandre dans les terres extérieures, mais après, ou avant de tenter quelque chose a l’encontre du Seigneur-Mage ? Après tout, le religieux avait déjà commencé son travail de sape et refuserait de le cesser.

Levant les yeux au ciel, observant le plafond, il s’inquiétait de cette décision de ses supérieurs. La Ligue des Espions n’avait d’autre but que de régner dans l’ombre derrière chaque royaume, et de s’assurer une prospérité perpétuelle, au service des ses Seigneurs. Depuis des siècles, les Maîtres de la Ligue posaient leurs pions, gouverneurs, régents, ministres, conseillers, officiers, infiltrant chaque administration, et s’imposant au fur et à mesure comme une force incontournable. Mais la Ligue ne devait pas son nom à ses administrateurs, mais à ce qui fut sa base d’établissement : Ses espions, nombreux, surveillés, fichés et répertoriés par les décideurs de l’organisation, qui étaient proposés en service à chacune des Cours. Au bout de quelques dizaines d’années, par la rage et le talent dont faisaient preuve les membres de la Ligue, elle était devenue la référence des affaires officieuses. Les Rois et Empereurs étaient presque obligés de faire appel à la Ligue, créant parfois des situations ou des agents de l’institution devaient s’affronter, pour protéger ou prendre quelque relique, document, voire la vie de quelqu’un.
Les Maîtres fondateurs avaient finis par mourir, mais leurs successeurs avaient su tirer parti de cette omniprésence, de telle sorte qu’au final, la Ligue connaissait chaque détail de la politique cachée des royaumes. Dès l’ascension d’un nouveau venu dans les arcanes du pouvoir ou la naissance d’un noble, des agents étaient dépêchés pour encadrer et prendre en main l’homme en question. Le temps rendait l’organisation encore plus puissante, et cette hégémonie semblait inéluctable jusqu’à la venue d’Adun Zerendis. Il avait eu la chance d’entrer dans la Cour par les bonnes grâces de quelques hommes de la Grande Eglise, un des secteurs les moins infiltrés par la Ligue, mais dont les dirigeants savaient la réelle importance du rassemblement d’espion. Contrairement aux nobliaux classiques, Adun avait réalisé ses opérations lui-même, ou à l’aide de serviteurs que la gargantuesque structure n’étais pas parvenu à identifier, sauf l’un d’entre eux, que les Maîtres avaient décidés d’utiliser comme moyen de pression sur celui qui gravissait les marches du pouvoir sans leur accord. Mais leur plan avait échoué : La ou les membres de la Cour étaient liés à la Ligue, freinés et encadrés dans leurs gains et leurs pertes par l’organisation qui ne cherchait que son propre bénéfice, Zerendis était libre et agissait sans avoir de comptes à rendre à personne, officiellement. Ils avaient escomptés qu’une fois devenu puissant, utiliser l’un des agents du désormais Seigneur-Mage aurait pu le forcer à s’aligner avec eux, mais Adun avait refusé, condamnant son serviteur à la mort. Au lieu de le plonger dans la tristesse, ou la faiblesse, il n’était devenu que plus féroce et plus suspicieux, échappant totalement aux enquêtes de la Ligue. Pire, son succès officieux avait provoqué une certaine sympathie des autres courtisans pour lui, qui désiraient eux aussi leur liberté. Face à cette liberté, le système avait réagi en se servant de la grogne de ceux qui avaient été spoliés par le sorcier, et la dénommée Coalition avait finie par réussir à expédier le Seigneur-Mage dans les profondeurs de la mine de Cavefeu, forçant les quelques traîtres à rentrer dans le rang.

Vahalaar se remémorait tout cela. Il ne l’avait pas vécu lui-même, mais c’était environ ce que l’on lui avait dit concernant Adun, lorsque Farghan avait décidé qu’il devait accompagner Valandre dans les terres ardentes.
Pour lui, la Ligue faisait fausse route comme elle s’était trompée à l’époque : En voulant temporiser tant que l’ennemi était faible, pour avoir plus de pouvoir par la suite, ça devenait un risque que l’ennemi vous surpasse. Il estimait que la Ligue avait eu de la chance, autant en parvenant à créer la Coalition qu’à pouvoir compter sur Taerenas, alors jeune Roi, scrupuleusement mal formé aux commandes du pouvoir. Aujourd’hui plus que jamais, Adun était puissant, contrôlant un monde encore inconnu, adulé par la population, et seigneur incontesté de ces terres. Même le roi semblait moins légitime à gouverner ici pour la population, et l’espion ne doutait pas qu’un jour, le Seigneur-Mage voudrait aussi assurer sa mainmise sur les terres extérieures. Selon Errick, la guerre contre les autochtones n’était qu’une parenthèse. La rage et la ténacité du sorcier viendraient inéluctablement à bout de toute opposition, et sa poigne de fer remonterait tôt ou tard en Taer, et cette fois, il ne se contenterait pas seulement d’ébranler une des fondations de la Ligue. Farghan voulait attendre, mais maintenant qu’il n’était plus la, en attendant que les Maîtres désignent de nouveaux agents, c’était à Vahalaar de régler ce problème. Il avait la chance d’être épaulé par quelqu’un d’aussi déterminé que lui, et qui brillait également auprès de la population.

Il continuait à réfléchir ainsi, adossé au mur. Il hésitait. Il n’était qu’un agent et ses Maîtres avaient l’expérience. L’un d’entre eux faisait parti de ceux qui avaient vaincu le Seigneur-Mage. Il ne devait pas se fourvoyer.
Il jeta un coup d’œil à l’horloge, puis recacha la clef. Il ressassait tout cela dans sa tête, tout en se mettant en route vers l’église de Cavenfer.

Sur le palier de sa maison, refermant la porte, il continuait à penser à tout cela. Le pire était la disparition de Farghan et des nobles. Avaient-ils trahis ? Partaient-ils pour les terres ardentes pour affronter eux-mêmes le sorcier ou préparaient-ils quelque chose ? Ou alors Farghan avait décidé de se séparer de lui ?

Il grimaça une dernière fois, redressa la tête, et tomba sur le visage souriant de Taenil, qui lança, en guise de salutation :

« En tout lieux et en tout temps, pour Son unique gloire, par la volonté de Jored, Ildur et Erana ! »
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Dernière édition par Bizzardbizzare le 06/01/09 19:06; édité 1 fois
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MessagePosté le: 07/01/09 12:22    Sujet du message: Citer

Loin dans les terres ardentes, par delà des rivières de lave et des forêts fongiques, Enlgorm surveillait l’arrivée de ses troupes. L’appel des Titans des flammes se propageait dans les étendues souterraines, mobilisant chaque Orc ou Démon valide, qui se mettaient en marche vers les frontières humaines.

Lévitant au dessus des baraquements ou stationnaient les nouvelles troupes, il se dirigea vers le sud de l’installation, lieu de forge des armes et armures que porteraient les fiers hérauts du courroux des Titans.
Atterrissant lentement entre deux cheminées soufflant une chaleur qu’appréciait le Porte-mort, il se dirigea vers une créature qui lui tournait le dos, occupée à donner des ordres aux artisans Orcs.

« Nihilus ! »

L’être lui fit face, surpris par la présence de son maître. C’était un démon au visage plus creusé et non-ornés de pointes, mais dont la gueule comportait une dentition plus acérée. Son crâne était orné de deux cornes et ses veines, au lieu de véhiculer une substance rougeoyante, transportaient un sang noir brillant, animé de la même lueur que ses yeux. Ses mains étaient griffues, terminant une série d’épines depuis les épaules, à la manière d’Enlgorm. Enfin, il affichait deux ailes déployées dont l’envergure était suffisante pour englober tout le corps.

S’inclinant respectueusement, le démon salua d’une voix grave :

« Seigneur Enlgorm… Je m’apprêtais à vous retrouver. »

Scrutant son serviteur avec un soupçon de méfiance dans son regard, le Titan questionna calmement :

« Faites votre rapport, Chef des armées »

« L’assaut sur la position humaine de l’est à été une réussite, à présent, le contingent des Grifflammes marche sur leur village fortifié que nous avons prévu comme point de ralliement. Les montagnes alentour sont désertes de toute fortification ennemie, et nous pourrons y tenir n’importe quel assaut. Vos troupes auront une voie royale pour rejoindre la légion d’Incendius. »

Se frottant les mains lentement, la créature volante montra un sourire satisfait.

« Bien. D’ici quelques semaines à peine, Cavenfer sera à portée de nos armes, et elle tombera d’une seule attaque coordonnée. Cependant… cette race humaine m’intéresse de plus en plus. Leurs terres et leur nombre sont bien plus vastes que ce que l’on pourrait croire au vu de leur faible opposition ici… »

Le démon ne répondit pas, laissant son maître continuer.

« La seule chose qui me dérange, c’est cet Adun… Même chez eux, ils ne parlent que de lui et restent en confiance. Cela m’intrigue. »

« Il n’est qu’une créature mortelle, au contraire de vous, Seigneur. »

« Je sais… Mais il me semble trop sûr de lui. Il me faut un moyen de le faire sortir de sa cité pour pouvoir le rencontrer. »

Nihilus baissa les yeux quelques instants, gêné par l’information qu’il avait à transmettre.

« A ce sujet… Je sais que les humains ont tentés d’interroger les Cultistes, mais qu’ils n’ont pas encore réussi, grâce au dévouement dont ils font preuve envers votre Grandeur… mais… mais… »

Serrant le poing et se dressant au dessus de son serviteur, Enlgorm posa un lourd regard sur lui.

« Mais… J’ai reçu un appel à l’aide du Grand Cultiste Zjhekal. Il dirigeait ses troupes sur Val-de-braise comme prévu, mais il à été capturé dans une embuscade, et les humains semblent l’avoir empêché de se mettre à mort… »

Le Titan frappa rageusement sur le sol.

« Or… monseigneur, nous savons que tous les prisonniers d’importance sont conduits à Cavenfer… »

Comprenant ou le démon voulait en venir, son maître s’éleva lentement, une lueur de malice dans ses yeux, abandonnant sa colère pour un air plus satisfait :

« En effet. Avec un peu de chance, le Seigneur-Mage se permettra de sortir un peu de son donjon. »

Il fit une pause, gratifiant Nihilus d’un sourire carnassier pendant quelques instants, puis repris brusquement son aspect grave :

« Prépare tes troupes maintenant, et lance l’assaut comme prévu ! »

-------------------------------------------------------------------------------------

Vahalaar referma violemment la porte de son logement et tira un couteau de son gilet, le pointant en direction de Taenil.

« Qui es tu exactement ?! »

Le ton était sec, violent et inquisiteur. Très calme, le sorcier à la barbe blanche entreprit de satisfaire son interlocuteur :

« Un membre de la Ligue voyons, comme toi. Comme Farghan. »

L’espion sursauta à l’évocation du nom de son confrère.

« Comment le sais-tu ? »

« Enfin, voyons, c’est lui qui m’en a informé. »

Incrédule, Vahalaar cligna des yeux, ayant du mal à concevoir la situation, faisant signe au mage de continuer.

« Bon, je sais qu’a première vue ce n’était pas très clair que je fasse partie de la Ligue, mais je voulais vérifier que c’était bien toi dont on m’avait parlé. »

« Qui, « on » ?! »

L’espion était nerveux, il n’arrivait pas à se représenter si Taenil mentait ou disait la vérité. Celui-ci par contre, gardait tout son sang froid.

« Eh bien Farghan, je te l’ai dis. »

« Non ! Je suis le seul membre de la Ligue expédié ici, les Relayeurs me l’ont assuré avant que je parte. »

Le visage du mage prit un air bonhomme, comme si la phrase de l’espion lui paraissait naïve ; bien qu’en réalité, il n’avait aucune idée de ce qu’était un Relayeur.

« Qui te dis que j’ai été envoyé spécifiquement ici ? Je sers d’agent dormant depuis des lustres, voila tout. »

Sans se détacher de sa nervosité, l’espion se mit à réfléchir.

« Ou es ton coéquipier alors ? Et pourquoi accompagnais-tu le Seigneur-Mage ? Qui t’as placé là ? »

« Allons. Mon binôme est resté à Verenath pour vérifier que le Haut-Père recevait bien le « moyen » en question. Et puis j’ai été introduit en tant que greffier auprès de Zerendis, il est logique que je l’accompagne non ? »

Taenil décocha un sourire, tentant de faire passer cela pour logique et de déstabiliser l’espion. Malgré cela, il continua son interrogatoire, un peu moins affolé :

« D’accord, d’accord, donc tu voudrais dire que la Ligue aurait envoyé un de ses agents sans l’informer qu’il y avait réellement des personnes infiltrées dans l’entourage du Seigneur-Mage ? Tu te fiches de moi ? »

Taenil eut un rapide mouvement de recul, sans réellement trouver de parade à cette question.

« Oh, tu sais, ils doivent sûrement vouloir te tester, ou alors Farghan ne le savait pas quand il t’as envoyé là… Tu sais, il est très précautionneux, même pour un agent de la Ligue, il à convaincu Maître Ildur qu’il n’y avait pas assez de contrôle de notre part ici. Je suis sûr que toi aussi ils t’assomment avec ça à chaque rapport, hein ?»

Vahalaar, surpris, baissa son couteau, et sourit un moment.

« Oui… C’est vrai, tu connais le nom des Maîtres et le mot de passe. Excuse-moi. »

Il tendit sa main vers le sorcier, comme en repentance de son erreur. Soulagé de s’être rendu assez crédible, Taenil la serra joyeusement. Il chercha à retirer la sienne, mais l’espion renforça sa poigne, et tendit son couteau sous la gorge du mage.

« Mais tout ça ne me parait pas clair. »

Il posa vivement son arme sur la table, et, plus calme, s’installa dans un fauteuil, pendant que son interlocuteur passait la main sur sa gorge.

« Bon, alors vas-y, qu’est ce que tu sais de la situation ? »

« Valandre à été envoyé ici par la Ligue pour déstabiliser le Seigneur-Mage, et a trouvé un moyen radical paraît il, de le détruire, sans s’attirer les foudres de la population. Toi, tu penses que c’est la bonne voie, mais Farghan et les supérieurs pensent qu’il faut plutôt se débarrasser du Haut-Père. »

« Exact. »

« Bien, alors je pense qu’il faut suivre les directives de là haut »

Vahalaar sursauta.

« Quoi ? »

« Enfin, je pense qu’ils ont tort moi aussi, mais si les choses tournent mal, je préfère ne pas servir de bouc émissaire, tu comprends ? »

L’espion sembla déçu, mais laissa Taenil parler.

« Cependant, si Valandre devait repartir, mort ou pas, dans les terres extérieures, sachant qu’il a destitué Berthen, qui serait en charge de la division de la Grande Eglise ici ? »

« Je ne supporterais jamais de m’occuper de tout ces trucs administratifs et rituels tout en devant obéir aux demandes de la Ligue ! Je suis un homme de terrain, pas un chef religieux ! »

« Ca serait une opportunité formidable pour nous ! Tu n’aurais qu’à nommer des agents à ta place. »

« Valandre pourrait déjà le faire. »

« Le fait-il ? »

Vahalaar se tint le menton, levant les yeux, constatant que le mage semblait une fois de plus avoir raison.

« Non. Oui, tu as raison, mais… »

« Mais rien. Il faut empêcher Valandre de détruire le Seigneur-Mage alors que nous avons l’opportunité de diriger tout cela ! D’ailleurs, comment compte-t-il s’y prendre ? »

L’espion porta la main à son gilet pour prendre le couteau, réalisant qu’il ne l’avait pas sur lui.

« Qui peut m’assurer que tu n’es pas en train de me prendre pour un imbécile ? »

L’ami d’Adun ne s’attendait pas à ce que Vahalaar redevienne suspicieux, mais il répondit de son ton goguenard :

« Tu n’as qu’à demander à Farghan ou à maître Ildur. »

L’espion serra les dents, avec l’impression désagréable que le barbu faisait exprès de les citer pour l’agacer. Ou alors il savait que ces deux la n’étaient pas contactables.

« Soit. Je vais te le dire alors, je n’ai pas vraiment d’autre choix. »

Il regarda Taenil dans les yeux, avant de poursuivre sur un ton bas.

« Le moyen de Valandre est en réalité une relique ancienne infusée avec quelques sortilèges, pour tirer profit de la puissance magique de ses matériaux. C’est une couronne, la couronne de Lorth, que la Grande Eglise gardait depuis des siècles. La Ligue à fait pression pour que les Archevêques la déclare comme un artefact sacré, béni par le Tout-puissant, et tout ça, mais en réalité elle à juste un très puissant enchantement qui réagit à la magie. »

« C'est-à-dire ? »

« Lorsque qu’un sorcier met la couronne, celle-ci réagit en fonction des enchantements du porteur. S’ils ont été considérés comme proches de la Lumière lors de la création du sort, alors ils reçoivent une sorte d’illumination. Sinon, la relique leur envoie une déflagration violente. Je ne l’ai jamais vu en action, mais même Zerendis ne devrait pas apprécier. »

« Ca ne marchera pas. »
« Hein ? »

« Je veux dire, si les sorts qui sont reconnu par la couronne ont été catalogués il y’a des siècles, alors elle ne réagira pas sur les sorts de magie tissés d’aujourd’hui. Surtout que c’est probablement un assemblage de magie runique. »

Vahalaar ricana, content de pouvoir avoir enfin raison face à son interlocuteur depuis quelques dizaines de minutes.

« Non, car en réalité, il existe au moins un sortilège qui a à peine été modifié depuis sa création, et c’est le plus visible sur le Seigneur-Mage. »

Taenil fit une moue dubitative, indiquant qu’il ne voyait pas de quoi il s’agissait.

« Le sortilège de longévité, celui qui fait que Zerendis est encore là à se dresser contre la Ligue au lieu de pourrir en tas d’ossements dans un cercueil. Au vu de son âge, il doit avoir tellement renforcé le sort que la couronne ne pourra pas le manquer. »

« La décharge est proportionnelle ? »

« Non, elle est fixe, mais c’est un moyen sûr de le toucher. »

« Comment… comment Valandre veut il atteindre le Seigneur-Mage avec ça ? Seul le roi, le Grand Archevêque et quelques princes portent une couronne, et encore, j’imagine qu’il ne s’agit pas d’une couronne basique mais de quelque chose de plus reluisant. »

« Exactement : c’est une merveille de l’art. Et il est hors de question qu’il se fasse couronner pour un titre… Par contre, pour une inquisition… »

Toujours sans comprendre, Taenil gardait un air curieux, renforçant la joie de Vahalaar qui ne se rendait pas compte de sa duperie.

« Le Haut-Père à prévu d’organiser une cérémonie publique de purification, ou il dévoilera la Sainte Relique, et fera choisir dans l’assemblée des personnes dont on doute de leur foi par un aspirant monacal censé avoir été béni par la couronne. En réalité, ce sera truqué et l’aspirant saura qui il doit appeler. Ensuite, chacun des appelés endossera la couronne, et vu que ce ne seront tous que des paysans ou des mineurs sans aucune connaissance magique, il ne leur arrivera rien. Et enfin, au bout d’une dizaine d’appel, le petit moine devra désigner le Seigneur-Mage, provoquant le résultat auquel vous pensez sûrement. »

Taenil hocha la tête avec une moue peu joyeuse, aussi impressionné qu’apeuré par ce projet.

« Or, ce n’est pas à lui de mourir. D’ailleurs, le Haut-Père a aussi un enchantement de longévité, non ? »

L’espion prit une grande inspiration, reprenant en tête les consignes laissées par ses maîtres, et l’obligation de suivre les ordres de ses supérieurs. Il fixa Taenil puis ouvrit l’armoire à coté de lui, en sortant une bouteille de vin à peine entamée avant de s’en servir un verre. A nouveau, il inspira, bût le vin, fixa le mage, leva les yeux aux ciels et frappa d’un coup de pied sur le sol pour finalement déclarer de mauvaise humeur :

« L’aspirant appellera Valandre. »

------------------------------------------------------------------------------------

Thaddius était allongé sur le sol âpre des terres ardentes, au sommet d’un canyon, surveillant ce qui se passait plus bas. A coté de lui, un autre soldat préparait les deux chevaux qui les accompagnaient.

« Combien ils sont à ton avis ? »

« Trop. »

Ils désignaient ainsi le grouillement dans les profondeurs, une armée des terres ardentes qui traversait le gouffre en direction du poste-avancé de Zerendath, nommé ainsi en l’honneur du Seigneur-Mage. La troupe se déplaçait lentement, autant à cause de l’irrégularité du sol du canyon cabossé par des flaques de lave, qu’à cause de la charge de matériel portés par les bêtes de somme.

« Allez Thaddius, faut y aller maintenant. »

« A ton avis ils en ont pour combien de temps avant d’arriver au camp ? »

« Deux heures, pas plus. Allez, dépêche toi, faut pouvoir passer dans la plaine sans qu’ils nous voient ! »

Thaddius se leva puis grimpa sur sa monture, flegmatique.

« Zenders, je pense qu’on ferait mieux de se séparer. Si l’un d’entre nous est capturé, l’autre pourra quand même alerter la garnison. »

Son compagnon soupira et le regarda dans les yeux avec un air de lassitude.

« Soit, mais c’est moi qui passe par le nord, toi tu iras par le passage est. »

L’autre soldat eut un mouvement de révolte, mais Zenders le devança :

« C’est ton idée. »

Il fit alors s’élancer son cheval et commença à prendre de l’avance sur Thaddius. Celui-ci grommela, mais se décida finalement à partir dans l’autre direction.

Tout en traversant les étendues rougeoyantes, il se plongea dans ses pensées, sans faire plus attention aux terres environnantes. Cela faisait peu de temps qu’il était arrivé dans ce simili-enfer, et il n’appréciait pas beaucoup sa condition de soldat. Sa compagnie bougeait beaucoup et combattait peu, ce qui l’ennuyait au plus haut point. Il avait beau préférer ne pas avoir à risquer sa vie, il trouvait peu agréable de devoir porter du matériel chaque jour ou presque pour changer de campement et s’enfoncer plus profondément encore dans ces landes ardentes. Lorsqu’on avait affecté sa troupe à Zerendath et qu’il avait été choisi comme éclaireur, il avait eu l’espoir de pouvoir rester en sécurité pendant quelques temps dans le bastion naissant, mais celui-ci se trouvait déjà menacé. A n’en point douter, un lieu portant le nom du Seigneur-Mage aurait été un des futurs points vitaux du royaume souterrain si l’on jugeait les moyens mis en œuvre pour l’agrandir.

Il sortit de sa méditation, sa monture se contentant d’aller au pas. Il était arrivé devant un grand lac de lave ardente dont il ne s’était jamais approché auparavant. Les grandes fosses étaient un endroit dangereux ou vivaient souvent des créatures magiques faites de magma et ou certains sorciers, Orcs comme Cultistes, venaient se ressourcer. Il resta un instant à contempler la chose : Devant lui, légèrement en contrebas, le lac de liquide en fusion, alimenté plus loin par des coulées sortant de montagnes aux sommets déchiquetés et ou apparaissait l’activité d’un volcan. Sur sa droite, une chaîne rocheuse qui se prolongeait presque jusqu’au canyon, parcourue par une poignée de créatures volantes de petite taille, appelés simplement par les colons des « Oiseaux de feu ». Ces volatiles ressemblaient effectivement aux bêtes des terres extérieures, mais avec la différence que la nature semblait avoir accordée à presque tout ce qui vivait ici : Des écailles. De plus, la majorité n’était pas comestible, leurs corps étant bien trop filandreux.
Le soldat jeta un œil à sa gauche, ou la plaine vide continuait jusqu’à ce transformer en une vaste étendue tout aussi absente de vie mais parsemée de cratères ardent. Au bout pointait une forêt de champignons qui représentait une pause dans la chaine de cratères, un peu comme une ile. Plus loin encore se dressaient les prémices du fort de Zerendath. Un bon quart d’heure avant d’y être.

Il fit claquer les rênes de son étalon pour lui intimer de repartir, jetant un œil légèrement anxieux à l’est d’où il craignait voir arriver les Orcs. En quelques minutes, il fut à la bordure de l’étendue cabossée par les renfoncements enflammés. Il s’engagea après une courte hésitation, faisant avancer prudemment sa monture, concentré sur l’observation de l’activité de ces volcans pygmées.

Seul le bruit d’un puissant battement d’aile coupa son attention, le faisant tourner vivement la tête vers le ciel. Remplissant peu à peu son champ de vision, un dragon fondait sur lui depuis les hauteurs.

Lançant son cheval à pleine allure à travers la plaine de flammes, Thaddius pensa rapidement à la dernière prière qu’il pourrait faire.

Mécontente que sa proie l’ait remarqué, la bête volante rugit férocement et se décida à voler plus vite. Malgré sa relative tolérance des flammes, la créature soutenait difficilement un jet de lave depuis les cratères, entre lesquels le soldat avançait à toute allure. Esquivant de chance quelques projections incendiaires, l’homme voyait avec émotion la forêt se rapprocher.

Subitement, un souffle de flammes du dragon atteignit le cheval, le faisant tomber ainsi que son porteur. Protégé par les bribes restantes du sortilège d’hydratation, l’éclaireur abandonna sa monture dévorée par le feu, et continua sa course vers le bosquet fongique.

Le dragon s’arrêta un instant auprès de l’étalon calciné, mais insatisfait, reprit son vol pour poursuivre l’homme, qui venait d’atteindre la clairière.
Celui-ci s’était précipité dedans, persuadé d’être hors d’atteinte de son poursuivant. Tout autour de lui s’étendaient des champignons géants qui formaient presque un mur. Les cris de la bête résonnèrent un instant au dehors.

Peu rassuré, Thaddius se mit à avancer plus vite entre les pousses fongiques démesurées. Quelques lianes lui barraient le chemin. Il tenta de s’en débarrasser, mais ne parvint qu’à les coller à ses gants, à cause d’un liquide gluant qui en émanait. Agaçé, il les jeta à terre, faisant fuir un petit reptile qui passait par là.

Il fut surpris par un léger tremblement de la terre, immédiatement suivi par la chute d’une des plantes. D’instinct, il se jeta à terre, évitant un souffle de flammes du dragon, qui mis feu au bosquet.

Se relevant péniblement, il vit avec frayeur les végétaux s’enflammer autour de lui, et se mit à chercher une sortie. Mais, miraculeusement, la fournaise se mit à diminuer d’importance. Toute la flore environnante suintait ce liquide collant qui semblait repousser la chaleur. Thaddius était émerveillé et avait de la peine à croire qu’il ait survécu. Mieux : Il allait reporter cette nouvelle aux scientifiques, aux mages, aux officiers, ou peu importe à qui, on le remercierait sûrement. Il resta quelques instants là à admirer les défenses de la Nature avant de se mettre à tousser. Tout autour de lui, l’air s’emplissait de spores relâchées par les champignons. Repensant aux multiples empoisonnements qu’il avait vus et qu’on leur attribuait, il se mit à courir sans attendre.

Il passa ainsi quelques minutes à travers la forêt, ralentissant le pas au fur et à mesure qu’il s’éloignait de la clairière. Le silence régnait, coupé occasionnellement par le passage d’une bête volante au dessus de lui. Les lianes fongiques semblaient créer une toile d’araignée géante qui s’étendait entre chaque arbre-champignon. Sur chacune d’entre elles, il notait des dizaines de pousses d’espèces plus petites. La lumière était faible, mais suffisante à son déplacement. Il appréciait particulièrement cet endroit, sans réellement savoir pourquoi, peut être l’impression de sécurité. Les campements et villes des humains dans les terres ardentes ne lui donnaient pas cette sensation, il se ressentait, à juste titre, comme un envahisseur. Ici, au contraire, il ne risquait rien et n’affrontait personne. Pas de conflit. Brusquement, il se remémora la situation. Zerendath était menacé. Il devait sortir de la.

Finalement, il atteignit la sortie du bois, apercevant les fondations de la forteresse qui pointaient au-delà des quelques derniers cratères. De toute façon, il ne pouvait pas rester là, il n’avait pas le choix, le sortilège d’hydratation allait se dissiper tôt ou tard.

Il se risqua hors de la sylve et se mit en marche prudemment sur la terre craquelée. Autour de lui, une chaleur atroce se dégageait des fractures du sol. Parfois un jet de lave pointait, mais il arriva assez vite à mi-chemin. Il aperçu une sentinelle qui le montrait depuis les hauteurs aux autres vigiles.

Rassuré, il n’aperçut pas l’ombre du dragon qui fondait sur lui.

-----------------------------------------------------------------------------------

Farghan se sentit sortir d’un long sommeil, constatant qu’il était assis par terre, puis tenta de se relever vivement, sans succès. Il regarda ses mains, attachées par une simple corde à un anneau fixé dans le mur. Il en allait de même pour ses pieds, piégés au sol.

Il ferma les yeux pour tenter de retrouver le calme. Tout ce qu’il se souvenait, c’était sa réunion avec les survivants de la Coalition et l’arrivée impromptue d’un inconnu. Il se décida à observer la pièce dans laquelle il se trouvait : Presque vide, hormis un établi dans un coin, une fenêtre d’où jaillissait la lumière qui éclairait la salle et une porte en bois massif. Le dallage et les gravures des gonds de la porte lui semblaient étrangement familiers.

Un corbeau vint se poser sur le rebord de la fenêtre, regardant d’un œil curieux le prisonnier. La bête était de corpulence assez considérable pour son espèce et son plumage était très dégarni en dehors des ailes, le duvet subsistant semblant anormalement gris et poisseux. Pour finir, d’hideux morceaux de chair pendaient de sa bouche et de ses yeux. Elle remua quelques fois de la tête, poussa un croassement et s’envola à nouveau.

L’espion grogna, inquiet. Il n’appréciait pas la situation qu’il ne comprenait pas plus qu’il ne la maîtrisait.

La porte s’ouvrit, laissant entrer l’homme aux cheveux rouges qui ne lui prêta pas attention. Tranquillement, il se dirigea vers l’établi où il commença à faire usage des récipients qui s’y trouvaient, versant tour à tour un liquide ou un autre dans un des contenants, où encore faisant chauffer un alambic.

Il continua ainsi pendant quelques minutes avant de faire face à Farghan, le visage fendu d’un large sourire.

« Bonjour mon cher, comment allez vous ? »

En réponse, l’agent de la Ligue se renfrogna, fixant dans les yeux son geôlier, imperturbable, qui conserva son allure gaie et recommença à parler.

« Vous savez, vous allez m’être d’un très grand secours. D’ailleurs vous allez-même continuer à vivre ! »

Farghan garda son air sombre, étudiant le physique de l’homme, qui possédait quelque chose d’anormal, sans qu’il soit capable de le définir. Un corbeau, plus petit que le premier, vint se poser sur l’épaule de l’alchimiste toujours joyeux.

« Oh, j’espère que ces bêtes ne vous ont pas trop dérangés mon cher. » dit-il en caressant l’oiseau d’un air attentionné. Il croisa le regard fixe de l’espion, le soutenant pendant quelques instants avant de perdre son euphorie.

« Allez, parlez donc ! »

« Libérez-moi. »

Le ton était sec et presque aussi affirmé que le discours qu’il tenait devant les membres de la Coalition. Mais en son for intérieur, Farghan se doutait que ses arguments n’auraient pas le même poids.

Comme pour justifier ses craintes, l’homme se contenta de rire.

« Vous libérer ? Et pourquoi ? J’ai encore quelques choses à préparer auparavant. »

« Libérez-moi ou la Ligue vous le fera payer. »

La première réponse fut un regard hilare et condescendant. La seconde fut tout aussi amusée et accompagnée de grands mouvements de bras, faisant s’envoler le corbeau.

« La Ligue ? Ah ! Je me demande même comment ils pourraient me retrouver ! »

« Vous êtes quoi, un nobliau de plus ? Un alchimiste fou qui joue avec des pigeons modifiés ? Vous cherchez quoi, une rançon ? »

Cette fois, la voix de l’espion tentait de se faire méprisante. Sans réaction de son gardien, Farghan poursuivi :

« Nous avons des agents partout, des contacts dans chaque royaume ! Vous n’imaginez pas que pour une affaire de ce niveau, la Ligue va laisser disparaitre un de ses agents non ? Libérez-moi ou vous aurez une épée plantée dans le cœur d’ici quelques jours à peine ! »

Toujours amusé, l’homme se rapprocha de son prisonnier, et se pencha sur lui, en lui susurrant :

« Ce ne sont que les pièces d’un monde qui va se finir vous savez. Aucun membre de la Ligue, aucun de ses maîtres ne pourra tenter quelque chose pour vous, et nul royaume ne pourra bientôt plus faire quoi que ce soit. »

« Bah ! De quoi parlez-vous ?! »

Haussant les épaules, l’inconnu se contenta de retourner à son travail, constatant qu’un de ses alambics chauffait de trop. D’un ton distrait cette fois, il lança :

« Par le plus grand des hasards, seriez-vous assez aimable pour me donner le nom de celui qui accompagne Valandre dans les terres ardentes ? »

Farghan se contenta de cracher. D’un air attristé, l’alchimiste confia :

« Aucune importance. Je le saurais bien assez tôt ! ».

Suite à cela, il fit léviter toutes les potions, alambics, réchauds et fioles disposées sur la table et les fit sortir de la pièce, en jetant un dernier regard au captif. Juste avant de refermer lui-même la porte, il claqua des doigts, provoquant la combustion instantanée des cordes.

L’espion s’en rendant compte, se leva brusquement et se mit à courir vers son geôlier qui en réaction dit simplement :

« Les corbeaux vous apporteront de quoi manger. Et n’essayez pas de fuir, ce serait inutile. »

Il claqua ensuite le battant, sous le nez du détenu. Celui-ci, faisant fi des remarques de l’homme, se dirigea vers la fenêtre, cherchant à s’échapper.

Ce qu’il vit le coupa de toute velléité de sortie : Il était certes dans un tour mais elle ne surplombait pas une colline, un lac voir autre chose. Non, elle flottait dans les airs entourée d’une nuée de corbeaux et de nuages, bien au dessus du sol.

Alors qu’il regardait avec effarement sa situation, Farghan sentit quelque chose de crochu sur sa tête.

Il se jeta en arrière pour repousser son assaillant, avant de se rendre compte qu’il ne s’agissait que d’un corbeau. Celui-ci croassa, puis déposa un biscuit rond sur la table avant de repartir. L’espion le prit en main, constatant qu’il était aussi poisseux que son livreur. Il valait mieux ne pas avoir soif.

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Adun contemplait son œuvre depuis le sommet du donjon de Cavenfer. Il était là, attablé sur une des tours, le regard posé sur l’étendue de la ville. En bas, la foule s’évertuait à vivre, bercé des illusions que le Seigneur-Mage leur faisait intérioriser. Il appréciait peu de choses à un tel niveau, la satisfaction du travail bien fait en quelque sorte. Tout était sous contrôle.

Un sourire marquait son visage, dont le regard allait de bâtiment en bâtiment. D’abord un premier commerce appartenant à Jurgot Mendren, jouxtant une tannerie gérée par l’état. S’ensuivait un poste de vigiles, payés également par le gouvernement. La rue d’en face commençait par un établissement de pompe-funèbres ; qui devait référer périodiquement a un des gestionnaires de la ville pour l’occupation des cimetières ; et se prolongeait par la bâtisse en réaménagement du futur premier journal de Cavenfer, dirigé à première vue par un illustre inconnu, mais dont les fonds venaient en majorité des protégés de Venkas.

Malheureusement, le regard du sorcier s’arrêta sur un furoncle au milieu de ce champ de réjouissance : Une chapelle ou se rendaient quelques fidèles.

Il leva les yeux au ciel, se rappelant qu’il faudrait à l’avenir porter plus d’intérêt aux agissements de Jurgot. Il y’avait d’autres riches propriétaires qui émergeaient et laisser trop de richesses dans les mains d’un seul homme s’avèrerait dangereux tôt ou tard.

Adun se servit un verre de vin. Le cristal finement taillé laissait paraître la rougeur et le pétillement de l’alcool. Il bût le liquide lentement, savourant chaque instant de sa presque-réussite. On venait de lui annoncer la réussite d’un de ses projets : la capture d’un Cultiste que l’on avait réussi à garder en vie. Il serait la d’ici quelques jours. Mais qu’en était-il de Venkas ? Le Général ne donnait plus de signes de vie, il devait avoir eu largement le temps de revenir de Val-de-braise, où personne ne l’avait vu. Aucune des expéditions de recherches ne l’avait d’ailleurs trouvé.
Le sorcier s’inquiétait de cela. Ehnnersson n’était pas son soutien le plus fanatique mais c’était un homme courageux et intelligent, fidèle à la nation et qui, en dépit de ses liens avec le roi, restait un allié de taille pour le Seigneur-Mage. C’était aussi un ami, pas au même titre que Taenil, mais quelqu’un qu’il appréciait au-delà de ses capacités à régir un royaume.

Il eut un mouvement de colère. Il ne devait pas se laisser-aller. Les sentiments, c’est ça qui l’avait ralenti dans son accession au pouvoir, c’était une faiblesse. Et si Venkas avait été capturé ? Rendre les armes, des prisonniers, abandonner une position fortifiée au risque de perdre la guerre en guise de rançon, tout ça pour des états d’âmes ? Non, il s’y refusait. C’était comme ça qu’il avait réussi à affronter la Ligue. Le sacrifice de Jeregand avait été nécessaire !

Il frappa du poing sur la table comme pour se convaincre lui-même. Il avait fait le bon choix, plus jamais il ne devait hésiter pour des sentiments. Seuls Taenil et Enshina, restée dans les terres extérieures, pouvaient bénéficier de ce traitement de faveur.

Son regard perdit toute la joie qu’il contenait et il recommença à scruter la ville, cette fois avec froideur. Il fallait retourner aux affaires, il perdait trop de temps. Il se servit un dernier verre de vin par principe, puis se leva et retourna vers l’escalier d’accès à la tour, gardé par deux hommes qui veillaient la sans mot dire.

Il devait se concentrer sur la menace extérieure désormais et se débarrasser de Valandre dès que Taenil lui aurait donné ses éventuelles informations. Rien ne l’agaçait plus que les dissensions internes alors qu’un ennemi extérieur s’affichait. D’ailleurs, si quelqu’un avait envoyé Venkas à Val-de-braise, il y’avait nécessairement eu une fuite ou un complot à l’intérieur même et c’était probablement le même traître qui avait donné les renseignements de ses déplacements.

A présent, Adun avait quitté l’escalier et marchait des les couloirs de l’administration. On l’y réclamait souvent, mais il avait plus important à faire.

« Seigneur-Mage ! Permettez-moi de vous déranger mais l’architecte Empforth veut votre accord pour les plans de la tour principale de Zerendath ! »

« Je n’ai pas le temps ! » répliqua t’il sèchement au commissionnaire qui le dérangeait.

Tout les quelques mètres étaient disposés des entrées vers les bureaux des principaux fonctionnaires. Au bout du couloir apparaissaient des escaliers et plus loin encore, le bureau du Gouverneur des terres ardentes lui-même.

Entendant un autre appel derrière lui, il pressa le pas. Il lui fallait délayer plus de responsabilités et engager plus de personnel.

Finalement arrivé, il vérifia l’état des sortilèges de silence présents, tous intacts. Une lueur cependant l’interpella, flottant au dessus de sa table de travail. Il fit quelques observations puis parvint à décrypter la chose : un message magique provenant de Taenil. Il s’assit puis plaça sa main dans l’espèce de brume flottante, recevant les paroles comme un écho :

« Adun. Comme tu le pensais, le conseiller de Valandre est plus que cela : C’est un agent de la Ligue des Espions qui a été envoyé ici avec le Haut-Père pour prendre le pouvoir. Cependant, il semblerait que les maitres de la Ligue aient eu un revirement d’opinion et veulent te laisser en vie le temps de s’infiltrer dans le régime. Fallas, lui, va vouloir ta mort. Pour cela il a prévu d’organiser une cérémonie publique d’inquisition ou il compte te faire mettre une couronne enchantée qui réagirait au sortilège de longévité. J’ai réussi à me faire passer pour un agent de la Ligue auprès de Vahalaar mais en tant que scribe du palais et je crains qu’il ne me surveille. Evite tant que tu peux d’éveiller ses soupçons jusqu’au jour de la cérémonie qui sera un moyen parfait d’éliminer Valandre. »

Quelqu’un toqua à la porte. Immédiatement, le sorcier dissipa le sort avant d’annoncer :

« Entrez ! »
Un garde fit le premier pas, suivi d’un autre, portant tous deux une lourde malle, précédant un homme encapuchonné qui leur fit signe de poser le coffre devant le bureau. Intrigué, le Seigneur-mage demanda :

« Qu’est ce que c’est ? »

Pour toute réponse, l’homme retira sa capuche, laissant paraitre le visage d’Ajar Barenhold, les traits plus tirés que la dernière fois qu’Adun l’avait croisé. Celui-ci fut étonné de revoir là son commandant qu’il croyait défunt.

« Ajar ? Vous avez survécu ? »

La encore, l’ancien officier resta muet et ouvrit la malle, faisant signe au Seigneur-mage de regarder. Le sorcier jeta un coup d’œil sans trop comprendre puis remarqua ce qu’il y’avait à l’intérieur : Le corps inanimé et à moitié carbonisé du Général Venkas. Relevant brusquement la tête, il eut juste le temps de voir une énergie noire remplir les yeux de Barenhold qui dégaina une dague et se jeta sur lui en hurlant.
La seconde de battement provoqué par la distance des deux hommes laissa à Adun le temps d’envoyer une rapide décharge magique sur son adversaire qui le propulsa jusqu'à l’autre bout de la pièce. Les deux gardes se dirigèrent vers le cadavre de nouveau sans-vie de l’ancien régent de Val-de-gloire.

Le sorcier eu à nouveau un regard pour la dépouille d’Ehnnersson. Il ne devait pas s’attrister. Aucune importance. Non. Mieux valait découvrir pourquoi et comment Ajar était devenu soit fou soit, et c’était l’hypothèse la plus plausible au vu des sommes d’énergie nécrotique qu’il dégageait, un mort-vivant.
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Dernière édition par Bizzardbizzare le 07/01/09 20:41; édité 1 fois
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MessagePosté le: 10/01/09 10:32    Sujet du message: Citer

Adun avait fait emmener les deux cadavres dans son laboratoire. C’était une pièce fermée et verrouillée par plusieurs cadenas et enchantements, à l’écart du reste du donjon. On n’y trouvait pas grand-chose hormis la panoplie de l’alchimiste classique : réchauds, fioles et liquides étranges et, dans un coin une sorte de vortex lumineux bleu très actif émanant des flots de magie pure à une vitesse lente, flots qui se déversaient dans un grand récipient en verre entourant le tourbillon.

Le sorcier déboucha le récipient et fit un cercle de sa main autour de l’ouverture, faisant en réponse monter quelques parcelles de magie. Elles l’atteignirent, créant un halo chatoyant à même sa peau et produisirent une brusque bouffée d’énergie qui se manifesta dans les yeux du mage.
Satisfait, celui-ci referma le grand bocal et retourna à sa tâche première d’examen des dépouilles.

Il eut un nouveau sentiment de tristesse en déposant le corps de Venkas sur sa table. On aurait dit que ce dernier avait gravé sa force de volonté dans son regard. Il était mort de déshydratation, ce qui supposait que le reste de son escorte avait subi à peu près le même sort. Aucune trace de magie n’était visible sur lui.

Adun s’intéressa ensuite à Ajar dont le corps était transpercé par une arme qu’il n’aurait pas su décrire, mais la n’était pas le principal. Le corps était sous l’emprise d’une très puissante sorcellerie sauvage qui créait une vie artificielle. L’enchantement lui était inconnu et étrangement complexe pour de la magie d’ordinaire si basique, mais il parvint à décrypter les points importants : L’envoutement était infusé dans le corps, développant une sorte de nouvelle conscience uniquement magique capable de contrôler chaque articulation de la charogne et pouvait raisonner dans les limites fixées par son créateur. Ici les facultés mentales se limitaient presque à marcher et tuer.

Pour la première fois depuis des décennies, le Seigneur-Mage frissonna. Il ne s’agissait pas simplement de créer une non-vie mais de fournir un corps à une pensée autonome. La nécromancie était extrêmement rare dans l’histoire des terres extérieures, autant par la puissance qu’elle requérait qu’à cause de sa faible utilité : Les morts-vivants connus jusqu’ici étaient presque totalement contrôlés par l’esprit de leur maître ce qui monopolisait une grande partie de ses capacités cognitives. Au mieux, un puissant spiritualiste versé dans cette discipline pouvait manipuler une dizaine de zombies. Et encore. A l’opposé, la sorcellerie macabre qu’il avait en face de lui pouvait mener un nombre illimité de morts au combat en plus de leur faire conserver une aptitude convenable à se battre. Pire : si l’horreur à laquelle il avait fait face n’était qu’une ébauche, il risquait à terme de rencontrer des revenants doués de réflexions avec tout ce que cela incluait, de la gestion de troupes ennemies à l’infiltration presque sans risque.

Il lui fallait maintenant déterminer à quel niveau les réanimations pouvaient se produire : Soit elles étaient uniquement le fruit des Titans, ce qui rendait le risque maîtrisable ; soit cette compétence pouvait s’étendre à chaque membre de l’armée des terres ardentes et sa suprématie sur le nouveau monde serait fortement remise en question.
Toutes ses interrogations trouveraient sûrement une réponse par quelques questions bien placées sur le fameux Cultiste capturé qui allait arriver tôt ou tard.

Alors qu’il allait ouvrir la porte de son laboratoire, Adun se rappela une règle qui lui tenait à cœur : Si quelque chose existe, il y’a du profit à en tirer. Et c’était particulièrement vrai dans ce cas.

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Valmoore, Khenan et Nazremous étaient attablés à la Taverne du Voyageur Rouge, un établissement récent en plein centre de Cavenfer ou les soldats venaient souvent passer leur temps libre. Autour d’eux, le reste de la brigade fêtait joyeusement chaque évènement qui venait à leurs oreilles pour le simple plaisir de la boisson. Naissances, discours d’un officiel, nouvel arrivant, mise à pied de l’un d’entre eux pour cause d’ivrognerie déclenchaient chacun une autre tournée de bière.

Dans l’autre coin de l’auberge s’affalait de tout son poids Jurgot Mendren qui laissait ainsi paraître les changements qu’avaient engendrés son embourgeoisement. Plus le temps passait et plus il se gorgeait de richesses et de nourriture, se vantant inconsidérément d’avoir été un chasseur exemplaire et se présentant comme un modèle de réussite.

En tant qu’oncle il tenait pour très important de veiller sur Valmoore sans se rendre compte que toute cette sollicitude ne provoquait qu’un mépris supplémentaire de la part de son protégé, déjà largement rebuté par les relations de l’homme d’affaire avec le pouvoir. Son neveu n’aimait guère de voir ainsi un de ses proches anciennement dans la misère, jouir de ses possessions alors qu’il défendait il y’avait encore quelques mois, la nécessité d’une plus grande égalité entre les hommes. A présent, il se gorgeait hypocritement des faveurs accordées par le gouvernement, enchaînant les récriminations contre les plus pauvres.

« Le voir la bas vautré dans les chaises de cette taverne me rend malade. »

« Allons, c’est ton oncle quand même. N’oublie pas qu’il t’héberge gratuitement, il n’est pas si mauvais que tu veux bien le dire. »

« Je le connaissais bien avant que l’on arrive ici tu sais. Il a toujours eu ce don de plaire à tout le monde et de profiter de ce qu’on lui offrait. Toi tu l’aimes bien parce que tu ne l’as pas fréquenté longtemps. »

Sur un ton détaché, Nazremous ajouta :

« Il est comme tout ceux du Palais. Un calculateur. Mais si on s’intéresse vraiment à lui, on comprend vite que ce n’est qu’une machine sans sentiments de plus. Il ne cherche que la richesse. »

Désespéré par ses compagnons, Khenan leva les yeux au ciel puis continua à boire. Valmoore, toujours remonté continua d’une voix difficilement audible :

« J’ai des contacts là-haut. Je sais ce qui se passe, ils cherchent juste à nous contrôler, lui comme le Seigneur-Mage. »

Agaçé par ces plaintes incessantes, leur compagnon reprit sa chope de bière et déclara calmement :

« Les gars, je refuse de continuer à parler de ça avec vous. Enfin, je sais pas, mais vous me semblez simplement obsédé par les grands et terribles complots que le gouvernement à pour nous. Ils ont peut être plus important à s’occuper non, par exemple régler la guerre ? »

« L’un ne va pas sans l’autre ! »

Son colocataire se faisait plus agressif, sans pour autant lever la voix. Il continua en accompagnant son discours de gestes de la main.

« On nous annonce seulement des victoires éclatantes, les triomphes successifs de Zerendis sur des hordes de démons sortis d’on ne sait-ou et d’une population toujours plus motivée, mais regarde autour de toi ! Si on décrivait réellement ce qui se passait, l’horreur des champs de bataille, la supériorité numérique de l’ennemi, la vraie nature de notre situation, continuerait on à se battre ? Si la population se rendait vraiment compte que non, nous ne sommes pas dans une période de prospérité et que ces terres sont dangereuses, inconnues, que l’on est menacé à tout moment par des autochtones revanchards, tu penses qu’il y’aurait toujours autant de gens pour venir augmenter l’emprise du Seigneur-Mage sur Taer ? »

Khenan regarda le fond de sa chope, maintenant vide. Il ne se sentait plus aussi sobre qu’au début mais persistait à ne pas vouloir écouter ses compagnons.

« Arrêtez avec vos théories sur le fait qu’on va tous bientôt mourir, vous m’ennuyez. »

Sans courir le risque de hausser la voix, Valmoore donna son dernier argument :

« Jurgot à reçu l’autorisation expresse de Zerendis de devenir le directeur du premier journal de Cavenfer. Je te parie ta prochaine solde qu’on ne lira pas une défaite dans le premier numéro. »

Il tendit sa main vers son ami pour conclure le marché. Celui-ci la regarda quelques secondes et se mit à réfléchir. Mal à l’aise il tenta de bégayer quelque chose mais se contenta d’un non de la tête. Son compagnon, satisfait de commencer à le convaincre ouvrit la bouche pour continuer sa persuasion, mais il fut interrompu par la chute violente d’un soldat totalement ivre sur leur table.

-------------------------------------------------------------------------------------

Le visage d’Empforth se présentait aux yeux de Taerenas et du conseil de ministre qui l’accompagnait. Bien que rendu transparent et bleuté par le sortilège, les traits de son visage restaient suffisamment distincts pour que chacun puisse s’imaginer avoir véritablement son interlocuteur en face. De son coté, l’architecte ne voyait apparaître que l’image du souverain, ce qui suffisait à assurer sa fierté. Ils discutaient ainsi depuis quelques minutes, le premier dans une des multiples pièces du sanctuaire des mages de Cavenfer, l’autre dans la Salle des Audiences du Palais de Taerath, capitale du royaume. Le monarque, aux airs fatigués et à la barbe courte semblait de mauvaise humeur :

« Ainsi, vous jugez que les ressources que j’alloue à la colonie sont insuffisantes, jeune homme ? Mais par Sa Grandeur, qui êtes vous pour affirmer cela ? »

« Je… je suis le Grand Architecte de la nouvelle colonie, monseigneur, j’ai été nommé par le Seigneur-Mage Adun Zerendis lui-même et… »
Le visage du roi se fendit d’un sourire à l’évocation de son ancien conseiller.

« Ah, c’est donc Zerendis qui vous à placé la, il devait vous estimer pour ça. Que voulez vous exactement alors ? »

Les ministres dans la salle grognèrent face au volte-face de leur supérieur, s’indignant de la foi exagérée qu’il accordait au sorcier. Empforth, n’en ayant aucune perception, se contenta de saisir le revirement de son monarque.

« Eh bien, je m’occupe des plans, des tracés de route, de la supervision de la constructions des forteresses et enfin de la taille des stocks. Ceux laissés à l’origine par la mine de Cavefeu ont été totalement consommés vers le début de la guerre et l’arrivée des matériaux est trop longue si nous voulons continuer une défense efficace. »

Un des conseillers se permit d’intervenir :

« Monseigneur, les terres ardentes coûtent déjà assez au royaume pour un gain de plus en plus minime. Si nous poursuivons dans cette voie, nous ruinerons le royaume à terme, où nous ferons l’affaire d’une puissance voisine. »

« Allons, nous sommes les possesseurs de la seule entrée vers le nouveau monde ! C’est un gain inespéré quelques en soient les coûts matériels ! Jamais notre nation n’avait ainsi brillé depuis Taerevath ! Poursuivez Architecte, je vous prie. »

Interloqué par ce qui lui semblait un monologue, Harman hésita à reprendre avant de comprendre que le roi s’adressait à d’autres que lui.

« Je vous l’ai dis, la consommation actuelle de tout les matériaux est trop importante pour ce que vous nous accordez. Il nous faudrait le double, peut être le triple pour poursuivre les plans prévus par le Seigneur-Mage. »

Taerenas songea quelques instants puis conclut l’audience :

« J’y réfléchirais. Dites à Zerendis que j’attends de lui plus d’efficacité. »
D’un geste, il dissipa la vision de l’architecte et se leva pour s’adresser à ses ministres.

« Messieurs, il est temps de vaquer pour moi à d’autres activités, je dois partir à… »

Son discours fut interrompu par quelques bruits à la porte de la salle. Avant qu’il n’ait pu répondre, quelques hommes entrèrent, armés, suivi de deux autres, les mains vides.

D’un ton impérieux, le suzerain commença à tonner :
« Que signifie… »

Avant de s’interrompre à nouveau en apercevant les insignes en forme d’écu noir que les deux derniers portaient sur la poitrine. Plus calme, il fit face à ses conseillers et les congédia d’un ton moins assuré qu’auparavant.

Ceux-ci sortis de la salle, deux des intrus refermèrent la porte. L’air inquiet, Taerenas scruta le visage de ceux qui n’étaient pas armés, un homme roux s’autorisant un début de barbe et une femme brune aux cheveux courts. Aucun d’entre eux ne dépassaient la vingtaine pour peu qu’ils ne soient pas mages et il ne se souvenait pas leur avoir déjà adressé la parole. Il s’apprêtait à interroger les importuns mais un « Attendez » surgit sous la capuche d’un des membres de leur escorte.
Soulevant sa cagoule, ce dernier laissa paraître un visage étonnant. On aurait pu penser qu’il s’agissait d’un modèle d’humain : Son menton était saillant sans plus, son nez court, ses oreilles petites, son crâne chauve, ses yeux ne luisaient que d’un bleu très léger et sa dentition était sans défaut. Ni gros ni maigre, il ressemblait à tout le monde et à personne. Le roi cependant le reconnu et le salua d’un enjoué :

« Maître Ildur ! »

Le susnommé grogna et sa voix nette d’accent annonça :

« Quelqu’un peut il nous entendre ici ? »

« Je… je ne sais pas… je suppose que non. »

« Bah, peu importe. Ce que j’ai à vous dire, vous l’avez sûrement déjà entendu. Le peuple ne tardera pas à être au courant. »

L’espion s’assit sur une des chaises, contemplant le monarque puis reprit son discours :

« La situation nous échappe à tous en ce moment vous savez, autant à la Ligue qu’a vous. »

Bégayant, Taerenas répondit sans trop comprendre :

« Je… je ne vois pas ce que vous voulez dire. »

« Allons, il y’a une dizaine de nobles qui disparaissent d’un jour à l’autre, il y’a une guerre qui se déroule en ce moment sous vos pieds sans que vous ne soyez informés de sa réalité, l’état des finances se détériore et vous, non content d’envoyer toujours plus, vous bêlez comme le peuple ! »

Intimidé par son interlocuteur, le souverain n’osa pas répondre immédiatement. Il patienta un instant avant de bafouiller :

« Les rapports indiquent tous que nous sommes sur le chemin de la victoire. Il faut simplement accélérer le mouvement. »
Ildur frappa du poing sur la table.

« Les rapports ? Vous êtes assez stupide pour croire ce que vous raconte le seul bénéficiaire de toute cette histoire ? Zerendis se fiche de vous, comme il se fiche du monde. En bas, la population vous à déjà oublié ! La gloire de votre lignée s’est définitivement éteinte avec votre grand père ma parole ! »

Cette dernière remarque provoqua un regain de vigueur chez le roi qui s’avança furieux vers le Maître de la Ligue.

« Justement ! Ce nouveau monde est l’occasion pour la lignée de Taer de reprendre le souffle qu’elle avait perdue et d’être à nouveau associée à la gloire ! »

L’espion fut surpris par cette colère inattendue du souverain jusque là si lâche qui continua de tonner :

« Et je le dis, je poursuivrais mon soutien aveugle envers Zerendis et les colons des nouvelles terres ! La lignée de Taer brillera à nouveau ! Et maintenant, par la grâce de mon pouvoir royal, je vous ordonne de… »
« Vous n’ordonnerez rien du tout ! »

Agaçé par la force qu’il avait réveillée chez le monarque, Ildur s’était brusquement levé et faisait face au roi. D’un ton calme et ferme, il fit signe à son escorte et annonça distinctement :

« Vous êtes un faible, un incompétent et un idéologiste dangereux pour votre royaume, Taerenas. Si vous êtes encore sur le trône c’est uniquement grâce à la Ligue. Si nous n’avions pas été la pour assurer la stabilité de VOTRE domaine, vous seriez mort ou dépossédé de vos terres depuis longtemps. »

Encadré par deux des hommes armés, le souverain ne trouva pas de mot pour répondre à l’espion qui termina d’un ton grandiloquent :

« En conséquence des récents évènements, je déclare que la régence de Taer se fera sous la seule autorité de la Ligue et que toute décision relative aux terres ardentes sera de son ressort. De semblable manière, les royaumes de Froevudd et Arread vont être soumis à l’administration unique des Maîtres Jored et Erana ! »

----------------------------------------------------------------------------------

Au même moment, dans une salle de la Tour volante, l’Alchimiste contemplait un orbe luisant ou se reflétait la scène. Autour de lui, un groupe de corbeaux fixaient avec attention les évènements.

Souriant, l’homme caressa la tête d’une des bêtes en murmurant :

« Ils sont bien agréables ces humains. En se débattant, ils ne font que courir vers leur propre fin. »
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MessagePosté le: 21/01/09 09:14    Sujet du message: Citer

Chapitre IV

Il s’était écoulé plusieurs dizaines d’heures depuis que le cadavre réanimé d’Ajar avait tenté d’assassiner Adun et chacune semblait plus longue que la précédente au Seigneur-Mage.

Habituellement il ne s’autorisait pas beaucoup de sommeil, mais l’absence de Taenil et de Venkas augmentaient considérablement son volume de tâches, ne lui laissant que quelques heures de repos enfermé à double-tour dans ses appartements, dormant d’un sommeil fiévreux de paranoïa. En résultat de cela, le sorcier d’ordinaire déjà d’humeur passable devenait assez nerveux.

Adossé à un mur, tenant un long bâton noueux dans sa main gauche et affichant quelques cernes en guise de témoins de sa fatigue, il faisait travailler son esprit tant qu’il le pouvait pour choisir un remplaçant au feu Général Ehnnersson. La tâche l’ennuyait profondément et il se représentait péniblement la suite de choses qui l’attendaient, tout en gardant en tête que Valandre était sur le point de rentrer à Cavenfer.
Mais avant de régler cette affaire, il devait préalablement terminer son occupation actuelle :

« Donc, Capitaine Fereghan, vous êtes dans l’armée royale depuis dix ans c’est bien cela ? »

Il disait cela d’un ton neutre, face à son interlocuteur, un trentenaire impeccablement rasé et à la chevelure brune peu abondante. L’officier répondit d’une voix incertaine :

« Oui Seigneur-Mage. »

Plissant les yeux pour observer le militaire, Adun se fendit d’un sourire.

« Et en dix ans, vous n’avez pas dépassé ce stade alors qu’il y’a eu ces derniers temps un nombre considérable de morts ou de nouvelle places. Pourquoi ? »

Fereghan se raidit à cette question.

« J’ai commis un impair de conduite vis-à-vis du Seigneur-Général Kreviel, monseigneur. Il m’a interdit d’accéder à un poste plus haut gradé. »

Le sorcier médita un court moment, croisant son regard avec celui du soldat. Voyant le capitaine décontenancé, il reprit, satisfait :

« Par ailleurs, il est fait mention dans vos états de service que vous auriez critiqué plusieurs fois Sa Majesté. Je me demande comment vous êtes encore à un pareil poste. Mais tant qu’à faire, expliquez moi pourquoi cette virulence ? »

Visiblement touché dans son orgueil ou ses convictions, le capitaine bondit et déclara d’un ton fort :

« Car je crois en ma nation monseigneur ! Je crois que nous sommes un pays fort et capable d’atteindre les sommets de la prospérité et je crois également en toute bonne foi que notre roi Taerenas n’est pas à la hauteur de ce que ses sujets attendent. »

Retourné à un visage neutre, le Seigneur-Mage sembla ne pas prêter attention à ce que Fereghan lui répondait. Pourtant, il l’encouragea à poursuivre.

« Si j’ai gardé mon poste c’est parce que j’ai été affecté à la surveillance de la mine de Cavefeu, monseigneur. Une tâche que peu de monde envie à vrai dire. »

« Vous m’en direz tant… »

Après une courte pause passée à ressasser ses soixante ans d’inactivité dans les souterrains de l’excavation, Adun reprit la discussion :

« Cependant, en dehors de vos deux « soucis », vos états de service présentent un homme capable de stratégie… Je me souviens que vous étiez à Vahalk’raz et que c’est en partie grâce à vous que nous avons fait notre première victoire à Val-de-Gloire… »

Il tapota sur l’épaule du Capitaine puis continua :

« Vous savez, en tant que Seigneur-Mage je suis en mesure d’annuler les ordres du Seigneur-Général… Et je vous mets dans la confidence, mais le Général Ehnnersson est décédé… »

Les yeux brillants d’espoir, le soldat fixait son supérieur.

« Vous feriez ça ? »

« Je suis un homme magnanime et j’apprécie le talent. Avoir un entourage de gens compétents est inestimable, tout comme leur… dévouement. »

Une lueur d’intelligence passa dans le regard du capitaine, qui laissa le sorcier poursuivre :

« Vorren Fereghan, j’ai l’honneur de vous nommer nouveau Général des Terres Ardentes. »

Les deux hommes se serrèrent vigoureusement la main, chacun l’air satisfait. Adun se mis en marche vers la sortie de la pièce, intimant à l’officier de le suivre. Arrivé à la sortie, il remarqua la présence de Jurgot Mendren assis à quelques mètres de la, s’énervant auprès des serviteurs en réclamant la présence du Général Venkas. L’arrivée du Seigneur-Mage calma instantanément la furie du bourgeois qui se mit à regarder ailleurs.

Amusé, Zerendis murmura quelques paroles à l’oreille de son nouveau chef des armées et salua d’une voix forte et les deux bras tendus en direction de son pion :

« Ah ! Mon cher Jurgot ! Vous tombez particulièrement bien. »

Feignant la surprise, l’homme d’affaires dont le costume vert aux rayures jaunes laissait ressortir son embonpoint, répondit d’une voix pâteuse :

« Mes respects Seigneur-Mage. »

Mettant un bras sur l’épaule du nanti, gardant son bâton dans l’autre et l’entraînant vers l’aile est du bâtiment, celui-ci se mit à converser :

« Eh bien, Mendren, il paraît que vos affaires marchent encore mieux que prévu. Vous avez mes félicitations sincères. »

« Oh, vous savez monseigneur, c’est peu de choses et… »

« J’insiste, j’insiste ! Mais de ce que je sais vous n’avez qu’une équipe restreinte pour vous accompagner et ayant moi-même ce souci, je conçois que vous ne soyez à même de développer encore plus vos activités. »

« Non non, tout se passe bien, d’ailleurs mon agence de journalistes va bientôt ouvrir ses portes et… »

« Arrêtez avec votre modestie mon cher, je sais très bien que même un homme comme vous peut se retrouver en difficulté. D’ailleurs j’ai décidé de vous offrir un de mes adjoints, le dénommé Ambert Gorfh ! Il a beaucoup de talent. »

Surpris de la familiarité du gouverneur des terres ardentes et de son apparente euphorie inhabituelle qui poussait même les domestiques à se retourner sur le passage des deux hommes, l’ancien chasseur bafouilla :

« Gorfh… Mais ca n’est pas un des garçons de cuisine du palais ? »
« Mais non, vous devez confondre ! C’est un très bon comptable, tout à fait dévoué à son travail et à sa nation. »

« Enfin, monseigneur, je n’ai pas besoin de… »

« Mais si, mais si, la régence de Cavenfer prendra le coût de cette employé à son compte. Vous le justifierez devant votre équipe comme une aide de l’Etat, mais prenez le plutôt comme un cadeau d’un ami à un ami. »

Le visage d’Adun avait une expression bonhomme que Jurgot ne lui connaissait pas, mais il n’eut pas le temps de répondre que le Seigneur-Mage repartait en éloges :

« Nous vous le devons bien vous savez, sans vous nous n’en serions pas la ! Et vous nous avez toujours supportés. »

Souriant bêtement, le rebondi homme d’affaires acquiesça de la tête. Lui et Zerendis passaient devant une longue fenêtre teintée de bleu qui donnait sur la place principale de la ville. Quelques bruits émanaient de l’endroit où une estrade de bois était dressée. Le sorcier s’arrêta brusquement en entendant les bribes du discours qu’il en parvenait. Il plaqua son regard sur la vitre pour confirmer ses craintes : La carcasse usée par le temps de Fallas Valandre tenait un discours enragé devant la population.

Adun frappa rageusement sur le sol.

------------------------------------------------------------------------------------

Taenil travaillait scrupuleusement à l’atelier des scribes du Palais, assis avec une dizaine d’autres copistes. Il remerciait mentalement son compagnon d’avoir eu la présence d’esprit de le doter d’un sauf-conduit lui donnant la même autorité que lui, grâce auquel il avait pu congédier un des greffiers la journée précédente. Dans le même temps, il s’agaçait lui-même de n’avoir pensé à un emploi moins rébarbatif et plus libre de ses mouvements.

En qualité de religieux, Vahalaar était debout à quelques mètres de lui, ayant prétexté que sur ordre du Haut-Père il faisait rédiger quelques ordonnances. Son caractère inquiet d’espion était rassuré par la situation, persuadé que le mage à la barbe blanche n’avait rien pu transmettre à quiconque. Il négligeait par la les quelques moments passés à tenter sans succès aucun de communiquer avec les responsables de la Ligue. Farghan était toujours porté manquant et le relayeur, une jeune femme cette fois, fut tout aussi incapable que le premier de le renseigner à propos de Maître Ildur, qui selon elle se trouvait au palais royal pour quelques temps.

Quelques heures auparavant il avait remarqué que Valandre était rentré en ville, mais sa méfiance l’avait poussé à rester aux cotés du prétendu scribe dans lequel il n’avait pas totalement confiance. Maintenant, il était tiraillé entre le besoin de rejoindre le religieux et sa surveillance de Taenil, l’un comme l’autre lui semblant nécessaire. Son questionnement disparu lorsqu’un Adun maussade apparu dans la salle accompagné par un garde.

Le sorcier commença par aller voir chacun des scribes attablé à son pupitre, derrière leurs flacons d’encre, discutant tour à tour avec eux, jusqu’à arriver à la hauteur de son compagnon. Mal à l’aise, l’espion avait un regard sombre et faisait claquer régulièrement ses doigts comme signe de nervosité, mais contrairement à ses craintes, le Seigneur-Mage se contenta de le saluer d’un « Bonjour mon père » maugréé avec peu de conviction. Regardant Taenil, il enchaîna :

« En avant Scribe, j’ai besoin de vous. »

L’agent de la Ligue plissa les yeux en voyant le prétendu secrétaire emporter de quoi écrire. Il ne se souvenait pas l’avoir vu avec du papier le jour de la rencontre entre Valandre et son adversaire, mais en tout cas, plus rien ne le retenait ici.

Marchant à distance respectable des deux hommes, il se dirigea également vers la sortie du Palais puis s’aperçut que ceux-ci s’orientaient vers le quartier des religieux. Malheureusement pour lui, au bout de quelques pas, le Seigneur-Mage fut rejoint par une escorte armée ainsi qu’un cheval pour sa propre personne.

Grognant, l’espion resta un moment au seuil du bâtiment, sous le regard de deux gardes un peu décontenancés et des visiteurs qui entraient et sortaient. Finalement, il entreprit de se rendre à pied lui-même à la chapelle, s’engageant dans les rues bondées, avant de sentir un poids soudain dans une des poches de son gilet. S’engageant dans une ruelle et tournant le dos au flux principal de la population, il sortit une sphère luisante de son gousset avant d’être envahi par une vague de paroles et d’image. Il lui apparut mentalement une représentation floue de Zerendis à cheval face à Taenil et entouré des mêmes hommes que ceux qui l’avaient rejoint peu auparavant. Il percevait quelques bribes de paroles du Seigneur-Mage s’adressant à un homme à sa droite qu’il n’avait pas remarqué tantôt.

« Vous verrez, ce chien de Valandre doit continuer son honteuse propagande auprès de mes sujets depuis son arrivée. »

Revenant peu à peu à la réalité, il lui sembla que les images dans son esprit tentaient de s’imposer une dernière fois. La représentation du soi-disant greffier s’adressa au mage :

« Ou nous rendons-nous monseigneur ? »

Contre toute attente, la vision du sorcier répondit sèchement :

« Au Sanctuaire des Mages, mais cela ne durera qu’un moment. J’aurais besoin de vous ensuite à la chapelle, scribe. Et par l’enfer marchez plus vite. »

Les dernières brumes se dissipant et se retrouvant à nouveau conscient au bord du grouillement citadin, Vahalaar perçu une dernière apparition de son supposé collègue lui faisant un clin d’œil. Il inspira profondément puis leva les yeux au ciel, tentant de déterminer si il s’agissait encore d’une tentative de le duper ou d’un réel renseignement. Quoiqu’il en soit, il devait se rendre au quartier religieux immédiatement.

------------------------------------------------------------------------------------

Nihilus contemplait les quelques tirs qui fusaient au loin de sa position. Il se trouvait sur les ruines de ce qui aurait été la forteresse de Zerendath, au sommet des fondations de la tour principale. De là il pouvait surveiller ce qui se passait et de fait, il apercevait les quelques survivants mener une âpre défense dans une enceinte éloignée de quelques dizaines de mètres. A genoux, les ailes repliées derrière son dos, il réfléchissait à la stratégie à adopter pour déloger ces irréductibles. L’assaut sur les fortifications émergentes s’était passé plus mal que prévu, un éclaireur étant parvenu à prévenir la garnison sans être intercepté. Un autre, au contraire, avait été capturé et semblait avoir quelques aptitudes prometteuses. Mais l’heure n’était pas au questionnement sur cet humain la.

En bas se réunissaient une bonne centaine d’Orcs et de Démons encore enragés par l’odeur du sang. Au moins autant protégeaient ou manœuvraient les machines de guerre. Pourquoi se compliquer la tâche ? Il suffirait, au mieux ; d’envoyer les catapultes sur une hauteur et de raser les quelques murs, au pire ; d’ordonner aux soldats de déferler. Mais la créature hésitait : il n’avait sous ses ordres que des brutes qui affronteraient péniblement les quelques sorciers retranchés dans leur reste de bastion et il n’aimait pas se salir les mains.

Déployant ses ailes, il se leva, observant fixement un des humains qui laissait apparaître sa tête. Pointant ses griffes en sa direction, il incanta un maléfice sans craindre d’être remarqué grâce à la distance qui le séparait de sa proie. Au bout de quelques secondes, celui-ci sembla être frappé de plein fouet par une force invisible et tomba en arrière au milieu du groupe des défenseurs.

Ses compagnons se portèrent à son chevet, négligeant les quelques orcs qui couraient vers leur position, mais heureusement pour eux leur camarade se redressa apparemment en forme.

« Je… je vais bien… Mais je ne vois rien… »

D’un signe de la tête, un des camarades du blessé indiqua aux autres de retourner à leur poste, se chargeant de le guider.

« Attends, on va t’emmener aux sorciers en bas… Tes yeux sont recouverts d’un truc noir. »

Ils s’engouffrèrent ainsi dans un couloir à moitié effondré et peu éclairé, privé de la lueur des flammes brûlant dehors. Quelques torches illuminaient la voie, présentant un escalier descendant vers une salle ou quelques gardes inquiets attendaient, accompagnés d’une paire de mages occupés à réappliquer les sortilèges d’hydratations et se tenant derrière un homme chauve en train de discuter avec l’image du Seigneur-Mage, visiblement de fort mauvaise humeur.

« Monseigneur, les forces des autochtones étaient trop nombreuses pour nous ! Nous avons combattu pendant des heures mais les fondations des murailles n’ont pas suffis pour les tenir en respect ! Zerendath est tombé et… »

« Zerendath n’est PAS tombé ! Vous contrôlez les derniers restes de ce bastion et vous ne vous rendrez pas ! »

Le sorcier était enragé, au juger de l’écho que produisaient ses paroles. L’officier des survivants n’en menait pas large, semblant autant effrayé par les orcs que par son supérieur.

Le soldat aux yeux maléficiés fut présenté à l’un des deux mages. Interloqué par le sort, celui-ci commença à se livrer à une analyse sans y comprendre grand-chose. Fermant ses propres yeux, le sorcier se concentra et sortit de sa bourse une poudre violette qu’il frotta ensuite entre ses mains.

Le dialogue entre Adun et l’officier continuait à quelques mètres d’eux :
« Écoutez-moi Capitaine. Je vais vous faire parvenir des renforts d’urgence mais pour cela il faut que vous vérifiiez que vous avez bien les réactifs nécessaires ici. »

Recouvrant la vue, le mage à la poudre violette aperçut les émanations magiques alentours. Un long pilier de sorcellerie se dressait à la position de l’image de Zerendis et quelques enchantements mineurs parcouraient la salle, mais un flot sombre retenu son attention, émis sous forme de courts filaments depuis le visage de son patient et traversant le mur vers une destination inconnue. Intrigué, il poursuivit son examen et distingua une forme étrange dans les pupilles de l’homme, réfléchissant à ce qui était en train de se passer alors que le reflet du Seigneur-Mage continuait à s’exprimer.

« Bien, donc vous les avez. Alors maintenant vous allez demander à vos mages de se réunir sur le pentacle qui à normalement été tracé à la construction du bâtiment. »

Concentrant toute son attention sur la forme étrange, le sorcier-enquêteur comprit brusquement de quoi il s’agissait. Epouvanté, il cria :

« Taisez-vous ! Il nous écoute ! »

Immédiatement, il fut repoussé jusqu’au mur de la salle par une vague d’énergie s’échappant du soldat maléficié. A quelques dizaines de mètres de là, Nihilus rugit alors qu’il recouvrait ses facultés. D’un battement d’aile puissant, il se dressa au dessus de ses troupes, ordonnant la charge.
Apercevant le déferlement des créatures à travers les ruines, les défenseurs au sommet du bâtiment se mirent à hurler et à abandonner leurs positions, se repliant dans l’enceinte subsistante ou bien fuyants dans la lande, promptement abattus d’un sortilège par le démon surplombant le champ de bataille.

Essuyant quelques tirs de flèches, la meute enragée éventra sans difficulté la barricade de l’étage inférieur, s’engageant juste après dans un meurtrier corps à corps avec la première vague de survivants.
Sûr de lui, le Démon se posa à l’étage où il avait trouvé sa victime quelques minutes avant. La résistance des humains en dessous ne durerait pas longtemps, ils devaient combattre à un contre dix.

« Là ! »

Le cri avait fusé d’un soldat dans l’escalier, accompagné par une vingtaine de ses compagnons. Nihilus sourit : Ils espéraient pouvoir tenir en se réfugiant ici.

Quelques hommes le chargèrent. Il repoussa le premier d’un puissant coup de griffe, saisissant le deuxième au cou et le repoussant dans les marches. Bondissant en arrière suite à l’arrivée d’un groupe supplémentaire, il esquiva de justesse un coup d’épée d’un troisième homme. Mécontent, il le désigna d’un doigt, expédiant un flot d’énergie noire qui le tua net.

Sans se décourager, les fantassins se regroupèrent et se remirent à charger vers la bête. Irrité par cette résistance, celui-ci se jeta dans la bataille. Tombant au milieu du groupe, il faucha deux des troupiers d’un balayage de ses griffes et brûla d’un pilier de flammes les combattants restants. Recevant un coup de lame tranchante dans l’épaule, il s’envola enragé au dessus de la mêlée, fixant les soldats sortant de l’escalier, tendit les deux bras dans leur direction et provoqua un afflux ténébreux sur les malheureux, en abattant une quinzaine d’un coup.

Reposant pied à terre, ses larges griffes abattant sans problème chacun des assaillants, il décida de se rendre compte de la situation par lui-même. Des vagues de soldats montaient les escaliers, qu’il annihilait d’un revers de la main ou d’un sort rapidement incanté, jusqu’à apercevoir une dizaine de sorciers qui grimpaient vers lui, se protégeant chacun d’une barrière magique.

Rugissant, il posa un poing sur le mur droit, abattant le rempart et lui laissant une horrible vision : D’innombrables humains attendaient en bas, sortant un à un d’un portail émanant d’une sorte de cristal et maintenu par trois ensorceleurs.

Réalisant qu’il avait failli, il lança une déflagration d’ombre entre lui et les magiciens qui se rapprochaient puis se dirigea vers la sortie, la garnison à ses trousses.

A des centaines de kilomètres de là, à Cavenfer, Adun sortait du Sanctuaire des mages en grommelant, accompagné de Taenil et de son escorte. Son compagnon tentait de calmer la mauvaise humeur qui avait envahie le régent des terres ardentes :

« Allons, la victoire est acquise à présent. »

« C’est encore heureux ! Ces incapables ont faillis perdre la bataille la plus symbolique de ces derniers mois et ça nous à couté une de nos reliques ! Nous ne pourrons pas en ramener une autre ici avant des mois, pour peu qu’il en subsiste encore à Taer ! »
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MessagePosté le: 23/01/09 11:21    Sujet du message: Citer

Quelques dizaines de minute plus tard, la troupe du Seigneur-Mage arrivait devant la Chapelle du quartier religieux. Une agitation fiévreuse semblait régner parmi les prêtres, tous affairés au réaménagement du hall de l’église. Sur le parvis se tenait le Haut-Père, entouré d’un groupe d’abbés avec qui il discutait. Descendant de monture, Zerendis se dirigea vers lui, faisant signe à son escorte de rester à l’arrière.

De son coté, Taenil cherchait à repérer Vahalaar dans l’agitation environnante, s’écartant des soldats. Au milieu des ecclésiastiques il parvint à entendre sa voix dans son dos.

« Ne vous retournez pas. »

Il continua à marcher ainsi jusqu'à arriver à l’huis d’une des maisons en retrait de la foule des dévots puis fit face au faux-clerc dont l’air morne ne laissait rien paraître de ses intentions. D’une voix faible il questionna l’espion :

« Eh bien, Valandre semble en forme aujourd’hui. »

« Oui, il est revenu il y’a quelques heures seulement, mais je soupçonne qu’il ait commencé à préparer tout cela sans me prévenir. La Chapelle est déjà presque réarrangée pour la cérémonie. »

« Il échappe à notre contrôle. »

L’agent de la Ligue fit une grimace et maugréa :

« Il veut absolument que le rite d’Inquisition soit réalisé demain. Je n’ai même pas pu obtenir un report. »

« Maître Ildur ne sera pas content. »

La seule réponse fut un grognement. Sans y prêter attention, Taenil poursuivit :

« Les instructions sont claires, si en plus le Haut-Père nous échappe, tout cela va mal finir. La rage de Valandre l’aveugle, il ne se rend pas compte de tout ce que cela implique. »

L’espion leva les yeux au ciel puis fit craquer ses doigts. Il fit mine de saisir une bouteille imaginaire, les dents serrées puis commenta :

« Les Maîtres préparent quelque chose dans les terres extérieures. Je pense qu’ils supporteront que le Seigneur-Mage disparaisse. »

« Le problème n’est plus Zerendis mais le Haut-Père. S’il commence à agir comme bon lui semble, nous ne serons pas plus avancés. Qu’en penseraient nos supérieurs à ton avis ? »

Vahalaar fixa le sorcier à la barbe brune, repensant aux dernières conversations avec les relayeurs.

« Les ordres sont les ordres. »

A quelques mètres de la, Adun parvenait à la hauteur de son vieil ennemi. Grimaçant de joie, la charogne à peine vivante jubilait. Une désagréable odeur de mort semblait se dégager du vieux croulant qui peinait à se tenir sur sa canne. Apercevant le magicien, il leva péniblement la tête, énonçant difficilement entre ses dents :

« Toute… cette grande mascarade… va prendre fin ! »

Feignant de ne rien comprendre à la situation, le regard presque apitoyé du Seigneur-Mage pour son adversaire précéda ses paroles :

« Je ne vois pas ce que vous voulez dire mon père. Mais votre état physique me semble quelque peu… »

« Sa Gloire n’attend pas… et ses serviteurs ne vivent que pour Lui… »

La voix grinçante du vieillard provoquait une désagréable sensation pour le sorcier.

« Vous devriez vous reposez, vous savez. »

« Peu importe… Mon dernier acte… sera de purifier cette ville. »

Après avoir dit cela, la ruine humaine héla un de ses serviteurs pour l’aider à marcher et se tourna vers la chapelle. Irrité de ce désintérêt, Adun le suivit, répondant d’un ton goguenard :

« Je vous souhaite bien du courage pour ça. »

Ouvrant aussi grand ses yeux qu’il le pouvait, un rictus féroce au visage, le fossile en robe blanche répliqua :

« Vous êtes convié… à la cérémonie… Demain… »

Inopinément, le vénérable Haut-Père mis un genou à terre, à la surprise de ses accompagnateurs. Il respirait à grand peine, les yeux pointant le vide. Se relevant difficilement avec l’aide des autres religieux, il conclut, à bout de souffle :

« Il ne vous reste que quelques dizaines d’heures… Profitez en bien… »

Avec un soupçon de mansuétude dans la voix, le sorcier conseilla :

« Essayez de tenir jusque là mon père ! Alors à demain ! »

Il jeta un regard dans le hall de la chapelle, décoré autant qu’il l’était possible, les vitraux resplendissants, les murs luisants d’une peinture lumineuse. Les bancs installés dans toute la pièce semblaient pouvoir contenir plus d’une centaine de spectateurs et des livres de prières ouverts à des pages précisément choisies pour l’occasion étaient disposés ça et là. Une statue gigantesque trônait sur l’estrade de pierre tout au fond de ce qui aurait pu rivaliser avec l’une des cathédrale des terres extérieures, atteignant presque les arcades qui soutenaient l’ensemble. Représentant un homme assis à la coiffure impeccable et à la courte et lisse moustache, la sculpture montrait le visage sévère de Sa Grandeur qui semblait fixer le seul non officiant au milieu de la foule. Presque touché par ce hasard, Adun ricana avant de laisser les religieux à leur agitation.

-------------------------------------------------------------------------------------

Darok traversait un des postes avancés des forces des terres ardentes installé à quelques lieues de Zerendath. Nihilus était revenu avec la dizaine d’Orcs survivants et les créatures levaient le camp en prévision de la contre-attaque humaine. Autour de lui les créatures portaient leur matériel vers les salamandres de bât qui patientaient plus loin.

Le pas de l’orc était lent, contrastant avec l’ardeur environnante. Sa musculature faible faisait de même vis-à-vis de la force dégagée par la majorité des membres de sa race et sa peau légèrement moins rouge que celle des autres autochtones. A l’inverse, son faciès ne différait pas fortement de celui de son peuple, orné de deux défenses de courte taille, un nez court et une gueule allongée. Ses deux yeux fixaient sa destination : Une cage ou un être à peau blanche patientait, sous la surveillance du démon ailé et d’une sphère violette.

Il mit pied à terre devant le globe entouré d’un nuage de poussière de la même couleur, articulant d’une voix gutturale :

« Seigneur Enlgorm. »

Depuis l’orbe s’étendirent des fils pourpres qui s’enlacèrent autour du front de l’orc. L’humain à l’intérieur de sa prison contemplait la scène avec effarement, jusqu'à ce que les tentacules quittent la créature rouge.
Se tournant vers la geôle, Darok engagea la conversation avec l’humain :

« Quel est ton nom ? »

Surpris, l’homme répondit d’une voix apeuré :

« Vous… vous parlez comme moi ? »

« Les Grands peuvent tout. Quel est ton nom ? »

« Thaddius. »

L’orc ferma les yeux et d’un timbre qu’il voulut le plus doucereux possible, il continua :

« Je sens que tu as peur. »

Sans attendre la confirmation évidente, la bête poursuivit :

« Tu essayais de prévenir les tiens. »

Le soldat voulut bégayer, mais la créature le coupa :

« Tu n’as pas réussi. Ils ne t’ont pas cherchés. »

Une fois de plus et sans réellement comprendre, le prisonnier chercha à répliquer mais l’orc s’acharna :

« Mais tu es avec nous désormais. Enlgorm t’es favorable. Ta gloire sera grande. »

Il rouvrit ses yeux et frappa d’un coup dans ses mains. Soudainement, Thaddius eut l’impression de revenir en arrière, comme si sa vision avait été modifiée. L’orc, quand à lui, s’écarta de la cage pour retourner vers la sphère et Nihilus, qui n’avaient pas bougés. Il se mit à parler, mais l’humain ne pouvait plus rien comprendre de leur dialogue.

« Nak vod raggalish, verenask. »

Suite à cela, le démon prit son envol, jetant un dernier regard au captif effrayé. Darok, repartant dans le camp, s’autorisa un ricanement alors que le détenu voyait avec terreur la boule violette se diriger vers lui. Celui-ci recula dans sa prison tant qu’il le pouvait, mais il se heurta après deux pas aux barreaux arrière et fut atteint par la sphère quelques instants après. Le seul effet dont il eu mémoire fut un brusque sommeil après avoir été rejoint par l’objet.

Il se réveilla après un temps indéterminé, toujours enfermé, porté sur une charrue tiré par des Salamandres, dans le convoi de repli. Il ne reconnaissait pas cette région, d’apparence plus hostile que ce qu’il avait déjà vu des terres ardentes : La voûte de la caverne était plus proche que d’ordinaire et la roche semblait différente. Quelques escarpements aux formes incongrues apparaissaient ci et là, brisant la monotonie du paysage. Au loin, il lui semblait apercevoir deux immenses portes.
Il se mit à réfléchir sur les derniers évènements, tentant de le faire le plus calmement possible. La peur brouillait la réflexion, il devait faire le vide dans son esprit. Mais plus il essayait, plus il avait du mal. Quelque chose bloquait ses pensées. Sans qu’il sache pourquoi, il se mit en tête que le sortilège d’hydratation sensé le maintenir en vie devait avoir disparu depuis longtemps.

Il prit fermement en main l’un des barreaux de sa geôle, tentant de ne pas tomber à cause du tangage de la charrue. Les orcs l’entourant semblaient rire de lui, avec leur visage monstrueux et déformé. Il devait se concentrer, mais il n’y arrivait pas.

Dans un geste dépourvu de sens, il lâcha le rondin auquel il était agrippé, tombant sur le dos. Inapte à se déplacer, il regardait au dessus de lui, n’apercevant que le toit de sa cage. Quelque chose se formait dans son regard, une forme indistincte entre lui et le plafond, qu’il essaya sans succès de chasser de gestes de la main.

Directement dans son esprit, interrompant toutes ses pensées, prenant la place du reste de ses idées, une voix se mit en place, égrenant lentement chacune de ses paroles, résonnant de manière caverneuse :

« La peur… Tu vas l’oublier. Tu vas la répandre. »

Plaquant ses deux mains sur ses oreilles, il hurla désespérément.

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L’ambiance du Palais de Taerevath était plus chargée que d’habitude. Les serviteurs savaient que depuis quelques jours, le roi s’était retranché dans ses quartiers et dans la salle du conseil, laissant la gestion des affaires courantes à ses ministres et la régence de la question des terres ardentes à un dénommé Ildur.

Hormis l’inquiétude liée à cette quasi-disparition du souverain, il s’y ajoutait la pression considérable sur les domestiques, qui devaient recevoir la quasi-totalité des principaux sorciers et généraux de la nation, appelés par le nouveau régent.

A l’inverse, même la capitale qui les entourait semblait ignorer jusqu'à l’arrivée des grands du royaume, l’intrigue se déroulant entre les murs du siège du pouvoir ne paraissant pas filtrer à travers son enceinte.

Taerenas, presque honteux, patientait dans la seule pièce ou sa présence était autorisée par le maître de la Ligue en dehors de ses propres appartements. Il regardait à chaque instant les rênes du pouvoir s’échapper de ses mains pour terminer une fois de plus dans celles des espions, qui ne cachaient désormais plus leur appartenance au même groupe et profitaient du port de leur insigne pour avoir accès à chaque recoin.

Assis sur sa chaise royale, il figurait à une réunion entre Ildur et une poignée d’homme qu’il venait de nommer en tant que nobles, officiers et régisseur des provinces laissées vacantes par la disparition de leurs anciens possesseurs.

Le Maître de la Ligue tenait devant lui quelques documents qu’il fit passer au monarque.

« Signez. »

Taerenas se mit à lire la première page de la liasse de feuilles puis fronça les sourcils :

« C’est un acte de nomination du nouveau Seigneur-Général de Taer… Kreviel est déjà à ce poste. »

« Signez. »

Comprenant alors le but de l’espion, il signa sans joie aucune la perte d’un de ses derniers soutiens. A l’autre bout de la table, un homme aux cheveux roux exulta. Prenant la parole, le roi maugréa, avant de repasser les feuillets :

« Vous aurez fait une progression rapide dans nos rangs, Capitaine Heradh. »

Interrompant la litanie de sa marionnette, Ildur prit une voix forte :

« La chose est désormais réglée messieurs. Vous êtes désormais l’élite de ce royaume et vous allez représenter à la fois ses intérêts et ceux de la Ligue dans les terres ardentes. D’ici quelques jours, vos troupes auront été mises sur pied et auront été réunies avec celles de Froevudd et Arread. Entre-temps, Zerendis aura été averti de votre venue et il rechignera certainement, voir vous enverra volontairement à la mort. Au moindre ordre de sa part, faites un rapport au dénommé Errick Vahalaar, qui s’assurera qu’un contrordre soit donné. Quelques jours après votre arrivée, Zerendis sera démit de ses fonctions et le roi annoncera son mariage avec Maître Erana. Vous recevrez alors un soutien militaire total de la part des pays contrôlés par la Ligue et vous devrez régler définitivement le problème des autochtones. »

Surpris par le ton quasi divinatoire du discours de l’espion, Taerenas se révolta :

« Vous osez vouloir me marier de force pour assurer votre emprise sur les terres de ma lignée ? J’ai fait vœu de lui redonner la gloire qu’elle avait sous Taerevath et ca n’est pas vous qui m’en empêcherez ! »

Ildur ricana.

« Je n’ose rien, je prévois. Faites vous une raison, vous aviez perdu dès l’instant ou votre père fut mis sur le trône. Vous n’êtes en vie que pour légitimer notre régence aux yeux du peuple. Si vous quittez notre surveillance, nos agents dans le palais vous rattraperont et si vous avez la folie de fuir d’ici pour tenter quelque action de reconquête, les deux tiers des provinces de Taer vous tomberont dessus. Alors maintenant, silence ! »

Seule la dernière phrase avait été prononcée avec rage, le reste ne semblant résulter que de l’amusement face à une certaine naïveté. Frustré, Taerenas se leva :

« Je ne m’enfuirais pas… Mais je retourne dans mes appartements. Vous n’avez pas besoin de moi pour donner des ordres à vos larbins. »

Ildur se contenta d’un signe de la main aux deux hommes armés qui se tenaient derrière lui. Alors que le roi partait, un second homme aux cheveux rouges et portant la moustache s’adressa au Maître de la Ligue :

« Vous avez dit que notre contact dans les terres ardentes se nommerait… ? »

« Errick Vahalaar. »

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Adun souriait, d’une manière dont il ne l’avait jamais fait depuis plus de soixante ans. Quelques hommes s’occupaient de sa coupe de cheveux, en prévoyance de la cérémonie d’Inquisition décrétée par Fallas Valandre qui se déroulait dans quelques heures.

A quelques mètres de la, Taenil feignait une quelconque occupation, sachant pertinemment que Vahalaar ne risquait pas de le retrouver, sans doute trop occupé par les dernières volontés du Haut-Père. Lui comme son compagnon se réjouissait de mettre un terme à cette affaire ; même si le sorcier à la barbe blanche n’abordait pas le même optimisme que le Seigneur-Mage, qui lui parlait simplement de « tuer un mort. », désignant sous cette expression la chance inouïe de son vieil ennemi de ne pas encore avoir succombé.

Sa seule crainte était que l’agent de la Ligue ne remplisse pas ses promesses : Il semblait toujours indécis entre les ordres de ses maîtres et sa volonté propre.

Adun s’inspecta une dernière fois dans le grand miroir installé en plein centre de la pièce, puis congédia les serviteurs. Tentant de se représenter au milieu de l’estrade de l’éclatante Chapelle au lieu de l’étroite salle aux pierres grises et grossièrement taillées où il se trouvait, le Seigneur-Mage sembla satisfait et fit signe à son compagnon de le suivre.

Traversant le palais de Cavenfer presque vidé de ses occupants, le gouverneur des terres ardentes affichait un air radieux que les habitués de l’endroit avaient fini par reconnaître comme naturel, malgré la manière dont il tranchait avec l’apparence habituellement morne ou simplement agressive du sorcier.

Lui et son compagnon restèrent muets pendant toute la chevauchée dans la ville, se souciant de la fiabilité de leur escorte.

L’arrivée au quartier religieux annonça la tournure que Valandre avait voulut donner à l’évènement. Quelques sorciers-prêtres faisaient tenir une sorte de nuit artificielle assombrissant l’ambiance rouge habituelle, mettant en valeur le sol dallé par du marbre blanc et les multiples torches. La Chapelle même était plus solennelle que jamais, deux immenses drapeaux aux couleurs de la Grande Eglise flottant de part et d’autres de l’entrée. La foule innombrable était captivée par la messe donnée par le Haut-Père et ne sortit de son écoute fervente qu’à l’arrivée peu discrète d’Adun qui se fraya un chemin à cheval au travers de la foule jusqu’à arriver à quelques pas du parvis de la cathédrale. Imperturbable, la carcasse agitée de l’adversaire du Seigneur-Mage prononça les dernières paroles du rite, puis se rendit à l’intérieur du bâtiment pendant qu’un groupe de clercs en empêchaient l’entrée à la marée humaine.

Le sorcier remarqua Vahalaar qui conversait avec un jeune dévot de l’autre coté du mur monacal, à quelques pas de lui. Laissant Taenil seul, il quitta avec soulagement la plèbe, faisant s’écarter les prêtres qui lui barraient la route.

« Bonjour mon père. »

La voix joyeuse du magicien fit sursauter l’espion.

« Que me veut votre Seigneurie ? »

« Accompagnez moi voulez-vous ? »

Délaissant son interlocuteur premier, l’agent de la Ligue suivi l’ennemi de Valandre qui s’écartait de l’entrée principale de la chapelle, se mettant hors de portée des oreilles curieuses.

« Eh bien, ça n’a pas l’air d’aller très fort à la Ligue si on se contente de m’envoyer deux membres sans grande importance. »

Tentant de conserver son sang-froid, le faux-religieux se raidit.

« Je ne vois pas de quoi vous voulez parlez monseigneur. Vous devez faire erreur… »

D’un timbre moqueur, le sorcier asséna :

« Ah ah, allons, vous pensez que je n’ai réussi ni à détecter les lettres qu’envoyait Taenil, ni les transmissions magiques que vous effectuiez avec les terres extérieures ? »

« Par l’enfer ! »

Le juron de l’espion ne fit qu’accroitre la satisfaction de celui qui l’avait prit au piège. Il se reprit et tenta de faire bonne figure :

« Que voulez-vous ? »

« Oh… je pourrais vouloir plein de choses. Déjà je veux la certitude que je ne serais pas appelé pour mettre la couronne. »

Le passage d’un moine coupa la conservation pendant quelques instants, laissant à Vahalaar le temps de se concentrer.

« Vous savez déjà que c’est le cas. »

« Parfait. Maintenant, je vous propose de me rejoindre. »

L’espion fut surpris par cette phrase. Il considéra le Seigneur-Mage pendant quelques secondes avant de répondre :

« Je ne sers que la seule et éternelle Ligue ! »

« Ah ah ! Vous parlez de l’organisation qui doit protéger ses propres ennemis pour se maintenir au pouvoir ? C’est un groupuscule moribond qui ne tardera pas à s’éteindre, vous avec. »

« La Ligue ne vous craint pas, Zerendis ! »

« Vous êtes buté hein ? Elle ne peut plus rien et sûrement pas contre moi. Alors pendant que cette farce avec Valandre s’achève et que vos maîtres font ce qu’ils peuvent pour sauver les restes de leur pouvoir, réfléchissez à mon offre ! »

Confiant, il quitta l’espion désemparé pour entrer dans la Chapelle, alors que les moines commençaient à s’écarter pour faire place au peuple. S’approchant de l’estrade ou étaient réunis les principaux acteurs de son futur triomphe, il aperçu le Haut-Père debout sur sa canne et dont le seul œil encore valide le fixait. La dose de haine présente dans le regard encouragea une fois encore le Seigneur-Mage.

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La scène semblait avoir été réglée à la perfection : La cathédrale était remplie de fond en comble par la population, jusqu'à quelques pas de la tribune, ou trônait en son centre le cadavre encore tressaillant de Fallas Valandre. Derrière lui, la statue de Sa Grandeur paraissait juger la foule de son regard impérial et quelques officiants dans une robe blanche aux multiples ornements dorés attendaient solennellement, surveillant le piédestal ou était posée la resplendissante Couronne de Lorth. A leur gauche, Taenil et Vahalaar patientaient côte à côte, le second l’air beaucoup plus nerveux. Enfin, à la droite du Haut-Père, Adun arborait un air nonchalant, sa main droite empoignant son bâton noueux dont il ne se séparait plus.

Usant de toutes les forces qu’il lui restait, le corps ridé de Valandre semblait présenter une dévotion sans borne à Sa Sainteté que la foule jugeait remarquable. D’une voix qui résonna dans toute la cathédrale, il déclara :

« Peuple de Cavenfer ! En ce jour, la Grande Eglise nous permet d’user du don qu’elle nous à faite, en le nom de Sa Divinité… Une relique des Jours Saints nous à été amenée… Cette relique à un caractère sacré presque inégalable ! Il nous en fait cadeau, pour juger les hommes… Cette couronne est un artefact béni qui purifie le cœur des humains et en chasse-le Mal ! »

Il continua de s’époumoner sous le regard fervent de la foule.
« Quiconque met cette relique se voit jugée par Sa Grandeur elle-même… Un être pur sera touché par Sa Grâce, mais un être impur sera châtié ! Quiconque défie Sa Sainteté… sera immanquablement frappé par la punition divine ! »

Toussotant et s’appuyant sur sa canne, le vieillard en fin de vie désigna un jeune homme au bas de l’estrade, qui monta les marches pour le rejoindre.

« Ce jeune dévot fut un de ceux qui mirent la Couronne lors de son arrivée ici… Il a été béni sous mes yeux par Sa Grandeur… Il est le plus pur des fidèles envoyés ici… En conséquence de quoi, c’est lui qui désignera les croyants qui seront testés ! »

Le peuple en dessous manifesta une vague d’inquiétude. L’aspirant lui-même ne se sentait pas très bien, manquant de défaillir devant cette population. Au hasard, il pointa son doigt sur l’un des hommes du premier rang.

Tremblotant, celui-ci gravit le court escalier pour être finalement « testé » par la tiare, sans réaction aucune. Un murmure de soulagement parcouru la foule.

Levant autant ses lèvres qu’il le pouvait en guise de sourire, l’étincelle de vie qui animait le corps du Haut-Père commenta :

« C’est un croyant. Il est pur. Choisissez en un autre… »

La cérémonie se déroula ainsi pendant une vingtaine de minutes, l’aspirant choisissant au hasard parmi la foule des hommes qui se révélèrent tous sans défaut dans leur croyance.

Après le quinzième appelé, l’aspirant recommença à trembler, hésitant sur les actions à entreprendre. Grognant, Valandre se tourna vers lui, murmurant d’une voix enragée :

« Eh bien garçon, qu’est-ce que tu attends ? Continue ! »

Le dernier mot fit sursauter le jeune homme, qui déclara d’une voix puissante :

« J’appelle le Haut-Père Fallas Valandre ! »

Intrigués, les religieux derrière lui se concertèrent pendant que le Haut-Père lui-même parvenait enfin à ouvrir les deux yeux, fixant, incertain, le jeune religieux.

Surpris, les spectateurs laissèrent rapidement échapper des suppositions sur le résultat de l’Inquisition, encourageant le religieux qui commençait à fléchir.

Contemplant le rassemblement humain qui l’acclamait enfiévré par la perspective d’une consécration, le croulant à moitié sénile se mit à gémir de peur à voix basse. Vacillant de toute sa personne et n’osant contester le choix, il se traina péniblement vers les trois officiants, qui lui tendaient la couronne.

Le regard hagard, il prit entre ses mains l’objet d’art, taillé d’une main de maître dans l’or, constellé de joyaux lumineux et se tourna, la bouche béante et l’ornement à la main, vers la population qui retenait son souffle.
Tremblant de tout son être, il jeta un dernier coup d’œil au Seigneur-Mage qui patientait, goguenard à quelques mètres de la. Claquant frénétiquement des dents, il posa doucement la tiare sur sa tête puis ferma les yeux.

Constatant que rien ne se passait au bout deux interminables secondes, il fit un pas en avant, commençant à bégayer :

« Sa…. Grandeur…. »

Sans pouvoir terminer sa phrase, il flanqua ses mains sur son visage, se mettant à hurler à la mort. Souffrant d’une douleur jamais vue, sa dernière étincelle de vie fut consumée par l’action de l’enchantement, que le Haut-Père ressentait dans tout son être. Son rugissement de mort résonna terriblement dans la chapelle, faisant refluer l’affluence des spectateurs. Tonitruant de ses dernières forces, il sentit, comme fin à sa souffrance, la chair de son crâne se mettre à fondre, le tuant net.
Genoux puis visage contre terre, son agonie se conclut. Le Haut-Père Fallas Valandre était mort. Vahalaar ne put réprimer un sursaut alors que les officiants se précipitaient autour du corps du religieux. La couronne se mit alors à rouler sur la droite du décédé, s’arrêtant de tourner comme par une symbolique quelconque aux pieds d’Adun.

Tranquille, celui-ci se pencha pour ramasser l’objet et se dirigea au milieu de l’estrade ou gisait désormais celui dont la décadence venait enfin de se terminer.

Plus solennel que jamais, l’air assuré et le ton indigné, il s’adressa au peuple immobile qui grouillait devant lui.

« Peuple de Cavenfer ! Ce que nous venons de vivre la n’est, je l’espère, qu’une malheureuse méprise. Je n’ose croire que notre si cher Haut-Père ait ainsi pu faillir à sa tâche, lui qui vantait cette relique comme un don des cieux. Non messieurs, non, cet artefact n’aurait blâmé qu’un être indigne de Sa Grandeur et… Et je pense qu’il me revient de le vérifier. »

La plèbe qu’il dominait commença à s’agiter.

« Peut être que le dévoué Fallas Valandre n’était pas pur, ou peut être pour oser porter cette couronne faut il vraiment être un serviteur de Sa Sainteté. Je vous laisse seuls juges, messieurs, de ce qui se produira. »

Sans attendre, il brandit la tiare devant la foule avant de l’essayer brusquement.

La première sensation fut étrange, comme si une poigne terrible venait s’emparer de lui, sans chercher à l’écraser, mais pour préparer un coup plus terrible. Un très bref instant s’écoula, pendant qu’il observait simultanément l’auditoire et la mise en place du sortilège.

Il le sentit, le déclenchement du piège, la force qui surgissait de l’enchantement antique, qui se propagea dans son corps. Serrant les poings, il se concentra autant qu’il pu pour parer à l’envoûtement, sa vision se troublant. Restant digne face à la masse grouillante en face de lui, son esprit s’acharnait à affronter une vague d’énergie qui semblait aussi puissante qu’imperceptible. Des frissons parcoururent son corps, percevant une attaque directe contre ses pensées. Rassemblant tout ce dont il était capable, il leva la tête face au plafond de la chapelle pour cacher son combat intérieur, tout en expédiant une contre-attaque à l’occulte magie. Dans la couronne, quelque chose se brisa. La protection de toute la magie entreposée fut défaite et la griffe du Seigneur-Mage s’engouffra à l’intérieur avant de manquer de succomber face à la déferlante de maléfice dans tout son corps. Une force invisible lui fit replonger la tête en avant, sans qu’il ne parvienne à se redresser, mais, tenant désormais le sortilège, il tenta de penser, remettre en ordre ses idées, une suite logique d’images.

Soudainement, il redressa son visage devant le peuple, écartant les bras, les yeux baignant dans la lumière. Emanant de la couronne, une vague de clarté l’illumina, tandis qu’il se dressait, mystique et invincible devant ses sujets.

Ebahie par un tel retournement de situation, certains s’inclinèrent devant ce qu’ils croyaient être une bénédiction.

Retirant l’artefact dont il avait désormais le contrôle, le sorcier commença à reprendre son souffle.

Enragé, Vahalaar adressa un dernier chuchotement à Taenil :

« Ils ont tort ! Il faut en finir maintenant ! »

Ayant dit cela, il quitta précipitamment la scène, traversant la foule qui n’y prêta pas attention.

Contemplant son succès, Adun retint un rire. La défaite de son ennemi était devenue un triomphe. Ni les Orcs, ni la Ligue, ni les Titans, ni ses vieux cauchemars ne l’avaient vaincu. Ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’il ne revête la couronne de Taer.
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MessagePosté le: 26/01/09 23:15    Sujet du message: Citer

Le quartier religieux fut évacué de sa population pendant les quelques heures qui suivirent la cérémonie. Seuls restaient quelques uns des membres les plus importants pour veiller à la mise en lieu sûr des biens de grande valeur et les trois principaux Pères des terres ardentes qui avaient débattus de la nomination du nouveau Haut-Père. Enfin, Adun avait également attendu le départ de la foule pour arracher la Couronne aux prêtres.

Il rejoignait son escorte qui l’attendait en dehors de cette portion de la ville, traversant avec un peu de nostalgie les ruelles sombres encore marquées par le sortilège des ecclésiastiques, Taenil à ses cotés, portant l’artefact.

« Les funérailles de Valandre auront lieu dans quelques jours, mais il me sera facile de les occulter. A mon retour au palais, je préparerais l’annonce du décès de Venkas et son enterrement éclipsera celui du Haut-Père. »

Son compagnon hocha la tête, plongé dans ses pensées.

A quelques mètres de la, caché à l’angle de la rue, Vahalaar essuyait son front humecté de sueurs. La Ligue s’était trompée et cette fois, plus aucune intrigue ne pourrait vaincre leur ennemi. Il n’y avait plus qu’un moyen.

Faisant le vide dans son esprit, il serrait ses deux mains, entendant distinctement les pas du Seigneur-Mage se rapprocher. Il savait que celui-ci marchait à droite, près du mur.

Il entendit sa voix résonner, de plus en plus fort au fur et à mesure de sa marche. Il n’était plus très loin.

Inspirant une dernière fois, l’espion surgit de derrière le bâtiment, surprenant sa cible et lui enfonçant profondément sa dague dans le corps. Il fut saisit à son bras droit par les deux mains du sorcier qui mit un genou à terre, ayant reçu un coup d’apparence fatal près du cœur. Son regard sembla se perdre en fixant l’assassin, s’affaissant peu à peu vers le sol, fixant le vide.

Incrédule, Taenil ne fit pas un mouvement, contemplant le corps dépérissant en train de tomber. Satisfait, Vahalaar annonça :

« C’est enfin fait. »

Il fit un mouvement pour se débarrasser de l’étreinte du mage mais n’y parvint pas. Retentant une deuxième fois, il sentit quelque chose qui le tirait puis une violente douleur dans tout son être. En face de lui, comme subitement ranimé, Adun le tirait de plus en plus fort et se redressant peu à peu.

Surpris, l’agent de la Ligue tenta de se débattre et de frapper son adversaire, sans y parvenir, sentant ses forces l’abandonner. A chaque seconde, son énergie diminuait alors que celles du Seigneur-Mage semblaient croître. En quelques instants, ce fut à son tour de poser genoux à terre, sentant sa vigueur le quitter, alors que son opposant était à nouveau debout.

Bégayant comme il le pouvait, alors que sa peau même semblait être drainée vers l’enchanteur qui ricanait de rage, il tenta, sans y parvenir à articuler quelque chose de compréhensible.

Gisant finalement inerte aux pieds des deux hommes, son cadavre fut saisi par le régent des terres ardentes qui regarda les yeux de la dépouille avant de l’expédier, d’un envoûtement rapide, à l’autre bout de la ruelle.

S’arrêtant de rire, il serra les dents, s’appuyant sur l’épaule de Taenil et s’adressa à lui :

« Tu as bien fait… de me prévenir… Mais il faut que je retourne vite au palais… J’ai besoin de plus d’énergie si je veux que mon cœur survive… »

Son compagnon arracha le couteau, laissant apparaitre une plaie ornée de rouge dans le torse du magicien puis commenta :

« C’était très dangereux comme plan. S’il avait visé un peu plus à droite je ne suis pas sûr que tu aies pu retourner la situation. »

« Peu importe… Maintenant la Ligue n’a plus aucun agent ici. Mettons nous en marche, vite… Je vais trouver une utilité à quelques un des prisonniers. »

Grimaçant à l’idée de la sombre scène qui allait se produire dans les cachots, le sorcier à la barbe blanche se mit en route, aidant son ami à marcher.

Observant les deux individus disparaitre au loin, un autre homme sortit de l’obscurité au fond de l’avenue. Avec son pied, il retourna le corps qui se trouvait devant lui, murmurant :

« Voila donc le si recherché Errick Vahalaar. »

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La mort du Haut-Père et la simili-consécration de leur gouverneur provoqua un fort élan de dissension parmi la population, divisant ceux qui pensaient que le Seigneur-Mage avait organisé la chose et ceux qui le considéraient désormais comme un meneur quasi divin. Celui-ci était resté reclus quelques temps au palais suite à l’évènement, sans apparaître une seule fois durant toute une semaine. Comme pour faire écho à cette subite montée de scepticisme, le premier exemplaire du Journal de Cavenfer était sortit et distribué.

Pendant que le peuple se questionnait, le trio à la tête des colonies se concertait à son tour, le général Fereghan feuilletant la gazette avec curiosité, Taenil donnant des ordres aux serviteurs et Adun contemplant comme à son habitude la ville au travers de l’une des quelques fenêtres que possédaient la grande pièce, utilisée d’habitude pour les banquets.
Lorgnant, intrigué, sur une page particulière, l’officier s’adressa au sorcier à la barbe blanche qui revenait vers l’imposante table centrale ou il se trouvait.

« Dites moi, le Seigneur-Mage est-il réellement auteur de ce texte ? »

Marmonnant quelque chose pour lui-même, l’enchanteur observa le document avant de confirmer :

« Vous savez, il n’est pas resté inactif pendant ses soixante années dans Cavefeu. Entre autres choses pour montrer au monde qu’il existait toujours, il a rédigé de multiples textes qu’il envoyait à l’académie des mages. Ceci n’est qu’un traité d’initiation qu’il a décidé bon de rendre public pour… montrer pourquoi nos sorciers sont précieux. »

Comprenant l’allusion, le général hocha de la tête et recommença à lire.

« Sachez avant de continuer votre lecture que je désignerais le sujet de cet ouvrage autant par le terme « magie » que par le terme « arcane », ceci afin de le rendre plus compréhensible à la majorité de la population qui utilise communément les deux. Cela est bien entendu un abus de langage car il faut distinguer ces deux notions : l’arcane (que j’écrirais Arcane pour la différencier) est l’énergie originelle et la magie l’usage que l’on en fait.

Ceci spécifié, je vais m’intéresser brièvement à l’apprentissage de la magie : Tout d’abord, tout le monde, y compris le plus rustre des paysans, peut en faire usage, mais pour une poignée infime d’emplois et ce, uniquement après un long exercice sur soi : Cela permettra principalement de distinguer l’énergie arcanique dégagée par quelque chose ou encore de changer sa vision de certains objets. Ces aptitudes peu utiles pour le commun des mortels sont par contre essentielles pour les vrais sorciers mais sont accessibles à tous car il s’agit uniquement d’utiliser l’énergie contenue en soi, alors qu’un magicien peut manipuler celle qui l’entoure, voire, une fois chevronné, créer la sienne. Il existe cependant une exception, pratique à nombre de points de vue, celle d’utiliser les lignes magiques, qui ne nécessite qu’une formation de quelques mois en moyenne et des réactifs peu couteux. Les tracer demandera l’intervention d’un enchanteur plus expérimenté, mais nous y reviendrons par la suite.

Ceux qui choisissent de poursuivre dans l’apprentissage de cet art doivent tout d’abord maitriser les points cités plus haut, chose faite dès l’enfance pour la totalité des sorciers les plus puissants ou prometteurs. Une fois dépassé sa dixième année, l’étudiant en magie va commencer à s’approcher de ce qu’est réellement l’arcane, et a ce stade deux possibilités s’offrent généralement à lui : Soit commencer plus brusquement l’éducation, méthode plus risquée et plus difficile ; soit se contenter d’une instruction plus lente mais plus sure. Si les premiers formeront l’élite de demain, les secondes n’en resteront pas moins de glorieux artisans de la prospérité. »


Fronçant les sourcils, Fereghan s’adressa de nouveau à Taenil :

« Dites-moi, ces fameux sorciers de second ordre, ce ne sont pas ceux qui se coltinent les tâches « glorieuses » de faire voler des pierres et appliquer cinquante enchantements d’hydratation par jour ? »

Amusé, l’autre répliqua :

« Oh, vous savez, la première version du texte était beaucoup plus… moins positive. Mais il a quelque peu réécrit son ouvrage depuis. »

Le Général hocha la tête en guise de réponse puis rangea le journal, constatant que les autres officiers et conseillers entraient dans la salle, pendant que Taenil faisait fuir d’un regard un domestique à l’oreille curieuse.
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MessagePosté le: 07/02/09 09:59    Sujet du message: Citer

Le roi de Taer traversait ses appartements en faisant les cent pas, réfléchissant et culpabilisant. Ca et la, quelques fenêtres lui permettaient de visualiser sa capitale, sans qu’il puisse y trouver refuge. Il était piégé, aussi bien politiquement que physiquement, surveillé par un garde à l’air féroce, les deux bras sur son épée longue plantée dans une fissure du sol. Comme tous les autres, il portait un insigne représentant un blason noir.

Taerenas s’assit sur son lit, fixant le soldat. Il commençait à regretter de s’être laissé berner ainsi et d’avoir abdiqué si facilement. Mais peut être que son peuple vivrait mieux en définitive…

« Vous avez échoué. »

Il se redressa précipitamment après avoir entendu ce susurrement guttural qui avait résonné dans son esprit. En face, le vigile ne semblait pas avoir bougé.

Surpris, le souverain balbutia :

« Vous dites ? »

Le regard interrogatoire du factionnaire suffit à convaincre le monarque de se rassoir, sans obtenir de réponse. Comme muni d’une volonté impérieuse, ses yeux furent forcés de regarder la lame devant lui. Une seconde fois, l’écho inconnu fit irruption à l’intérieur de ses pensées.

« Et lorsqu’ils n’auront plus besoin de vous ? »

Taerenas redressa la tête pour considérer la sentinelle, qui fixait stupidement le mur d’en face. Désarçonné par l’idée qui s’introduisait lentement en lui, il se contempla dans le petit miroir qui ornait sa table de chevet.

Dedans se reflétait son air noble et ses cheveux en raréfaction, son nez court et sa courte barbe grisonnante. Mais son regard ne laissait place à aucune détermination. Il déglutit péniblement, alors que les couloirs adjacents résonnaient de la marche de ses multiples détenteurs.

-------------------------------------------------------------------------------------

Cavenfer n’avait jamais été aussi été animée, la ville recevant un afflux constants de nouveaux immigrants, soucieux de se tailler leur propre vie dans ce nouveau monde.

Les dissensions vis-à-vis du Seigneur-Mage s’apaisaient peu à peu, celui-ci s’accordant désormais quelques apparitions en publics, auxquelles il ajoutait la propagande sous toutes les formes et à tous les niveaux qu’il contrôlait.

Pourtant, si les civils retournaient à nouveau dans une dévotion incontestable vis-à-vis du gouverneur, une partie des soldats restait plus contestataire.

Valmoore, comme à son habitude, attisait comme il le pouvait la grogne de ses camarades, tentant de faire apparaître à leurs yeux la machination dont ils étaient victimes. Au fil du temps, il s’était réuni autour de lui un petit groupe d’une dizaine de soldats, qu’il menait aujourd’hui. Le jeune homme, en tant que neveu de l’un des pions de Zerendis, s’estimait insoupçonnable.

Il ouvrit la porte de l’appartement laissé par Jurgot quelques semaines

auparavant, apercevant Khenan affalé sur le lit de la pièce principale.
Se redressant, son compagnon constata d’un air méfiant les quelques gaillards qui l’accompagnaient, tous des membres de son unité, en plus de Nazremous toujours aussi nonchalant.

Il tenta de prendre un ton ferme pour lui asséner :

« Valmoore, c’est ton droit de pas aimer le Seigneur-mage, mais je t’ai déjà dit que je voulais rester en dehors de tout ça. »

Son ami grogna mais se contenta de répondre sans trop y prêter attention :

« Tu comprends rien… »

D’un geste, il signifia à ses accompagnateurs de le suivre à l’intérieur.

Ils s’attablèrent tous dans ce qui servait de salon, arborant une apparence gênée, exception faite du soldat aux cheveux blancs et de Khenan qui restait en retrait, vaquant à ses occupations, tout en gardant l’oreille attentive.

A voix basse, mais fermement, le chef du petit groupe commença :

« Bon, messieurs, il faut qu’on en décide maintenant : Quel est votre avis ? »

L’un des conjurés, de taille moyenne, au visage orné d’une barbe et d’une moustache ni bien rasées ni bien entretenues répondit en maugréant :

« Il faut demander son remplacement, ça me parait évident. Il se fiche de la vie de ceux qui le servent et il nous envoie dans cette guerre inutile. »

Après quelques secondes de réflexion, le militaire en face de lui prit la parole :

« Je ne pense pas que ce soit inutile, mais il nous faut un dirigeant qui ne nous sacrifierais pas sur le terrain. Un vrai général. Venkas était de ceux la. »

A l’autre bout de la table et d’une voix plus forte que celle des précédents, un autre contesta :

« Et t’en connais beaucoup comme ça ? Hormis Garnan je ne vois pas, et il est un peu loin pour ça ! »

« Eh bien un officier quelconque alors, qui aurait vécu au front, qui connaitrait les rigueurs de la guerre et les dangers du front ! »

Un quatrième conclut :

« Bon, au moins nous sommes tous d’accord, il faut se débarrasser de Zerendis, d’une manière ou d’une autre. »

Satisfait, Valmoore se tourna vers celui qui semblait le moins concerné, occupé à se limer les ongles avec un canif.

« T’en penses quoi toi, Nazremous ? »

Comme sortit de sa torpeur, il dévisagea le reste des participants et dit simplement :

« Oh, moi je ne pense rien, je constate. »

Refaisant face au groupe, leur chef balaya du regard la table.

« Bien, alors il faut commencer par obtenir l’accès au palais, d’une manière ou d’une autre. »

Ils restèrent la à discuter dans cette petite salle obscure et suintante, avant de se mettre à repartir peu à peu. Valmoore lui-même finit par quitter la pièce, laissant le soldat aux cheveux blancs seul. S’apercevant que la discussion était finie, il se décida à quitter les lieux, déambulant calmement dans le bâtiment étroit. Il aperçut Khenan d’un coup d’œil et se dirigea vers lui, posant sa main sur son épaule.

« Hey, Khenan, t’es bien remonté contre lui, non ? »

L’air joyeux de son compagnon rendit le soldat légèrement plus loquace :

« Oui… Il s’engage sur une mauvaise voie. »

« Ca c’est toi qui le dit. »

Leurs regards se croisèrent quelques instants.

« Il n’a pas… On n’a pas... Ce ne sont pas nos affaires. »

Levant les yeux au ciel et se remettant en chemin, Nazremous lui posa une dernière question :

« Sinon, vu que t’as été affecté à la garde du palais… Tu pourrais pas nous trouver un trousseau de clé en trop, ou quelque chose comme ça ? »

Son camarade soupira.

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L’air était lourd et difficilement respirable, rempli d’odeurs de soufre et de relents de spore libérés par les abondants champignons géants qui entouraient le petit groupe d’hommes.

Ils étaient six, traversant la forêt fongique avec peine, un mage et cinq aventuriers, carquois au dos, le premier d’entre eux tenant une machette pour couper les lianes innombrables qui encombraient leur chemin.

Son visage était long, creusé par les efforts concertés de l’âge et de l’activité, laissant poindre un début de barbe. L’air déterminé, il avançait, tranchant chaque tige qui entravait sa route.

Habillé d’un gilet blanc, auquel était harnaché un sac de voyage de petite taille, menant le groupe vers une direction que lui seul semblait connaitre, il possédait le profil physique typique de l’aventurier dont l’âge commençait à être avéré, ses cheveux en raréfactions ayant tous virés au gris.

Derrière lui, un autre explorateur, d’embonpoint plus considérable, pataugeant dans la bouillie de plantes que son camarade laissait derrière lui, semblait peu rassuré de la situation.

L’ambiance était lourde et silencieuse, en dehors des déplacements du petit groupe et de quelques bruits occasionnels poussés par les créatures autochtones survolant le bosquet.

D’un geste, le premier de la troupe ordonna aux autres de s’arrêter, arrivé devant un enchevêtrement de lianes plus dense que les autres. D’un geste bien préparé, il trancha l’obstacle végétal avec sa machette, puis recula brusquement.

Un canyon de quelques mètres de large coupait la progression du bosquet ; qui reprenait de l’autre coté, par un écoulement de magma rougeoyant en contrebas.

L’homme grogna ; regardant à gauche et à droite, avant d’être dérangé dans sa réflexion par le troisième membre de la file, en réalité une femme d’âge mur :

« Mendren, je pense qu’on en a assez vu pour aujourd’hui. On pourrait retourner au campement et chercher un autre passage plus tard. »

Le visage de la femme, brune, était à peu près aussi dur et assailli par l’âpreté de la vie que celui de son meneur. Sous sa coupe courte, on apercevait tour à tour des yeux bleus sombres qui fixaient avec insistance son guide, puis un nez court surplombant une bouche dont l’expression ne laissait pas de doute sur la lassitude qu’elle ressentait à marcher ici.

Une voix fatiguée lui répondit simplement :

« Y’a pas d’aujourd’hui qui tienne, j’ai pas vu le soleil se coucher. »

Elle laissa échapper un soupir, suivi d’une intervention du second du groupe, qui s’adressa à l’explorateur en train d’observer la coulée de lave, agrippé à deux tiges de champignons.

« Ray, elle à raison, ca fait cinq heures qu’on marche à travers cette jungle et ça fait trois jours qu’on cherche à trouver un moyen de passer cette rivière… »

« J’ai toujours pas vu la nuit tomber. »

L’autre leva les yeux au ciel, avant que Ray Mendren ne reprenne d’une voix animée d’une légère excitation :

« Attendez… Regardez… Là bas ! »

Il pointait de son doigt un endroit invisible pour le reste de la troupe et se mit à décrire ce qu’il voyait :

« Y’a une espèce de pont… en pierre, enfin un truc solide. C’est à dix minutes de marche, pas plus. On y va. Jora, tu passes devant. »

La femme choisi de ne pas contester et dégaina à son tour une machette pour partir dans la direction indiquée, suivie par le reste du groupe.

L’explorateur bedonnant tenta de raisonner son chef :

« Allons, Ray, tu vois bien qu’ils sont tous épuisés. Puis regarde le mage, il peut même plus marcher ! »

Le sorcier qui trainait derrière la file était en effet en piteux état, ces cheveux roux ébouriffés, sa robe bleue sillonnée de déchirures dues aux plantes et son front couvert de sueur s’accordant avec ses yeux hagards, semblaient être une allégorie de la fatigue.

Mendren maugréa :

« On peut se passer de lui. »

Constatant le regard lourd de son compagnon, il se reprit, avec un air amusé :

« Je parlais pas de s’en débarrasser, Neth, juste de le laisser retourner au camp. »

« On en a besoin ! Ne serait-ce que pour éviter de mourir de chaleur. Et s’il te plait Ray, ne me sors pas que toi t’as réussi à survivre seul pendant des semaines en armure lourde au dessus d’un volcan en éruption, moi j’te croirais pas ! »

L’autre s’accorda un rire.

« Bon, allez, c’est moi qui commande, on va voir la bas puis on retournera au campement après. En avant !»

Laissant la son interlocuteur qui se contenta de faire la moue, Mendren se dirigea vers le reste du groupe qui continuait à progresser dans la jungle de champignons, laissant derrière eux un mage à peine en état de marcher, soutenu par Neth qui l’exhortait à faire preuve d’un peu de bonne volonté.

Les explorateurs traversèrent ainsi quelques centaines de mètres supplémentaires de ramifications fongiques, avant que Jora, à la tête de la file, ne s’arrête. Elle annonça simplement d’un ton moqueur :

« Vous voyez Mendren, j’vous avais dit que ça servait à rien. »

Toute joie quittant son supérieur, celui-ci se dirigea avec fougue vers la position de la femme, avant de comprendre. Devant lui s’étendait une nouvelle faille rejoignant la première et qui s’étendait également à l’est sur une longueur indéterminée, sans trace de lave cependant.

L’homme prit une grande inspiration puis fit face à ceux qui l’accompagnaient, la mine pantoise :

« Bon, les gars, on rentre au campement. On reviendra plus tard. »

Un murmure de soulagement résonna dans l’équipe, qui déjà se remettait en marche. Balayant les environs du regard, Mendren s’immobilisa brutalement, plaçant la main à son fourreau, en apercevant quelque chose d’inhabituel. A quelques mètres de lui, dépassant d’un bouquet de tiges fongique dense, apparaissait une sorte de liane violette et dont la terminaison était tournée vers le reste du groupe. Vivement, il saisit la chose avec sa main, sentant une sorte de chaleur habiter la chose puis cria :

« Attendez ! »

Immédiatement, il sentit l’objet se rétracter et le tirer vers le bosquet. Lâchant prise, il hurla :

« Y’a une espèce de bête ou quelque chose, juste derrière, soyez prêt ! »

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’une espèce de main violette terminée par des tentacules déplaça les végétaux qui barraient sa route, suivie d’une deuxième, puis du corps tout entier d’une créature vaguement humanoïde.

Sur ses épaules on constatait des boursouflures jaunes et en lieu et place de sa tête apparaissait une espèce de nœud de serpent dont émergeait un autre tentacule doté d’un œil. La bête dépassait de plusieurs têtes tous les humains présents qui reculèrent, déboussolés par l’aspect étrange du nouvel arrivant. Même le sorcier trouva assez de force pour se mettre à distance.

Levant les bras, l’animal émit quelques gargouillis incompréhensibles. Incertain de lui, Mendren décocha un rapide :

« Fuyez ! »

L’être fit quelques pas lourds dans sa direction, le décidant à fuir à son tour.

-------------------------------------------------------------------------------------

Farghan était recroquevillé dans un des coins de la salle ou il était détenu, scrutant chaque mouvement dans la pièce avec une inquiétude exaspérée.
Il tremblait de peur, les nerfs à vifs, ne bougeant que par soubresauts.
Au dessus de lui un corbeau s’était installé entre deux briques, observant la situation.

La porte s’ouvrit brutalement, sans que personne n’y passe, ne faisant que se replier un peu plus l’espion. Inopinément, il sortit la tête et cria :

« Laissez-moi tranquille ! Laissez-moi ! »

Au même moment, loin dans les terres ardentes, Enlgorm surveillait une pièce étroite ressemblant à celle ou était détenu l’agent de la Ligue, un mur en moins. Une brume vaporeuse représentait le prisonnier.

Autour du titan n’étaient disposés que quelques Orcs, dont Darok, la plupart s’activant à déplacer des objets, l’ensemble se trouvant entre les murs d’une vaste forteresse, scindée en deux par une coulée de lave.

Lentement, la créature sombre posa sa main gauche à terre, laissant s’échapper le cadavre de Vahalaar. Fixant avec dédain la carcasse inanimée, il ferma les yeux et retint le corps, de sorte à ce qu’il reste droit. Aussitôt après, des flux d’énergie noire commencèrent à émaner du visage de la chose et à ramper sur tout le long de son bras, se fixant puis s’infiltrant dans la dépouille de l’espion.

Peu à peu, le macchabé sembla s’animer, quelques crépitements de sorcellerie prenant place dans ses orbites.

Satisfait de lui, le Porte-mort s’éleva légèrement dans les airs et fit un geste de la main.

Le corps, droit, fit un pas en avant, suivi d’un autre, à la manière d’un soldat en procession, d’une rigidité absolue.

Le Titan plissa les yeux et serra le poing. La chair fut de nouveau animée, d’une manière un peu plus naturelle, courbant légèrement le dos et desserrant son comportement.

Satisfait, la créature noire balaya l’espace devant lui, faisant exécuter à son pantin une dernière série de mouvements crédibles.

Enlgorm sourit un bref instant, laissant paraitre une dentition carrée aussi noircie que le reste de son corps, avant que le cadavre ne fasse un faux mouvement et ne tombe à terre.

Il grogna, levant son bras au ciel pour lui ordonner de se redresser, puis indiqua de sa voix caverneuse à Darok, resté immobile pendant l’expérience :

« Tu transmettras les mots que je t’ai demandé, spiritiste. »

Celui-ci opina. A nouveau, le Titan fit un geste, dirigeant le mort-vivant vers la représentation de la cellule.

Dans la tour, Farghan vit la porte se rouvrir en grand, laissant entrer une forme humanoïde noirâtre, dont les traits lui étaient difficile à percevoir. Instinctivement, il se colla au mur autant qu’il pu, hurlant :

« Partez ! Laissez-moi ! S’il vous plait ! »

Ses yeux exorbités et emplis de larmes arrivaient à peine à déchiffrer le visage de l’être qui s’approchait. Sa prestance avait totalement disparu, son visage strié par la saleté et creusé par la faim, ses cheveux ébouriffés et tombant sur ses épaules, ses habits déchiquetés laissant voir son corps balafré par la dureté des pierres. Il n’était plus qu’un reliquat de ce qu’il était avant, peinant à tenir debout, tremblant de peur et de faiblesse, les deux bras croisés devant lui, comme pour faire barrière à ce qui s’avançait.

Mais aucune agression ne vint. Seulement une voix familière qu’il se remémorait.

« Farghan ? »

Il sentit une vive douleur au crâne, comme si son esprit était envahi par une force extérieure et se mit à genoux.

« Farghan, est-ce que ça va ? »

Séchant ses larmes, il parvint à se dominer et à contempler l’homme qui se tenait devant lui.

« Err… Errick ? »

« Oui, c’est bien moi. Je vais te sortir de la. »

Une joie immense sembla envahir l’espion qui se releva peu à peu, la bouche ouverte, avant de se remettre a trembler puis de reculer à nouveau, bégayant aussi fort qu’il le pouvait :

« Non ! C’est faux ! C’est impossible ! Ce n’est pas toi ! »

Une nouvelle souffrance le prit à la tête et il se heurta aux murs, le crâne entre ses mains.

« Farghan, regarde-moi. »

Cette fois ci, l’espion observa avec attention l’apparence de la chose, reconnaissant trait pour trait ceux de son confrère.

« Errick ! »

Il manqua de se mettre à pleurer, interrompu par Vahalaar :

« Ecoutes moi, on va sortir d’ici, mais avant, il faut que tu me dises tout ce que tu sais sur le plan des Maître, d’accord ? »

« Co… comme tu veux. »

L’agent de la Ligue s’assit par terre et commença à balbutier, comme si il sortait d’un long sommeil :

« Tous les trois… Ils veulent prendre le contrôle de Taer et des royaumes proches. D’abord… Ils vont envoyer des forces en dessous… Puis ils vont destituer Zerendis, ils doivent avoir pris le Roi en main… Et après ils comptent gagner la guerre. »

« C’est tout ? »

« C’est tout ce que je sais… Après il doit y’avoir des détails, des plans secondaires ou des choses du genre mais je ne sais pas. »

Son confrère marqua un temps d’arrêt, comme si il remarquait qu’il reprenait conscience. Ses paroles se faisaient plus assurées et son regard plus lucide.

« D’accord, maintenant dis-moi ou se trouve le bâtiment principal de la Ligue et où sont les deux autres Maîtres. En dehors d’Ildur. »

« Il n’y a pas de siège principal, juste quelques centres de formation et notre dépôt d’archives à Venerolth. Après, Maîtres Jored et Erana doivent être chacun respectivement à la Cour de Froevudd et Aerrad… Quoique non, Maître Jored avait parlé de se rendre lui-même à Cavefeu mais…. »

Il tourna son visage vers celui de son interlocuteur et questionna d’une voix basse, l’air presque normal :

« Mais cela tu le sais déjà, non ? »

La silhouette devint tout à coup plus floue, disparaissant peu à peu.

« Vahalaar ? »

Cette fois, la vision de son confrère finit totalement de s’évanouir, laissant Farghan face au vide.

« Vahalaar ?! »

Il secoua sa tête brusquement, émergeant de plusieurs semaines de folie.

Constatant la porte encore ouverte, la peur au ventre, il courut vers celle-ci pour passer de l’autre coté. Arrivé dans le maigre couloir, il entendit des battements d’ailes aussi frénétiques que nombreux approcher depuis la fenêtre de sa geôle, constatant une multitude de corbeaux déformés qui tentaient d’y entrer. Refermant le battant violemment, il se mit à courir aussi vite qu’il en était encore capable.

Il était dans un passage étroit, disposant de quelques petites arches en guise de fenêtres ou s’engouffraient peu à peu les bêtes hideuses. Accélérant le pas, il déboucha sur des escaliers, bondissant avec peine dedans, percevant avec effroi les bruits de ses poursuivants. En bas des marches, il entra dans une nouvelle salle, ou se déplaçaient mollement sans faire attention à lui ; l’air à moitié mort, tout ceux qui avaient fait parti de la réunion quelques temps auparavant. Restant la debout à commencer à comprendre l’étendue de la machination dont lui, la Ligue et le pays tout entier pouvaient être victime, il sentit sans plus pouvoir souffrir les premiers becs féroces se figer dans son dos.
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MessagePosté le: 10/02/09 09:21    Sujet du message: Citer

(fin du chapitre IV)

Adun se préparait mentalement. Il se trouvait dans les souterrains du palais, entre plusieurs murs gris ou attendaient quelques gardes solennels. Un groupe de mage s’échinaient à canaliser un sort novateur pour maintenir inactif le prisonnier enchaîné dans la pièce adjacente, fermée par une porte d’épaisseur considérable.

Le peu que l’on savait de lui, non pas par ses dires mais par ceux des prisonniers Orcs capturés avec lui ; était qu’il s’agissait d’un Grand Cultiste, nommé Zjhekal. D’habitude ces créatures dévouées à Enlgorm s’immolaient elle-même lors de leur défaite, mais a force de persévérance, quelques sorciers étaient parvenus à lui empêcher toute action.

A présent, le Seigneur-Mage se préparait à rencontrer le prisonnier pour négocier une entrevue avec son maître. Selon les créatures rouges, les Grands Cultistes pouvaient converser avec leur seigneur directement par la pensée. Si l’inverse était vrai, les humains tenaient probablement la raison qui les poussait à se suicider.

Un enchanteur vint déranger Zerendis dans sa réflexion, annonçant que le sortilège avait été légèrement desserré pour que l’être étrange puise converser.

Alors que les lourds battants de la geôle s’ouvraient, dévoilant peu à peu une salle grise illuminée par deux simples torches jetant leur lumière sur le corps rouge et parsemé d’excroissances du Cultiste, Adun se demandait quel comportement adopter. Il allait sans doute rencontrer une existence millénaire, doté d’un esprit affuté, rompu aux manœuvres magiques et militaires, et envers duquel il devrait sans doute déférer un grand respect… Il manqua de sursauter quand cette pensée grotesque lui frôla l’esprit et entra de plein pied dans la cellule, demandant aux ensorceleurs de rester à l’extérieur, de refermer la porte et de ne pas tendre l’oreille.

Arrivé à quelques pas de l’être écarlate qui remuait la tête frénétiquement et faisait bondir ses tentacules autant qu’il le pouvait, le Seigneur-Mage entama la discussion, le corps droit, son bâton dans sa main droite, les deux yeux rivés sur ceux de la créature et le ton impérial :

« Vous pouvez parler, Grand Cultiste. »

La chose explosa de rage :

« Libérez-moi immédiatement ! Laissez-moi mourir ! Sa volonté vous écrasera tous si vous refusez ! Je DOIS périr maintenant ! »

Toujours calme et autoritaire, Adun poursuivi :

« Oh, c’est hors de question. Vous avez une certaine valeur. Mais cela est toujours négociable. »

Les yeux enflammés, le Cultiste se débattit contre ses chaines, crachant des gouttes de liquide poisseux en lieu et place de salive.

« Maitrisez-vous, Zjhekal. Je ne désire rien… Rien d’autre qu’une petite entrevue avec votre maître. »

La créature rouge fixa le sorcier intensément, d’abord apaisée, puis se laissa aller à un rictus malveillant :

« Vous souhaitez rencontrer Enlgorm ? »

« Oh, juste lui parler. Il parait que vous pouvez me faire obtenir audience. Et en échange de cela, je vous garantis la liberté, que vous désiriez être relâché, ou immolé, ou toutes ces sortes de choses. »

Zjhekal piaffa puis sa voix gutturale annonça doucement :

« Je suis disposé à cela. Le Seigneur Enlgorm le sera très certainement aussi. »

La voix forte du Seigneur-Mage résonna dans la pièce, à destination des enchanteurs de la salle voisine :

« Desserrez ses liens ! »

En quelques instants, la brume grise subtilement dissimulée qui entourait les poignets et le cou de la chose, se mit à disparaitre. Se sentant libre de ses incantations, mais sans pouvoir bouger, les mains et jambes toujours ferrés, le Cultiste réfléchit un court moment, une lueur d’incendie dans ses yeux. Finalement, il hocha de la tête, indiquant qu’il réaliserait son contrat et balbutia quelques mots barbares, qu’Adun même ne put comprendre. Répétant l’incantation maintes fois de plus en plus vite, il sembla prit d’une transe étrange, le visage vibrant, alors que ses tentacules étaient plaqués à son corps.

A la surprise du magicien, le visage de la créature se mit à se déformer, quittant l’apparence carrée et démoniaque qu’il avait jusque la, se modifiant peu a peu dans un visage plus humain, se rapprochant d’un crâne sur lequel on aurait laissé une mince couche de peau, tout en étant doté de sa mâchoire inférieure, et de deux yeux jaunes plus ardents que ce que le sorcier avait jamais pu voir.

La nouvelle apparence du Cultiste contrastait avec le reste de son corps, son cou se révélant monstrueusement tordu.

Le visage déformé fixa à son tour le Seigneur-Mage, d’un air satisfait. La voix qui en fut émise tranchait également avec ce qu’Adun avait entendu de la créature, caverneuse et beaucoup plus sûr d’elle :

« Ainsi, je rencontre enfin le grand Seigneur-Mage Adun Zerendis, craint dans toutes les terres ardentes, et loué dans toutes les terres extérieures. »

Le sorcier se redressa, empreint d’une fierté soudaine.

« Et voici donc la première apparition du seigneur Enlgorm je présume ? »
Un bruit sourd qui émana de la représentation du Titan sembla confirmer la question. Il ajouta :

« Vous êtes un bien étrange dirigeant… Vos serviteurs grouillent dans ces terres, en dépit de nos avertissements. Vos installations se multiplient, malgré que vous devriez refluer. Vos heures ici sont les dernières. »

Adun ricana.

« Ce sont vos propres créatures qui nous ont forcés à nous défendre. A devenir plus… offensifs. Nous serions restés confinés dans cette maigre portion de territoire, si vous aviez retenu vos propres valets. »

« Ce ne sont pas vos terres. Repartez-en. »

Le sorcier fut à peine surpris du ton à la fois menaçant et posé de la phrase que lui avait asséné le Titan. Légèrement piqué, il s’agaça :

« C’est hors de question ! »

« Alors vous y périrez ! »

« Nous verrons bien. »

Les deux êtres restèrent ainsi à se fixer, dents serrées, à quelques pas l’un de l’autre. Quelques interminables longues secondes s’écoulèrent ainsi, le regard de chacun semblant vouloir imposer sa volonté à son adversaire. Finalement, le sorcier reprit, nullement déstabilisé :

« Je propose que nous nous rencontrions tous deux, pour conclure cette affaire au plus vite. Je me tiendrais dans la forteresse de Val-de-Cendres d’ici une semaine. A ce moment, je vous y attendrais. Cette guerre sera réglée aussi vite que chacun le souhaite. »

Un air mauvais barra le visage du Titan qui répondit en égrenant chaque mot :

« Ainsi sera-t-il. »

Lentement, la face hideuse reflua dans le corps déformé du Cultiste, rendant peu à peu à celui-ci sa forme originelle. Emergeant de sa transe, la créature rouge contempla le sorcier, qui lâcha dédaigneusement :

« C’est bon. »

Zjhekal ne sourit même pas et parut plus désespéré qu’autre chose. Le Seigneur-Mage le contempla quelques instants, avant que les deux yeux rouges sang de la bête ne se dressent vers lui, et que le corps écarlate s’embrase d’un feu violent, explosant dans un rugissement de tristesse.

Touché par le sortilège, un pan de sa robe en flammes, Adun recula prestement, invoquant un enchantement de protection pour éteindre les braises, puis contempla les restes du Cultiste s’affaisser peu à peu pour devenir un tas de cendre.

Au garde qui ouvrit la porte à moitié affolé, surpris par la disparition de la créature, Zerendis lui répondit simplement, d’un ton assuré :

« Les terres ardentes seront bientôt à nous. »
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MessagePosté le: 17/02/09 11:28    Sujet du message: Citer

Chapitre V

La semaine qui suivit l’entrevue avec le Cultiste s’égrena lentement pour Adun. Les premiers jours ne comprirent que des séries d’ordres, de rassemblement de soldats en vue du futur évènement à Val-de-Cendres.
Au bout du troisième jour suivant la rencontre avec Enlgorm, la monotonie fut rompue : L’architecte Hollman expirait, pris de spasmes, entrainé dans une agonie par une des maladies que les terres ardentes recélaient.

Adun contemplait le corps encore animé du vieil architecte que des mages tentaient en vain de maintenir en vie, par infusion de quelques énergies de sorcelleries. Mais chacun savait que cela ne servirait à rien, hormis à prolonger les soubresauts du vieillard déjà ridé par l’âge, au visage tendu par les toxines et dont les quelques mèches de cheveux blancs ayant subsistées aux années rendait l’apparence de cette carcasse allongée sur une table plus triste.

Autour de lui, trois jeunes arcanistes, probablement dans la formation, s’échinaient à le faire subsister et à déceler la moindre étincelle de sorcellerie qui se serait glissé dans ce vieux corps, mais rien n’en filtrait et seules quelques secondes de plus venaient s’ajouter à la chute inévitable de l’architecte vers la mort, en dépit de tout les efforts déployés
Evidemment, cela ne pouvait être autrement : Les connaissances magiques d’Hollman étaient proches du néant. Pour que des enchantements puissent accroître la durée de vie de leur bénéficiaire, il fallait que celui-ci ait de quoi les alimenter. C’est ainsi qu’Adun pouvait paraitre encore jeune, les enchantements se nourrissant de son immense réserve d’énergie pour ralentir le vieillissement, la ou Fallas Valandre, bien moins rompu aux arts magique, se serait probablement éteint de vieillesse avant même d’avoir posé le pied a Cavenfer si sa rage ne lui avait pas donné un ultime souffle. Ici, sans aucun moyen de fixer le sort, le seul effet était de rallonger artificiellement son existence jusqu'à ce qu’un de ses organes lâche.

Effectivement, quelques minutes après que les mages n’aient commencés leur tentative désespéré, le cœur de l’architecte tombait à son tour, mettant fin à sa vie. Adun éprouva une légère tristesse ; à la mémoire des longues années durant lesquelles il l’avait fréquenté, mais il balaya cette émotion rapidement, il avait plus important à faire.

De plus, la mort d’Hollman signifiait que désormais, Arman Empforth était le seul Chef Architecte, et un homme dévoué de plus ne pouvait nuire à ses projets.

Mais c’est véritablement le lendemain que les évènements commencèrent à tourner :

Le Roi avait fait mander son Seigneur-Mage pour une audience particulière, précisant qu’il devait être présent dans la plus grande des salles du Sanctuaire de Cavenfer. Il n’en était en réalité rien, Adun se trouvant dans la pièce qu’il utilisait le plus fréquemment, simple espace vide entre trois murs et une porte, seulement doté de deux torches qui illuminaient avec peine le cercle magique au centre.

L’image floutée de Taerenas le faisait paraître très digne, quoiqu’un peut tremblant et mal assuré se laissa penser le sorcier. Il était seul, ayant verrouillé précautionneusement l’entrée. Le sortilège de silence était très maigre, mais en théorie il n’en avait pas besoin.

Voyant que l’apparition du monarque se stabilisait, Adun lui fit une révérence polie avant d’entamer la discussion d’un timbre de voix le plus neutre possible :

« Monseigneur, je suis à votre disposition, tel que vous m’avez fait mander. »

Le suzerain toussota et patienta quelques instants, hésitant, puis déclara :

« Eh bien Seigneur-Mage, je constate que vos derniers rapports sont plutôt défavorables sur le plan militaire. »

Le sorcier fut prit au dépourvu, ne s’attendant ni à une telle remarque, ni à un engagement si direct, alors que d’habitude, Taerenas s’accordait quelques temps d’errance sur des sujets divers. Sans néanmoins quitter son air impassible, il répondit :

« Défavorables dites-vous ? Monseigneur, je pense qu’il y’a erreur, nous n’avons rapporté aucune défaite ces deux dernières semaines. »

Le roi se rengorgea, tentant d’adopter un ton impérieux :

« Allons, vous n’avez pas progressé non plus. Notre avancée dans les terres ardentes est stationnaire. Des hommes meurent sans que nous ne prenions un pouce de terrain supplémentaire, j’en viens à craindre un avenir plus funeste. »

Cette fois, Adun manqua de sursauter.

« Mais, monseigneur, nos renforts n’arrivent que goutte à goutte alors qu’il nous faudrait trois mille hommes de plus, au moins, pour progresser efficacement. Nous luttons contre tout un peuple, contre des races entières ! »

« Je comprends cela, aussi ais-je décidé de renforcer les moyens à votre disposition. Des contingents supplémentaires seront à votre disposition d’ici quelques semaines. »

Le Seigneur-Mage ne bougea pas mais se mit à réfléchir à toute allure. D’une part, Taerenas se montrait beaucoup plus direct que d’habitude. D’autre part, il décidait par lui-même de fournir un nombre considérable de nouveaux soldats et enfin, il faisait cela sans apparemment s’inquiéter des risques pour le pays. Il se préparait à objecter, mais fut coupé par le souverain :

« Et pour vous assister, j’ai le plaisir de vous annoncer que j’ai nommé trois hommes de confiance pour vous aider dans votre tâche. Ils arriveront sous peu à Cavenfer à la tête de quelques troupiers et prendront en main les opérations dans les terres ardentes. »

Les yeux d’Adun s’écarquillèrent, un soupçon de rage commençant à naître dans les pupilles, mais il ne put répondre, à nouveau interrompu :

« Le Seigneur-Général Heradh se chargera de faire les rapports à votre place, ne vous inquiétez pas. Maintenant, faites votre devoir. »

Et l’image disparu brutalement, avant que le sorcier n’ai put contredire le monarque d’une quelconque manière. Il serrait les dents, n’osant imaginer ce qui était en train de se passer. Le revirement du roi était inattendu, et le reste de ses agissements, incroyable, au vu de la façon dont ils contrastaient avec son comportement habituel : Taerenas n’était qu’oreilles depuis sa montée sur le trône, attentif et influençable par tous ceux qui occupaient un haut-rang. C’était un monarque faible, maintenu à sa position uniquement par cette faiblesse, servant de marionnette à tous les nobles, ministres, conseillers ou magiciens ambitieux et persuasifs. Hors, le Conseil des ministres était farouchement opposé aux opérations militaires, ce qui avait poussé le roi à réduire peu à peu ses envois de troupes. Puisqu’il était incapable de prendre des décisions par lui-même, quel évènement l’aurait poussé à un tel revirement ?

Adun resta, méditatif, pendant quelques instants. Cela ne faisait que quelques semaines qu’il s’était débarrassé de leurs agents, mais, il n’en avait aucun doute, la Ligue frappait à nouveau.

Retenu dans les terres ardentes, il ne pouvait agir de manière radicale, il ne pouvait que se défendre. Et dans l’état actuel, il convenait de commencer par se défaire de la première vague d’espions, ce qui, dans son propre domaine, ne serait qu’une formalité.

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Taerenas se trouvait encore une fois dans ses appartements, les yeux alourdis par la fatigue, une sensation d’échec dans son cœur.
Après avoir indiqué quelques heures auparavant à son Seigneur-Mage ; cet homme qui l’avait accompagné depuis le début de son règne, qu’il allait devoir être secondé par des traîtres, il n’avait eu d’autre choix que d’être escorté de nouveau dans ses quartiers, localisés dans les étages supérieurs du Palais de Taerath.

Ainsi, il avait pu constater ce qui semblait la fin de son règne : Les gardes de la Ligue installés aux escaliers, les vigiles traditionnels confinés dans les salles de guet, son conseil de ministre assigné à séjourner dans les chambres du château et, enfin, le conseiller d’Ildur occupé à siéger sur le trôner royal, recevant les rares audiences qui étaient autorisées.

La lignée de Taer semblait s’éteindre ainsi, sans que personne ne réagisse : Il y’avait, sans doute, bien plus d’hommes d’armes fidèles au monarque que de membres de la Ligue, mais il n’osait faire un geste. Il se sentait à la fois trahi et incapable, incapable d’avoir vu venir tout cela et d’avoir bâti son règne sur la soif de pouvoir des autres. Même dans les terres ardentes, tout ce qu’il avait eu à faire avait été de signer quelques documents pour expédier des régiments la dessous, mais à quoi bon ? Même sans cet apport, la colonie semblait vivre sans lui.

Adun, Venkas, Hollman, tout ceux la qu’il avait fréquenté et dont les noms faisaient fréquemment écho dans les discussions sur ce nouveau monde ne lui avaient jusque la semblés être que des parties du régime, des aides. Désormais, il avait l’impression que même l’inverse n’était pas vrai. A chaque seconde qui s’égrenait, son cœur était rendu plus lourd par la sensation désagréable de l’échec. Il se ressassait son passé sans trouver véritablement de personnage dont il aurait entrainé la chute ou la gloire, pas de bataille ou de guerre qu’il aurait remporté, pas de crise qu’il aurait surmonté.

Non, en définitive, il était faible, un roi sans envergure, l’indigne héritier d’une lignée qui touchait à sa fin. Maigri par ces jours de semi-captivité, il s’enchaînait lui-même dans une inertie fatale. Même les gardes ne faisaient plus attention à lui. Celui chargé de le surveiller lui faisait dos, lorgnant d’un œil morne la porte close de la pièce ou étaient gravées quelques dictons de la dynastie.

Le regard de Taerenas se figeait dans le vide, ses pensées s’éteignant peu à peu, laissant place à un son grave qui s’imposait, forçait son esprit.

« Ils vous utilisent. »

Le souverain secoua sa tête, comme pour chasser l’idée intruse, mais celle-ci poursuivit :

« Ils vous manipulent. »

Il se contenta cette fois d’écarquiller les yeux légèrement, avec un air maussade, devant cette déclaration de l’évidence.

« Ils vous cachent la vérité. »

Il tiqua nettement plus à cette affirmation. Il se releva brusquement juste après l’avoir entendu, et toute sa concentration s’attarda dessus. Pendant une fraction de seconde, il parvint à imaginer qu’il était étonnant d’entendre des voix, mais cela ne fit que lui effleurer l’esprit.

Un déclic s’était fait subitement, et Taerenas se sentait plus fort, comme délivré de cet abandon vis-à-vis de la Ligue. Le garde, lui, continuait sa lecture sans ciller.

Une nouvelle fois, l’écho grave se fit entendre :

« Dans la salle des lettres. En bas. La vérité. »

Le monarque fut pris de quelques pulsions, secouant fiévreusement chaque bras. Une énergie puissante bouillait en lui, ravivant d’un coup toutes ses espérances.

Il considéra le vigile à moitié endormi avec un brin de méfiance, puis saisit avec force le miroir qui patientait sur sa table, et l’abattit rageusement sur le crâne de son geôlier. Sonné, sans en mourir, celui-ci s’effondra sur le sol.

Le suzerain se pencha sur lui, dégainait son épée du fourreau. Une lame longue, pas forcément facile à manier, mais cela ferait l’affaire. Ouvrant la porte en grand, il contempla le grand couloir vide quelques instants et se dirigea vers les escaliers.

Il balaya les alentours du regard. Le dallage impeccablement blanc n’était foulé qu’occasionnellement que par les quelques félons de la Ligue à cet étage. Ils n’avaient même pas pris la peine de le surveiller. Presque tout le groupe des traîtres devait se trouver dans l’aile nord, dans les salles du conseil ou du trésor. Ici, il n’y avait personne, sauf quelques gardes. Un autre était d’ailleurs posté à quelques mètres de lui, le regard rivé sur le bas des marches, droit comme un i, son épée plantée dans le sol et ses deux mains sur le pommeau.

Il ne fit pas attention à l’arrivée du roi dans son dos, trop occupé à surveiller les serviteurs qui grouillaient à l’étage inférieur, ne sentant qu’un magistral coup de lame plantée dans son cœur avec une rage surhumaine.

Ressortant sa rapière teintée de sang du cadavre, Taerenas commença à descendre, déterminé. En bas, deux autres sentinelles patientaient. Il fut remarqué avant qu’il put les atteindre.

Le premier des deux hommes avança vers lui :

« Monseigneur, vous n’avez pas le droit de… »

Il fut stoppé en remarquant l’arme du souverain, effectuant un pas de retraite. Quelques secondes après, il cria, juste avant que le monarque ne se jette sur lui :

« Vaghen, va prévenir les autres ! »

Taerenas asséna un coup puissant à son adversaire, qui para avec difficulté, surpris par la force du roi. Avec vigueur, il contre-attaqua avec une tentative d’estocade que le suzerain esquiva avant de redresser sa lame et de frapper à nouveau, ébranlant le soldat.

Celui-ci recula de quelques mètres, entouré d’une foule assistant au duel, sans agir pour autant.

Le seigneur de Taer arriva en bas de l’escalier, défiant du regard le vigile vêtu de noir. Celui-ci chargea sans attendre et fut accueilli par une frappe magistrale au bras qui le mit à terre.

Relevant la tête, Taerenas toisa chacun des serviteurs qui attendait la et d’un geste brusque les dispersa. Sans qu’il sache d’où il tirait pareille force de combat, le roi était poussé par une énergie qu’il n’avait jamais ressentit. Il voulait savoir.

Arpentant la grande salle qui servait de jonction entre les ailes ouest et est, illuminée par le soleil qui passait au travers des vitraux, le suzerain arriva à proximité du premier groupe de gardes royaux, qui s’inclinèrent, surpris, à sa vue. Il commença à leur donner une série d’ordres brefs avant d’être interrompu par un homme dont les moustaches semblaient former une boucle, qui déclara d’un ton douceâtre :

« Monseigneur… La cour toute entière s’inquiétait de votre absence… »

Courroucé, le roi rugit :

« Dégagez, parasite ! J’ai des affaires urgentes à régler ! »

Penaud et ahuri, l’importun redisparut dans la foule sans demander son reste.

Quelques minutes plus tard, Taerenas et trois hommes d’armes débarquaient dans la petite pièce qui servait au stockage du courrier. Deux vigiles portants l’insigne de la Ligue se trouvaient la, mais baissèrent les armes face aux soldats.

Fébrile, le souverain fouilla dans ses poches pour y dénicher une clé, qu’il porta, après hésitation, à la serrure de l’un des nombreux tiroirs que possédaient les grands meubles ornant les murs.

Toute la correspondance avait été ouverte et vraisemblablement étudiée, depuis la lettre de salutation la plus insignifiante au traité de paix, en passant par les requêtes de quelques membres du peuple. Tout cela tenait à grand peine dans le casier spécialement réservé au roi en exercice, mais chaque missive avait été conservée.

Fouillant sans trop savoir quoi chercher, Taerenas finit par trouver l’objet de ses questionnements : Une lettre envoyée par le Général des terres ardentes Venkas Ehnnersson, il y’avait des mois de cela.

Avalant sa salive, le monarque se mit à lire pour lui-même, sans prononcer mot.

« Au roi Victor Taerenas premier.
Taerenas, c’est votre ancien ami et conseiller qui vous parle ici. Celui la même qui fut affectée par votre attention, il y’a des années de cela, à Verenath. Même si en maintes occasion j’en vins à regretter les flamboyantes richesses de la capitale, la direction des troupes de Cavefeu fut une occupation plus qu’intéressante, presque la retraite que je m’étais idéalisé. Pour ceci, je vous en remercie.
De la même sorte, je vous remercie pour la confiance que vous m’avez accordée en assurant au Seigneur-Mage que j’étais apte à régenter les forces armées de Cavenfer.
Mais, malheureusement, les derniers temps sont difficiles. Vous avez fait preuve par le passé d’une grande sagesse en répondant aux appels des colons, en leur allouant plus de ressources et d’hommes. Je sais que le Conseil des ministres n’a guère apprécié cette ferveur, il m’a été fait écho que certains envisageaient même le retrait total des humains de la nouvelle terre, et que la diminution des moyens en est la cause. Mais je sais également combien vous désirez que la couronne de Taer, que votre lignée, brille à nouveau. Je sais combien vous avez toujours voulu que la gloire du royaume resplendisse plus encore qu’auparavant. Et je puis vous dire, avec toute ma sincérité monseigneur, que la gloire peut nous attendre en ces terres, une gloire éternelle, une prospérité sans équivalence. Pour tout cela, il nous faut livrer bataille. Nous n’avons pas découvert une nouvelle région, une nouvelle île, mais bien un nouveau monde ; un monde âpre et agressif, mais un monde incroyable, ou l’avenir de Taer se fera, j’en suis persuadé.
Or, majesté, si nous voulons que cela se fasse jamais, j’affirme qu’il faut déclarer un état de guerre, qu’il faut s’adresser aux nations proches comme aux éloignées, et diriger l’humanité dans un élan de conquête, car en ces terres rôdent des choses dont j’ignore la nature, mais dont je connais les plans. Oui monseigneur, je crains que nous n’affrontions quelque chose de bien redoutable et que nous ne soyons engagé dans un meurtrier conflit pour bien des années, mais au terme de ce conflit, la gloire, la richesse et la prospérité serons l’avenir du royaume. Nous avons ici mille nouvelles possibilités découvertes chaque jour, mais nous avons tout autant de créatures autochtones qui se dressent contre nous.
Ainsi, je vous implore, mon roi, de réunir toutes les forces qu’il est possible de concevoir et de régner sur ce nouveau monde, car c’est ainsi qu’est notre avenir. Telle est la perception que j’en ai.
Je vous laisse à votre propre jugement, et je prie pour que Sa Grandeur vous aide à prendre la bonne décision.
Votre fidèle ami et conseiller.
Venkas Ehnnersson.
»
Le roi considéra la lettre pendant quelques temps puis la date d’envoi. Il se sentait comme vidé d’un poids, mais l’énergie qui l’animait bouillait plus que jamais en lui. Il se tourna vers les deux membres de la Ligue, s’apercevant qu’il ne s’agissait pas de gardes ou de soldats, mais simplement de deux des hommes affectés auparavant au tri des missives. Un sentiment mêlé de dégout, de triomphe et de colère l’envahit, alors qu’il reportait sa main sur son épée. Il fallait en finir.
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